C'est son job d'été ! Florian, éclusier, fait passer les bateaux sur l’Yonne
En bref
- Tout l’été, nous partons à la rencontre des multiples facettes des jobs saisonniers.
- Depuis 3 ans déjà, Florian, 20 ans, devient éclusier le temps des vacances d’été.
- Un job qui nécessite une bonne dose d’autonomie : l’étudiant accueille seul les bateaux pour les faire passer d’un côté à l’autre de l’écluse.
Autonomie et sens du contact
« What kind of fish are these ? », voilà une question posée par un plaisancier à Florian, 20 ans, éclusier sur les rives de l’Yonne. Si les commandes de l’appareil Magelis permettent au saisonnier de manœuvrer l’écluse à distance et en hauteur depuis l’abri éclusier situé non loin, le jeune homme préfère nettement les abords de la rivière pour aller au contact des bateaux et de leurs occupants. « Les gens sont en vacances, ils sont détendus et souvent très agréables », apprécie l’étudiant en kinésithérapie. Les environs drainent aussi le passage de cyclistes ou de promeneurs. Aux uns et aux autres, il distille des informations au gré des sollicitations. Mais sa principale mission consiste à faire passer les bateaux de l’amont à l’aval du cours d’eau (dans le sens du courant), et inversement. Depuis trois ans maintenant qu’il exerce ce job d’été, il semble gérer. A-t-il déjà vécu un moment de panique ou une situation insolite ? Il répond par la négative. « Je suis moins à l’aise quand mes interlocuteurs ne parlent ni anglais ni français, admet-il. Ça peut être drôle, parfois, on s’y retrouve, ou pas du tout ! » Il arrive aussi que des plaisanciers peinent à mener leur bateau dans l’écluse. « J’ai déjà vu certains taper sur les bajoyers (les murs de l’écluse), sans qu’il n’y ait de casse bien sûr », s’empresse d’ajouter le jeune homme. « Dans ce cas, je leur recommande d’accélérer un grand coup pour entrer dans l’écluse, sinon, comme une feuille sur l’eau, le bateau peut se faire un peu emporter par le courant. » Ce dernier jour du mois de juillet semble plutôt calme. Qu’il s’agisse de bateaux privés, de location, de bateaux des forces de l'ordre ou d'autres institutions, peu de passages ont affairés Florian. Au quotidien, le saisonnier doit aussi remplir d’autres tâches en toute autonomie, comme l’entretien de l’écluse. Tout cela, il l’apprend lors de sa formation qui intervient le premier jour de sa prise de poste.
Éclusier rime avec mobilité
Une journée, pas davantage. « Durant une matinée on apprend la théorie, et l’après-midi on se rend, avec des responsables, sur des écluses pour se repérer, s’exercer et comprendre au mieux le mécanisme », raconte Florian. Dès le lendemain, le saisonnier se retrouve seul aux commandes d’une écluse. Et il dispose de quelques jours de période d’essai pour faire ses preuves. Autant dire qu’une bonne mémoire, doublée d’un sens aigu de l’initiative composent le duo gagnant pour assimiler quantité de termes techniques, les étapes de l’éclusage, la gestion du logiciel répertoriant les bateaux et d’autres appareils, comme le Magelis. Mission accomplie pour Florian, réembauché sans hésitations. Le travail d’éclusier se fait en solo, mais le passage d’un bateau nécessite une coordination en équipe. Aussi, « lorsqu’un bateau passe l’écluse et qu’il souhaite poursuivre son parcours, on prévient l’éclusier situé en amont ou en aval », explique le saisonnier. De manière très occasionnelle, il peut aussi accompagner un bateau sur deux écluses, pour un remplacement, par exemple. Ce fut le cas aujourd’hui, où Florian s’est rendu à vélo électrique à l’écluse d’Armeau, basée à environ 5 kilomètres en amont de son poste du jour, situé à Villeneuve-sur-Yonne. Au gré des besoins et du planning, l’étudiant sera en poste sur différentes écluses d’un secteur qui s’étend d’Auxerre à Villeneuve-sur-Yonne. Soit une distance entre 2 et 45 kilomètres de son domicile. Pour s’y rendre chaque matin, le jeune homme prend sa voiture. Il faut aimer la route ! Un inconvénient balayé par Florian pour qui le job s’avère agréable car « il conjugue autonomie et travail en équipe ».
Du temps libre pour soi
Privilège inestimable de ce job d’été : le temps libre qu’il offre pour lire ou discuter avec les passants, une fois les tâches nécessaires effectuées. Il s’agit essentiellement d’entretenir l’écluse : désherbage et arrosage des fleurs, nettoyage des bajoyers, ramassage des embâcles dans l’eau (morceaux de bois, canettes, papiers…) susceptibles de bloquer les portes de l’écluse… À cette fin, des équipements sont mis à disposition : gants et chaussures de sécurité pour certaines tâches, casque de vélo et gilet de sauvetage, bien qu’il soit indispensable de savoir nager. « On doit le porter lorsqu’on se trouve à moins d’un mètre de l’eau », confirme Florian. Pour ne rien gâcher, il perçoit 2 106 euros bruts par mois, soit 1 693 euros net. Rien à voir avec son tout premier job d’été au rayon traiteur d’un supermarché, qu’il ne regrette ni pour son salaire, le Smic (1 801 € brut), ni pour ses horaires. « Je commençais beaucoup plus tôt. À l’écluse, j’arrive dix minutes avant l’ouverture de la navigation fixée à 9 heures et la journée se termine à 19 heures ». Seul bémol, à l’image de la grande distribution, le travail ne s’arrête pas les week-ends et jours fériés. Une contrainte vite éclipsée par le cadre de travail : rien ne vaut un bureau au bord de l’eau, avec généralement du beau temps !
Focus
Comment postuler ?
Au niveau de la direction Centre-Bourgogne des Voies navigables de France (VNF), environ 300 à 350 saisonniers sont recrutés chaque année pour travailler sur les 1 200 kilomètres de voies douces. « Sur mon secteur, on emploie une vingtaine de saisonniers, dont la moitié sont étudiants », indique Julien Rouau, responsable du CEMI Auxerre Aval à l’UTI Nivernais-Yonne. Et d’insister : « On recherche des jeunes autonomes qui n’attendent pas que le chef d'équipe passe donner des consignes ». Autre impératif, être disponible les mois de juillet et d’août, « un critère de plus en plus compliqué à remplir, car les étudiants terminent tard l’année et reprennent dès la fin août », remarque-t-il.
Sur l’ensemble du territoire hexagonal, il existe 6 700 kilomètres de canaux, fleuves et rivières canalisées gérés par VNF. Pour postuler, il faut envoyer une candidature spontanée (CV et lettre de motivation) ou répondre aux offres publiées.