Trouver sa voie Plan Avenir : transformer l'orientation pour des choix plus justes
En bref
- Les choix d’orientation restent fortement influencés par les déterminismes sociaux et les stéréotypes de genre, et ce, dès le collège.
- La ministre de l'Éducation nationale introduit le Plan Avenir pour repenser en profondeur l'accompagnement des élèves dans leur orientation.
- Une formation spécialisée avec certification à la clé sera notamment proposée aux professeurs principaux des classes de 3e.
Première étape : s’attaquer aux inégalités
Annoncé le 5 juin 2025 par Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, le Plan Avenir promet de transformer l’orientation pour mieux répondre aux besoins des élèves, réduire les inégalités et faciliter la transition vers l’enseignement supérieur, tout en offrant à tous des opportunités en accord avec les besoins économiques du pays.
Alors que l’orientation porte l’ambition de lutter contre les déterminismes sociaux et l’autocensure, elle continue de refléter des inégalités dans l’accès à certaines filières et des biais dans la manière dont les jeunes se projettent dans leurs études. Pour preuve, 9 enfants de cadres sur 10 accèdent à la voie générale tandis qu’ils ne sont qu’un sur deux pour les enfants d’ouvriers. De même, les écarts entre filles et garçons, notamment dans les spécialités scientifiques, restent marqués. En proposant un changement du rapport à l’orientation, le Plan Avenir souhaite déconstruire les stéréotypes qui empêchent certains jeunes de choisir librement leur voie.
Pour réduire ces écarts, plusieurs leviers sont mis en place, notamment à destination des filles, dans le cadre du plan Filles et maths. Expérimentées dès la rentrée 2025, les classes à horaires aménagés en mathématiques et en sciences (Chams) accueilleront au moins 50 % de filles. Ces classes visent à renforcer l’intérêt pour ces disciplines et à inciter les filles à s’engager dans des études scientifiques. Des rencontres avec des femmes exerçant dans ces domaines seront également organisées.
Un meilleur accompagnement pour des choix plus éclairés
En seconde, près de 60 % des élèves ne se sentent pas suffisamment informés sur les voies d’études et les débouchés professionnels. Pourtant, pour bien choisir la suite de leur parcours, il reste indispensable qu’ils connaissent l’ensemble des possibilités qui s’offrent à eux.
Les enseignants jouent un rôle primordial dans l’orientation, mais tous ne disposent pas toujours des connaissances nécessaires pour accompagner correctement les élèves. Les professeurs principaux de 3e bénéficieront, dès l’automne 2025, d’une formation consacrée à l’orientation. Les volontaires pourront décrocher une certification « orientation, parcours, insertion ». De même, la formation initiale des enseignants intègrera un module dédié à cette thématique dès l’année prochaine.
Les temps dédiés à l’orientation évoluent également. Exit les 54h annuelles autour de l’orientation au lycée. Désormais, de la 5e à la terminale, 4 demi-journées permettront aux élèves de découvrir le monde professionnel en visitant des entreprises, en participant à des forums... Ces demi-journées s’ajoutent aux stages de 3e et de 2nde qui représentent souvent les premières expériences des élèves dans un environnement professionnel.
Mieux préparer à l’enseignement supérieur
L’étape Parcoursup continue de représenter une source d’inquiétude pour un grand nombre de lycéens. Depuis la campagne 2025, les propositions d’admission arrivent plus tôt et le calendrier se resserre pour que la plupart d’entre eux soient fixés avant de passer les épreuves du bac. Par ailleurs, des informations supplémentaires s’ajoutent chaque année pour mieux les informer sur les formations possibles : taux d’insertion des diplômés, chances d’admission...
Une fois dans l’enseignement supérieur, l’accompagnement humain reste important. Pour les étudiants en BTS, un conseil de mi-semestre en novembre verra le jour pour repérer les élèves en risque de décrochage. L’offre de formation évoluera également avec l’ouverture de classes préparatoires en 3 ans pour les bacheliers pros.
À l’université, moins de la moitié des étudiants obtiennent leur licence en 3 ou 4 ans. Pour remédier à ces difficultés, ainsi qu’aux réorientations précoces, Élisabeth Borne entend augmenter le nombre d’universités proposant une année propédeutique (comme les parcours PaRéO) qui concerneront 45 universités en 2027 (22 actuellement). Enfin, l’année de césure, encore peu mobilisée, devrait également être valorisée sous forme de crédits ECTS.
Renforcer l’attractivité des métiers de demain
Les mutations technologiques, la transition écologique ou encore le développement de l’intelligence artificielle modifient le monde du travail et impliquent d’adapter les formations dès le lycée. À la rentrée 2026, le programme de sciences numériques et technologiques de classe de 2nde sera entièrement revu pour susciter davantage de vocations dans ces domaines. La série STI2D, consacrée à l’industrie et au développement durable, suivra la même logique avec une réforme de ses contenus en 2026 et 2027 pour renforcer son attractivité, notamment auprès des filles.
Au-delà des contenus, la lisibilité des formations constitue aussi un axe majeur pour attirer davantage de candidats. Le ministère prévoit de simplifier le nom des filières professionnelles et technologiques pour les rendre plus compréhensibles pour les élèves et leurs familles. Reste à voir si ces mesures ambitieuses sauront être appliquées et, surtout, si elles seront suffisantes.