Sciences au féminin Plan « Filles et Maths » : les filles, choisissez les sciences !
En bref
- Aujourd’hui, les filles ne représentent qu’un quart des effectifs dans les formations supérieures scientifiques, proportion qui ne change pas depuis plus de vingt ans.
- Selon plusieurs enquêtes, la persistance des stéréotypes de genre expliquerait cette sous-représentation des filles dans les sciences.
- Le plan « Filles et Maths » entend porter à 50 % la part des filles dans la spécialité maths en terminale et à 30 % dans les prépas scientifiques en 2030.
Horizon 2030 : plus de filles dans les filières scientifiques
En 2024, les maths sont le 2e enseignement de spécialité le plus choisi par les filles après les sciences économiques et sociales, selon le ministère de l’Éducation nationale. Et elles sont de moins en moins nombreuses à abandonner cette spé entre la première et la terminale. Néanmoins, en dernière année de lycée, elles restent sous-représentées dans les spécialités sciences de l’ingénieur, et numérique et sciences informatiques (15 % chacune), et dans une moindre mesure en maths (42 %) et physique-chimie (47 %). Et elles ne sont que 25 % à poursuivre dans la voie scientifique une fois le bac en poche.
Élisabeth Borne entend bien faire progresser ce chiffre en agissant sur deux fronts. Au lycée tout d’abord, où elle souhaite que 30 000 filles supplémentaires en 2030 choisissent les maths en 1re et les conservent en terminale, soit 5 000 élèves de plus par an à partir de la rentrée 2025. Elle compte sur l’équipe éducative pour susciter les vocations. Dans le supérieur, ensuite, où la ministre fixe un taux de 20 % de filles dans chaque classe prépa scientifique en 2026 et 30 % en 2030.
Des concertations devraient se tenir pour définir les modalités à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Et si l’incitation ne suffisait pas ? Dans une interview accordée au journal Les Échos, Élisabeth Borne n’exclut pas le recours à la loi pour « accélérer une représentation plus équilibrée ». Enfin, au moins 30 % des professeurs nommés en CPGE devront être des femmes.
Déconstruire les stéréotypes dès l’école
Dès la rentrée 2025, tous les professeurs, du primaire au secondaire, bénéficieront d’une formation de 2h pour comprendre et lutter contre les biais de genre. Une formation supplémentaire d’une journée, pour analyser les gestes professionnels qui perpétuent les stéréotypes, est prévue pour les 370 000 professeurs des écoles et les 36 000 professeurs de maths de collège et lycée. Elle sera dispensée progressivement à partir de la rentrée et sur les quatre ans à venir.
« Sur les bulletins scolaires, on lit souvent “élève consciencieuse” pour une fille et “élève brillant” pour un garçon », souligne Élisabeth Borne. Ainsi, les profs devraient encourager les filles à participer davantage en classe, là où les garçons se portent, par exemple, plus fréquemment volontaires pour aller au tableau. Le plan prévoit aussi la création de classes à horaires aménagés en maths et sciences pour les élèves de 4e et de 3e, avec des partenaires dans l’enseignement supérieur. Une expérimentation sera lancée à la rentrée 2025 dans 5 académies (Amiens, Bordeaux, Martinique, Nancy-Metz, Normandie) avec l’objectif en 2026 d’une classe par département. Ces classes devront comprendre 50 % de filles et favoriseront le mode projet pour « développer l’appétence des filles pour les sciences ».
Dernière mesure : des rencontres avec des modèles féminins organisées chaque année de la 3e à la terminale. Pour cela, sera constitué un « vivier de 15 000 jeunes femmes » en formation supérieure scientifique ou occupant des fonctions d’ingénieures ou de chercheuses, « prêtes à témoigner dans les établissements ». Espérons que ce plan réussira à inverser la tendance !