Témoignages Études d'architecture après le bac : tout savoir sur la première année
En bref
- Arnaud et Emna, sont étudiants à l'école d'architecture de Paris-Val de Seine.
- Entre autonomie, projets ambitieux et rythme intense, les étudiants apprennent à observer le monde autrement et à défendre leurs choix.
- Sélective, mais porteuse de débouchés, cette formation forge un regard neuf sur la ville et sur la manière de l’habiter.
Études d'architecture : un cursus sélectif
Plonger dans les études d’architecture, c’est accepter de se confronter à l’inconnu prévient d'emblée Arnaud, 19 ans, étudiant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine. "C’est totalement différent de la terminale, on travaille beaucoup en autonomie". Pour l'étudiant, le choix s’est imposé presque naturellement au lycée, au fil de ses réflexions : "J’aimais l’histoire, les mathématiques, le dessin…". C'est en découvrant que l’architecture réunit ces disciplines qu'il décide de s'engager dans cette voie. Pour Emna, 18 ans, étudiante dans la même promo, c'est avant tout "le mélange entre théorie et pratique, les maquettes et la créativité " qui retiennent son attention au moment de formuler des vœux post-bac. En France, 21 écoles nationales supérieures d’architecture (ENSA), sous la tutelle du ministère de la Culture, forment chaque année environ 20 000 étudiants. Ces écoles préparent non seulement au métier d’architecte, mais aussi à celui de paysagiste, de designer ou d’urbaniste. Mais la sélection reste rude : sur Parcoursup, en 2024, 4 458 candidats ont tenté leur chance à Paris-Val de Seine, pour seulement 245 places.
Le quotidien en école d'architecture : autonomie et projets
Une fois admis, le programme mêle cours techniques liés à la construction, aux sciences humaines et aux langues vivantes. Un emploi du temps qui laisse peu de répit : "on a très peu de week-ends à soi, on apprend à réapprendre", résume Emna. Ce fameux rythme des "charrettes" met régulièrement les étudiants à rude épreuve. Il n'est pas rare que "les nuits, et parfois même les repas, y passent ", reconnaît Arnaud. Conscientes de ce rythme à haute intensité, les écoles tentent d’encadrer la charge de travail. "Nos professeurs restent à l’écoute, quitte à libérer du temps quand ils sentent que ça ne va pas", reconnaît Emna. Dans leur établissement, par exemple, les étudiants n’ont plus de cours à partir du jeudi midi afin de préparer le projet à remettre chaque lundi. Ces travaux, cœur de la formation, demandent aux étudiants d'imaginer un bâtiment de A à Z. "C’est tout sauf scolaire, il faut avoir ses idées et savoir se lancer dans le vide", note Emna. Au fil des semaines, leur regard évolue. "On apprend à observer ce qui nous entoure, à développer un esprit critique, notamment sur l’écologie des bâtiments". Cette curiosité s’entretient aussi en dehors des salles de cours : lectures, expositions, balades dans la ville… "L’architecture, on la trouve partout, il faut lever la tête, visiter, s’inspirer, s’intéresser aux gens", résume Emna. La part de subjectivité, enfin, reste incontournable. Pour son projet de fin d'année, Arnaud a décidé d'orienter l'une des chambres de la villa qu'il devait concevoir plein est, préférant la lumière du matin à la vue panoramique sur Paris. Lors de l'oral blanc, ce choix a immédiatement été remis en question par son professeur, Thibaud David. "Si je suis le client et que je peux avoir une telle vue, pourquoi m’en priver ?". Avant de conclure : "ce choix peut être défendu, mais il faut l’assumer et être capable de l’argumenter devant un jury. Cela change tout."
Focus
Zoom sur les études d’archicture
Les études s’organisent en trois cycles : le premier (trois ans) conduit au diplôme d’études en architecture (DEEA), le deuxième (deux ans) au diplôme d’État d’architecte (DEA). Enfin, une formation complémentaire d’un an, l’Habilitation à exercer la maîtrise d’œuvre en son nom propre (HMONP), permet de s’inscrire à l’Ordre des architectes et d’exercer en libéral.
Quels débouchés après des études d'architecture ?
Exigeantes, les études d’architecture ouvrent pourtant de vraies perspectives. Selon le ministère de la Culture, 92% des titulaires d’un diplôme d’État d’architecte sont en emploi trois ans après leur sortie. Plus de la moitié trouvent un poste immédiatement, et près de 9 étudiants sur 10 ayant suivi la formation complémentaire HMONP décrochent un emploi en moins de six mois. Architecte exerçant comme salarié ou indépendant mais aussi architecte d'intérieur, architecte paysagiste ou architecte-conseil de l'Etat... les débouchés ne manquent pas. La plupart exercent dans la conception architecturale, mais beaucoup s’orientent aussi vers la réhabilitation et l’entretien des bâtiments. Aux lycéens tentés par cette voie, Arnaud et Emna livrent le même message : "il faut être motivé, curieux, prêt à s’investir." Première année bouclée, Arnaud et Emna abordent la suite avec confiance. Pour eux, l’architecture est plus qu’un métier : c’est une façon d’habiter la ville, de la comprendre et peut-être, un jour, de la transformer. Un engagement durable : celui d'une vie.