Parcours du combattant Diplômés bac + 5 : quand l’emploi se fait attendre

Zoé Ruffy
Publié le 16-12-2025

En bref

  • L’insertion professionnelle des jeunes diplômés est de plus en plus incertaine.
  • La dernière étude de l’Apec consacrée aux bac + 5 confirme un net ralentissement.
  • Face à ces difficultés, les jeunes diplômés doivent revoir leurs ambitions et les concessions deviennent la norme.
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Entre 2006 et 2023, le nombre de nouveaux diplômés bac + 5 a presque doublé en France. Crédit : Canva
Nos conseils pour décrocher son premier emploi. Crédit : Perrine Basset Fériot - CIDJ

Super diplômés… mais pas embauchés

L'entrée dans l'emploi des bac + 5 patine. Un an après leur sortie d’études, 72 % des diplômés de la promotion 2023 occupent un emploi salarié (c’est 2 points de moins que l’année d’avant). Cette dégradation intervient dans un contexte économique morose, directement reflété sur le marché des cadres. La dernière étude de l’Apec (Association pour l'emploi des cadres) confirme la tendance.

Mauvaise nouvelle. Après une chute de 19 % des recrutements de cadres débutants en 2024, une nouvelle baisse de 16 % est anticipée pour 2025. Les jeunes diplômés arrivent ainsi sur un marché plus compétitif, où les opportunités se raréfient.

Face à la crise, certaines disciplines résistent. Le taux d'insertion atteint 76 % pour les diplômés en sciences, technologies et santé. Les ingénieurs tiennent bon aussi (77 %). À l'inverse, seuls 59 % des diplômés issus de lettres, langues et arts trouvent un emploi. Les écoles de commerce sont particulièrement touchées, avec un taux d'insertion qui chute à 66 % (-4 points). Même les secteurs habituellement porteurs, comme l’informatique ou le conseil, subissent ce contrecoup.

Six mois de galère pour décrocher son contrat

La recherche d’emploi est de plus en plus longue et intense. 84 % des diplômés de 2024 la jugent difficile (contre 61 % pour la promotion 2022). Près de 3 jeunes sur 5 ont dû envoyer plus de 30 CV avant d’être embauchés, contre 31 % il y a 2 ans. En première ligne, les candidats issus d’école de commerce : 70 % d'entre eux ont déposé plus de 30 candidatures. Par ailleurs, 38 % des jeunes cadres ont attendu plus de 6 mois pour signer leur contrat, contre 18 % en 2022. En cause, selon l’Apec, le manque d'expérience et la rareté des offres dans certains secteurs.

Face à ces difficultés, les jeunes diplômés ont appris à composer : 70 % sont prêts à accepter un contrat autre qu'un CDI, 59 % à revoir leurs salaires à la baisse, et 51 % à prendre un poste sans statut cadre. L’objectif n'est plus de trouver le job de rêve, mais de mettre un pied dans l'entreprise.

Dans ce contexte, la nouvelle génération adopte un regard pessimiste sur l’emploi. Les jeunes privilégient la stabilité et la construction d’une première expérience, quitte à repousser leurs ambitions. Près d'un quart des diplômés considèrent leur job actuel comme un simple "job alimentaire" (+ 7 points par rapport à 2022). Même en CDI, un tiers estime que les perspectives d'évolution sont faibles. Pourtant, 44 % refusent de changer d'entreprise, craignant une nouvelle période d'essai ou de ne pas retrouver de poste équivalent, dans un contexte économique incertain.
 

Focus

Overdose de bac + 5 ?

En 17 ans, le nombre de nouveaux diplômés bac + 5 a presque doublé, passant d’environ 98 000 à 180 000 en 2023. Le ministère de l’Enseignement supérieur explique ce boom par la hausse générale du niveau d’études des nouvelles générations, renforcé par de multiples réformes (suppression du diplôme de maîtrise, réforme du bac pro, sélection en master...). En parallèle, la poursuite d’études après un bac + 5 diminue : 17 % en 2023, contre 28 % en 2006. Cette baisse découle surtout du recul des inscriptions en doctorat, faute de financements suffisants et du profil plus professionnalisant des diplômés.

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