Chacun sa route Devenir ingénieur : prépa, école post-bac, BUT ou fac... quelle voie d'accès choisir ?
En bref
- Près de 200 écoles d’ingénieurs sont accréditées par la Commission des titres d’ingénieur pour délivrer le diplôme d’ingénieur.
- Mais avant d’y parvenir, plusieurs voies s’offrent aux candidats : classes préparatoires, prépas intégrées, parcours universitaires…
- Reste à trouver celle qui correspond le mieux à sa façon d’apprendre et à ses ambitions.
La Classe Prépa (CPGE) : la voie idéale pour les profils généralistes
Chaque année, des milliers d’étudiants optent pour une classe prépa scientifique. Plus d’un tiers des futurs ingénieurs y passent. Deux années exigeantes, mais qui offrent de solides perspectives selon Laurent Pater, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques (UPS) : « lorsqu’un élève entre en CPGE, il a 95% de chances d’aller jusqu’au bac +5 ». Ces formations pluridisciplinaires offrent un savant équilibre entre les matières scientifiques et une ouverture sur les lettres et les langues. Et contrairement à une idée tenace, elles ne sont pas réservées aux premiers de la classe. « Il n’y a pas besoin d’être un génie pour entrer en prépa, insiste Laurent Pater président de l’UPS et enseignant au lycée Jules Ferry à Versailles. Il existe des établissements pour tous les profils, certains sont très sélectifs, d’autres plus de proximité ». Des lycéens « avec 12 ou 13 de moyenne » s’y révèlent, rappelle-t-il. Ce qui compte, c’est « l’envie de travailler, de s’investir et de progresser ». Le, rythme, lui ne laisse pas de répit : une trentaine d’heures de cours par semaine, plusieurs heures de travail personnel chaque soir sans oublier les quatre heures de devoirs surveillés et deux à trois heures de « colles » hebdomadaires. Mais loin de sanctionner, ces évaluations orales permettent surtout de mesurer les progrès : les notes n’ont d’ailleurs pas d’incidence sur les concours. « C’est un marathon plutôt qu’un sprint » résume l’enseignant qui encouragent les élèves à garder une « activité sportive ou artistique » en dehors des cours pour souffler et tenir sur la longueur. Certains lycéens intègrent la prépa avec un projet précis (devenir pilote, officier, chercheur…), d’autres simplement par goût des sciences. Tous ont accès aux concours d'un vaste éventail d’écoles, y compris les plus prestigieuses (Polytechnique, Centrale, Mines, ENS, INP…) dont certaines ne sont ouvertes candidats issus d'une CPGE. Plus que les connaissances, c’est une méthode que la prépa transmet, souligne l’enseignant : « nos anciens étudiants oublient les formules, mais jamais la façon d’aborder un nouveau problème ». La CPGE offre surtout « un temps de réflexion supplémentaire » après le bac pour affiner son projet professionnel.
L'École d'ingénieur Post-Bac : l'immersion immédiate via la prépa intégrée
À l’inverse, de plus en plus de bacheliers misent sur une immersion immédiate en école d’ingénieur pour un cursus en cinq ans, avec cycle préparatoire intégré (CPI). Cette formule séduit près de trois étudiants sur dix, et même un sur deux dans les écoles privées. Ces formations s’adressent en priorité aux lycéens généraux ayant suivi des spécialités scientifiques en terminale (maths-physique-chimie, maths-SI, maths-NSI et maths-SVT). Mais certains établissements accueillent aussi des bacheliers technologiques. Le groupe INSA qui regroupe sept INSA, 6 écoles publiques partenaires et quelque 22 000 étudiants et étudiantes, « le recrutement se fait à tous les niveaux, de la première à la quatrième année, même si la majorité des admissions ont lieu directement après le bac, via Parcoursup » explique Claude Maranges, président de la commission admission du groupe. À Rennes et Lyon, le parcours suit la formule classique : deux années de prépa intégrée, puis 3 années de spécialisation. À Toulouse ou Strasbourg, le schéma diffère : un système « 1+2+2 », où les étudiants choisissent, dès la fin de la première année, un grand domaine (mathématiques, mécanique, biologie…). S’engager dans un cursus post-bac en cinq ans suppose de définir son orientation dès la sortie du lycée, avec toutefois une certaine flexibilité lorsque l’école appartient à un réseau proposant des passerelles internes. « A l’INSA, un élève peut, par exemple, passer de Strasbourg à Toulouse s’il souhaite se spécialiser en biologie, une filière non proposée sur place », précise-t-il. Les cours alternent « enseignements théoriques, travaux dirigés et pratiques, pour un total de 25 à 30 heures hebdomadaires, auxquelles s’ajoutent 10 à 12 heures de travail personnel ». Un rythme qui séduit notamment les étudiants désireux de concilier « un équilibre entre études et pratique sportive ou artistique ». La vie associative, l’ouverture sur l’entreprise et les stages, possibles dès la première année, occupent aussi une place importante. Autre avantage : « une fois admis, plus de concours à passer », rappelle Claude Maranges. Là où les élèves de prépa doivent franchir les épreuves d’entrée, les étudiants de prépa intégrée rejoignent directement le cycle ingénieur de leur établissement.
La CUPGE : le bon compromis entre l'université et la prépa
Autre possibilité pour intégrer une école d’ingénieur : les cycles universitaires préparatoires aux grandes écoles (CUPGE). Sur Parcoursup, plus d’une vingtaine de formations de ce type sont proposées, mais le dispositif reste encore peu connu. À l’université de Lorraine, sur le site de Nancy, la classe préparatoire universitaire est adossée à une licence de physique-chimie. Les étudiants y suivent « 300 heures de cours par semestre, complétées par 110 heures d’approfondissement en mathématiques, physique, chimie, mais aussi en français, anglais et culture générale, calqués sur le programme du concours PASS’Ingénieur » précise Nicolas Claiser, responsable pédagogique. Comme en prépa classique, des colles rythment l’année. Mais à la sortie, rien d’obligatoire : « actuellement, entre un tiers et la moitié des étudiants choisissent de passer les concours » précise Nicolas Claiser. Il s’agit le plus souvent des concours « PASS’Ingénieur » ou « GEI-univ », conçus spécifiquement pour les étudiants issus d’un parcours universitaire. Les étudiants qui renoncent à intégrer une école d’ingénieurs ou qui ne réussissent pas les épreuves peuvent poursuivre en 3e année de licence avant de se diriger vers un master. La formation mise sur un encadrement de proximité, avec une vingtaine d’étudiants par promotion. Un effectif volontairement réduit qui permet un suivi personnalisé. « Les étudiants ont un bon niveau, mais cherchent généralement encore leur voie », observe Nicolas Claiser. L’ambiance, elle, se veut conviviale : « tutorat entre promotions, salle de travail dédiée et association d’élèves pour animer la vie étudiante… ». Côté rythme, « la formation offre un compromis entre la licence classique et la prépa scientifique. Certains étudiants viennent d’ailleurs de CPGE », complète son binôme, Gwendal Kervern. À partir de 2026, un nouvel accord viendra renforcer les débouchés : 50% de l’effectif remplissant les conditions exigées pourra intégrer l’une des écoles de l’université de Lorraine. Reste une sélection exigeante : environ 400 candidatures pour 20 places, avec un recrutement effectué sur dossier via Parcoursup.
Admissions parallèles : devenir ingénieur après un bac+2 ou bac+3
À l’instar des concours Pass’Ingénieur ou GEI-univ, plusieurs voies d’admission permettent aux étudiants d’intégrer une école d’ingénieurs à différents moments du cursus, après un bac + 2 ou +3. Concours Ensea pour les titulaires d’un BUT2, d’un BUT3 ou pour les élèves qui ont suivi une classe prépa ATS (adaptation technicien supérieur) après leur BTS, concours Agro-Veto pour les profils issus d’un BTS, d’un BUT ou d’une licence, AMBition Ingénieur, concours universitaire des écoles centrales…les possibilités se multiplient pour intégrer un cycle ingénieur autrement que par la voie « classique ». Aujourd’hui, environ 15% des élèves ingénieurs sont passés par un cursus technologique court et près de 7% viennent de l’université hors IUT. Parmi les étudiants issus d’un IUT, un sur trois intègre une école avec un BUT validé et près d’un sur deux après un DUT intermédiaire, obtenu en deuxième année de BUT. « Il n’y a pas de bon ou de mauvais parcours », rappelle Claude Maranges, président de la commission admission du groupe INSA. « L’important, c’est de trouver la pédagogie qui correspond le mieux à sa façon d’apprendre ». Un étudiant attiré par le concret et la pratique aura tout intérêt à passer par un IUT, quand d’autres préféreront un cadre plus scolaire. Cette multitude de voies possibles invite chacun « à mieux se connaitre » avant de se lancer. « Il faut être lucide sur ses capacités, sa méthode de travail et le niveau d’investissement que l’on peut fournir », souligne Muriel Michaux-Reynaud, conseillère au CIDJ. Une vigilance d’autant plus nécessaire que « les projections parentales » poussent parfois vers des parcours d’excellence qui ne leur correspond pas toujours. Pourtant, les voies d’accès vers les écoles d’ingénieurs sont nombreuses, et pas toujours linéaires. Car, au final, peu importe le parcours : tous mènent au même diplôme, celui d’ingénieur, un titre qui ouvre la porte à un emploi quasi garanti.
Focus
Se réorienter en cours d'année : les rentrées décalées
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