Valoriser ses expériences Mobilité internationale : une opportunité d’insertion pour tous ?
En bref
- Depuis le lancement du programme Erasmus en 1987, des millions de jeunes européens partent étudier à l’étranger chaque année.
- En 2021, 150 000 étudiants français ont séjourné à l'étranger, plaçant le pays au sixième rang mondial.
- L’expérience est souvent valorisée par les employeurs mais l’accès à la mobilité diffère fortement selon le domaine et le niveau des études suivies.
Des inégalités d’accès selon les domaines d’études
Depuis plus de 30 ans, la mobilité internationale s’impose comme une expérience presque incontournable durant les études supérieures. Ces séjours constituent souvent un signal positif pour les employeurs à la recherche de compétences telles que le dynamisme, l’ouverture d’esprit et la capacité d’adaptation. La récente enquête Génération 2017, publiée par le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), tente de déterminer l’impact de cette expérience sur l’insertion professionnelle.
L’étude nous révèle que près de 48 % des sortants de l’enseignement supérieur ont séjourné à l’étranger au cours de leur scolarité, mais seuls 28 % l’ont fait durant leurs études supérieures (les autres séjours ayant été réalisés pendant le collège et le lycée). L’accès à la mobilité dépend fortement du niveau et du domaine d’études : elle est ainsi plus fréquente dans les filières littéraires à partir de la licence, et atteint son apogée dans les grandes écoles où près de trois quarts des étudiants partent à l’étranger.
Les séjours durent en moyenne six mois, souvent réalisés en dernière année d’études. L’anglais s’impose comme la langue de prédilection avec 40 % des séjours effectués dans des pays anglophones. L’opportunité de partir reste cependant conditionnée au financement (37 % des séjours bénéficient d’une aide, principalement publique) et à l’intégration du séjour dans le cursus.
Un impact positif limité à certaines professions
Selon l’enquête, 63 % des jeunes ayant séjourné à l’étranger estiment que cette expérience a facilité leur accès à l’emploi. Cette perception varie selon les secteurs : trois quarts des cadres commerciaux, technico-commerciaux, cadres des services administratifs, cadres d’études et de recherche, ainsi que les professionnels de la communication et de l’information sont convaincus de l’avantage procuré par la mobilité. Leur milieu, touchant à l’international ou au monde des médias, valorise particulièrement les compétences linguistiques et la connaissance des cultures étrangères.
Ainsi, plus de 59 % des jeunes recrutés comme cadres commerciaux ou de recherche, et la moitié des cadres administratifs et financiers, ont réalisé un séjour à l’étranger. En revanche, dans les professions médicales ou artistiques, la mobilité internationale joue un rôle moindre dans l’accès à l’emploi. Chez les ingénieurs informatiques, bien que 70 % affirment que le séjour a facilité leur insertion, cette expérience n’est pas valorisée par la profession. Pour ces postes, la formation prime sur l’expérience à l’étranger.
Sur le plan salarial, l’impact de la mobilité internationale varie également selon les secteurs : « Par rapport aux salariés qui ne peuvent s’en prévaloir, les bénéficiaires d’un séjour connaissent un avantage salarial dans 7 familles professionnelles parmi les 10 étudiées ». En somme, l’enquête montre que la mobilité internationale demeure un atout, mais son effet sur l’insertion professionnelle et la rémunération dépend fortement des secteurs et des métiers visés. L’enjeu reste d’élargir l’accès à cette opportunité, pour qu’elle profite à un plus grand nombre de jeunes.