Études après le bac Que choisir entre université, prépa, BUT, BTS ou école privée ?
En bref
- Près de 850 000 de candidats découvrent depuis ce lundi 2 juin leurs réponses Parcoursup.
- Entre université, BTS, prépa, BUT et écoles privées, chaque voie a ses atouts, mais comment s'y retrouver ?
- Études longues ou courtes, encadrement ou autonomie, spécialisation ou culture générale, tour d'horizon des cinq grandes filières post-bac pour faire le bon choix.
L’heure des choix
Le compte à rebours est lancé. Depuis ce lundi 2 juin 2025, à 19 h, les 849 000 candidats inscrits sur Parcoursup reçoivent, petit à petit, les réponses des formations à leurs vœux d’orientation dans l’enseignement supérieur, émis en mars 2025. La dernière mission, non moins stressante pour les lycéens et étudiants en réorientation ? Ne pas céder à la panique et faire, trop vite, un choix définitif entre les différentes propositions d’admissions. « Beaucoup de candidats ne se souviennent plus de la motivation de leurs voeux, qui datent, pour certains, d’il y a 6 mois. » Valérie Deflandre, conseillère d’orientation au CIDJ (Centre d’information et documentation jeunesse) recommande ainsi aux candidats de se replonger en profondeur dans leur liste de formations demandées, et de détailler ainsi les points forts de chacun des cursus. Matières enseignées, possibilité de faire stages, une alternance, emploi du temps, coût… Ces critères obligent le candidat à se connaître soi-même, pour Valérie Deflandre : « suis-je prêt à faire des études longues ou à vite m’insérer dans le monde du travail ? Est-ce que l’encadrement du lycée m’a plu ou est-ce que j’aspire à plus d’autonomie ? Quel est mon budget ? » Toutes ces questions sont importantes pour trancher sur le type d’établissement dans lequel le candidat pourra s’épanouir et réussir.
L'université : maximum de liberté, minimum de frais
Chaque année, environ 220 000 bacheliers font leur entrée en licence à l’université. Le grand avantage ? Des frais d’inscription à 178 € par an et la possibilité d’en être exempté pour les élèves boursiers. L’université propose, par ailleurs, un enseignement théorique dans une large palette de domaines : droit, lettres, sciences, langues, économie, psychologie, santé, etc. La richesse et la diversité des enseignements proposés distingue le choix de l’université des autres cursus. Martine Long, chargée de mission dans la liaison lycées-Université d’Angers, résume : « L’objectif d’un tel cursus est de développer une culture générale et une capacité de réflexion solides, elle forme les citoyens engagés, en plus des compétences et des méthodologies enseignées. » L’emploi du temps, souvent plus léger que dans des filières sélectives telles que les classes prépas ou les BUT, « peut être une chance pour les étudiants obligés de travailler pour financer leurs études » rappelle Valérie Deflandre. C’est aussi l’occasion de développer des projets, des engagements en parallèle de leur parcours. Mais pour l’enseignante chercheuse angevine, attention aux clichés qui peuvent coller à la peau de l’université : « certaines filières, comme la santé, le droit ou certaines doubles licences, requièrent une lourde charge de travail comparable à celle de la prépa. » Pour s’épanouir à l’université, l’étudiant devra, en tout cas, faire preuve d’une grande autonomie de travail. « Même si le niveau d’encadrement est plus soutenu depuis quelques années, » tempère Martine Long. Tutorat, accompagnement personnalisé et TD se développent de plus en plus au sein de son établissement. « Il est néanmoins certain que la transition lycée-faculté demeure compliquée pour beaucoup de jeunes. » Le taux d’échec reste ainsi important en licence. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, seuls 46 % des bacheliers inscrits en première année en 2019 ont obtenu leur diplôme en 3 ou 4 ans. Mais, bonne nouvelle : la réorientation vers d’autres licences est, elle, facilitée, même en cours d’année, permettant aux étudiants de mûrir leur projet. Et après ? En licence généraliste, la poursuite d’études vers un master universitaire ou vers une école privée est la voie naturelle, « mais, de nos jours, la plupart des formations se déclinent en licence professionnelle, » assure Martine Long, donnant ainsi le choix aux étudiants de se spécialiser dès la troisième année de cursus et de s’insérer plus rapidement qu’auparavant dans la vie professionnelle.
Le BTS : un passeport express vers l’emploi
Pour une porte d’entrée rapide vers le monde du travail, le BTS est une bonne solution. Préparé, pour la plupart, en 2 ans après le bac, ce diplôme implique une spécialisation forte dans de nombreux domaines. Stages, alternance, mises en situation, les matières professionnelles occupent entre la moitié et les deux tiers du programme des BTS. Sélectionnés à l’entrée, après un bac professionnel, technologique ou général, les étudiants bénéficient de petites classes et d’un accompagnement semblable à celui du lycée, avec une trentaine d’heures de cours par semaine. Un rythme parfait pour les étudiants ayant encore besoin d’être encadrés. Si la professionnalisation est forte, « la poursuite d’études reste envisageable à l'issue des deux ans », précise Valérie Deflandre. « Les classes préparatoires dites ATS préparent ainsi, en un an, les étudiants aux concours d’écoles de commerce ou d’ingénieur. » Le coût varie fortement en fonction des établissements, de zéro à plusieurs milliers d’euros : les BTS se préparent dans les lycées publics, les centres de formation ou encore en école privée. Renseignez-vous auprès de l’établissement visé ou sur la fiche de formation Parcoursup.
La prépa : voie « royale » et exigeante vers les meilleures écoles
En septembre 2024, 42 400 élèves ont fait leur entrée en première année de classe préparatoire, un record historique pour cette filière exigeante, que les étudiants boudaient de plus en plus depuis 2019. Intégrer les meilleures écoles d’ingénieurs, de management ou encore une ENS (École normale supérieure) vous fait rêver ? Alors la CPGE est la « voie royale » pour arriver à vos fins et réussir les concours d’entrée. La classe préparatoire s’adresse également à tous les lycéens qui aspirent à de longues études. Poursuite en master universitaire ou passerelle vers Sciences Po est envisageable tout au long du cursus. Pour Sylvain Férard, référent pour le recrutement Parcoursup en CPGE au lycée Le Verrier de Saint-Lô : « la prépa retarde l’échéance pour les lycéens n’ayant pas encore mûri un projet professionnel précis », à condition de viser l’excellence. En plus d’un bon dossier scolaire, les élèves doivent être dotés d’une grande capacité de travail et d’une appétence pour apprendre. Attendez-vous à un rythme soutenu, au long cours : ajoutez ainsi à la trentaine d’heures de cours hebdomadaires, travail à la maison, interrogations orales (les khôlles) et devoirs sur table chaque semaine. Si les classes préparatoires peuvent inquiéter beaucoup de jeunes, le professeur d’ESH (économie, sociologie et histoire) au sein de la CPGE normande regrette une forme d’autocensure : « pourtant, à partir du moment où un lycéen a été sélectionné, c’est que l’équipe pédagogique estime qu’il a le profil pour se plaire dans ce cursus. » Quant à l’image, souvent compétitive et élitiste des CPGE, Sylvain Férard se veut aussi rassurant : « du stress et de l'exigence il y en a, mais l’ambiance quotidienne en prépa, particulièrement en province, se veut aujourd’hui presque familiale, les professeurs ne cherchent plus à humilier, mais à tirer le meilleur de leurs élèves. » Le privé accueille environ 15 % des préparationnaires. Attention aux droits d’inscription si vous hésitez à rejoindre un de ces lycées à la rentrée, qui peuvent atteindre les 10 000 € par an. Dans le public, la CPGE est gratuite, mais la double inscription obligatoire à l’université pour les élèves des classes prépa induit le paiement des frais universitaires, au même titre que tous les autres étudiants universitaires.
Le BUT : compromis entre théorie et pratique
Si votre cœur balance entre professionnalisation rapide et études longues, cours théoriques et cas pratiques, alors le BUT est fait pour vous. Préparé en 3 ans et conférant le grade de licence, ce diplôme est intégré à l’université, un atout qui permet aux titulaires d’un bac technologique ou général de bénéficier d’une « ambiance lycée » (effectifs réduits, encadrement soutenu), tout en profitant des avantages de l’université (faibles frais de scolarité, possibilité de basculer au sein d’une licence durant le cursus, accès au logement crous, à la bibliothèque universitaire, à la vie associative, etc.). Le rythme scolaire oscille, lui, entre enseignement théorique rigoureux, assuré par des enseignants-chercheurs et professionnalisation : « 24 semaines de stages, possibilité d’alternance, projets tutorés, le choix de l’IUT, c’est du concret ! » Nathalie Jayne-Bonnet est responsable du recrutement du BUT technique de commercialisation (TC) à Aix-en-Provence. Un combo gagnant, pour les étudiants aux aspirations futures encore floues. L’encadrante confirme : « à l’issue du BUT, l’étudiant sera tout à fait capable d’entrer dans la vie active pour aller travailler ou de se diriger vers une poursuite d'études en master universitaire, en école d’ingénieur ou encore de management. »
Les écoles privées : investir dans son réseau professionnel
Beaucoup d’écoles privées recrutent directement après le bac : écoles de commerce, de communication, d’informatique, d’art, de design… Au même titre que le BUT, cette voie s’adresse aux élèves qui souhaitent bénéficier d’un encadrement solide, et qui sont prêts à investir (financièrement et personnellement) dans une formation. Les écoles privées sérieuses permettent d’acquérir à la fois, une culture générale via des cours théoriques et une professionnalisation forte grâce aux nombreux stages obligatoires et à la possibilité de faire une alternance. « Nos parcours à l’international sont aussi facilités grâce à de nombreux partenariats et des stages à l’étranger. » Isabelle Jehan est directrice académique du Bachelor de la Kedge Business School. Le carnet d’adresses constitue aussi l’un des grands points forts des écoles privées renommées. « Notre réseau, composé de plus de 90 000 anciens élèves, facilite grandement l’insertion professionnelle, possible dès la fin du cursus bachelor. » Un réseau soudé, qui peut parfois aider les étudiants à entrer dans des écoles difficiles d’accès en raison de leur coût, selon Sylvia Renzi, responsable des admissions à l’Edhec Business School, pour le parcours post-bac BBA (Bachelor of business administration) : « Grâce au soutien des donateurs et des entreprises qui nous font confiance, nous proposons des aides financières pouvant rembourser jusqu’à 100 % des frais d’inscription selon l’échelon de bourse du crous. » Bourses sur critères sociaux, d’excellence, ou au mérite, renseignez vous auprès de chaque école pour savoir si des coups de pouce existent afin de faciliter votre intégration dans l’établissement. Restez tout de même vigilants sur les droits d’inscription des écoles privées, ceux-ci dépassant souvent les 10 000 € par an. Il convient aussi de se renseigner, en profondeur, sur les centaines d’établissements existants. La qualité de l’enseignement est très variable, et les diplômes délivrés à la fin du cursus n’ont parfois aucune valeur. « Une des garanties possibles est le visa délivré par l’État », souffle Sylvia Renzi. Ce label renforce la reconnaissance nationale d’une formation précise, proposée par un établissement privé reconnu par l’État. Il certifie ainsi le niveau académique du cursus et s’accompagne parfois d’un grade de licence (bac + 3) ou de master (bac + 5), « ça, c’est le Graal ! » pour Isabelle Jehan, puisque la possibilité de poursuite d’études est garantie.