Insolite Un chien au collège : ce compagnon qui apaise le quotidien des élèves

Laura El Feky
Publié le 16-05-2025

En bref

  • La médiation canine gagne du terrain, que ce soit dans les hôpitaux, les tribunaux ou les établissements scolaires.
  • La présence de chiens est reconnue pour ses effets bénéfiques sur le bien-être et l’apaisement.
  • Au collège Henri Dunant, la présence de Silou a contribué à ramener en classe une élève souffrant de phobie scolaire.
Un chien dans un collège pour apaiser le quotidien des élèves
Le golden retriever motive lors des séances d’EPS, apaise durant les cours d'histoire-géo et participe même aux exercices de soutien scolaire. Crédit : CIDJ
Dans ce collège, on peut croiser un drôle de camarade dans les couloirs : Silou est un chien d’accompagnement à la réussite scolaire. Crédit : CIDJ

Un drôle de camarade

Sonnerie de 10h20, un lundi matin au collège Henri Dunant, dans l'Eure (27). Les élèves quittent les salles de classe et se retrouvent, par petits groupes, dans le hall baigné de lumière. On échange sur le week-end, on profite de cette pause bienvenue entre les cours. Une matinée banale dans un collège ordinaire, à ceci près qu’ici, dans le quartier de Nétreville à Évreux, un visiteur à quatre pattes attire l’attention : Silou, un golden retriever, se fraie un chemin entre les adolescents. Ce chien d’assistance, formé par l’association Handi’Chiens, aide les élèves à mieux vivre leur scolarité. Sous son dossard bleu, il n’est pas seulement la mascotte de l'établissement, il aide les élèves à se concentrer, à se calmer et à reprendre confiance en eux. Au même titre que les autres, le chien dispose d'un emploi du temps, avec des moments de pause et de repos. Toujours accompagné par l’une de ses trois référentes, Silou assiste tantôt aux cours de SVT, d’EPS ou d’histoire-géographie et participe même à des ateliers de médiation canine. Ces séances, destinées aux élèves ayant besoin de soutien, mêlent exercices scolaires et moments ludiques en bonne compagnie canine. « C’est un peu comme du soutien scolaire, explique Aron, élève de 6e. Mais la présence du chien nous aide à rester concentrés. » Les ateliers commencent généralement par trois commandes simples adressées au chien (assis, aboie, donne la patte...), puis les élèves enchaînent avec des mathématiques ou du français. Silou participe aussi, en rapportant des quilles sur lesquelles les numéros correspondent à des exercices au tableau. Enfin, la séance se termine par quelques minutes de caresses et de brossage, afin de recouvrer calme et sérénité avant la reprise des cours.

L’idée d’accueillir un chien d’assistance au collège est survenue après la lecture d’un article portant sur une expérience similaire, menée dans un établissement scolaire à Alençon, dans l'Orne (61). Mathilde Michel, enseignante d’EPS, qui accompagnait déjà des élèves faire de l’équitation le mercredi pour lutter contre le décrochage scolaire, a soumis l’idée à ses collègues et à la principale du collège. L’initiative a immédiatement reçu leur soutien. Pour concrétiser ce projet, il a fallu monter un dossier et trouver des financements. L’association Handi’Chiens formait et remettait gratuitement le chien, mais la formation des trois enseignantes référentes restait à financer. Après un an et demi de préparation, Silou a finalement fait sa rentrée au collège. Lors de notre reportage, ils n'étaient pas nombreux à conserver leurs distances avec le chien. Une peur partagée par certains parents qui, au départ de cette expérience, ont exprimé leurs inquiétudes, avant de se raviser. « Si certains avouaient craindre les chiens, avec Silou, c'est de l'histoire ancienne », déclare Mathilde Michel, référente principale et maîtresse du chien. C'est particulièrement notable avec les élèves de 6e. « Quand on leur dit qu’il faut du calme pour Silou, ils écoutent », ajoute Maëva Sega. Ainsi, en classe, les élèves ne peuvent pas appeler le chien à leur guise. Il se promène librement dans les allées avec une certaine tendance à préférer la compagnie des élèves les plus calmes. Résultat, pour profiter de sa présence, il faut se tenir bien tranquille. Le message passe. 

Dans les couloirs comme en classe, la présence du chien du collège, change tout : « d’habitude, ça court et ça se bouscule, mais quand Silou est là, les élèves font attention à lui. Ils se montrent plus calmes, plus tolérants », observent les référentes du projet. Pour elles, l'animal favorise le vivre-ensemble. « Peu importe leur classe, la plupart des élèves veulent le caresser et lui dire bonjour quand ils le croisent dans le hall », ajoute l'enseignante d'histoire-géographie, Maëva Sega. En cours de sport, les élèves chargés de l’échauffement en binôme s’arrangent même pour passer les jours où Silou est avec eux. Sa présence aide aussi les plus timides à s’ouvrir : « Caresser le chien leur donne confiance, ils se sentent moins seuls et n’hésitent plus à lever la main », relève Maëva Sega. Les bienfaits de la médiation canine sont prouvés. Une étude britannique a montré que le contact régulier avec un chien fait baisser le niveau de cortisol, l’hormone du stress. Caresser un animal libère aussi des endorphines et de l’ocytocine, les hormones du bien-être. Aron, élève de 6e, l’a bien compris : « ça nous fait de la compagnie. Quand je suis triste, il me remonte le moral. Il nous bave dessus et ça me fait rire parce qu’il ne le fait pas exprès », lâche-t-il, en souriant. Des initiatives similaires voient le jour dans les hôpitaux et les tribunaux, où les chiens apportent un soutien précieux aux patients comme aux victimes. Dans ce collège de 400 élèves, la présence du Golden Retriever a permis d’accompagner une élève souffrant de phobie scolaire. « Elle faisait des crises pour venir en cours. Nous avons adapté son emploi du temps pour qu’elle puisse passer du temps avec Silou, explique Mathilde Michel. Progressivement, l’élève a pu revenir plus souvent, jusqu’à retrouver un rythme normal cette année. C’est notre plus belle réussite. » Si tout va bien, Silou continuera d’accompagner les élèves jusqu’à une retraite bien méritée.

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.