Prévention Le soleil, cet ami qui vous veut (parfois) du mal : les bons réflexes à adopter cet été
En bref
- Vacances, plage, soleil… on rêve tous de lézarder au bord de l’eau.
- Mais attention, qui dit soleil dit aussi risques pour la santé.
- Alexandre Cobigo, responsable prévention de la Ligue contre le cancer, partage ses conseils pour se protéger tout en profitant de l’été.
Soleil : entre bienfaits et risques pour la santé
Le soleil a ses vertus que personne ne conteste. Une exposition modérée aux rayons ultraviolets (UV) permet à l’organisme de synthétiser la vitamine D, utile à la fixation du calcium sur les os. C’est aussi un régulateur du moral, souvent évoqué dans les pays peu ensoleillés, où les épisodes de déprime saisonnière se montrent plus fréquents. Mais Alexandre Cobigo, de la Ligue contre le cancer, rappelle que « tout est une question d’équilibre entre les bénéfices et les risques ». Car au-delà d’une exposition brève et ciblée — « dix minutes d’exposition des avant-bras autour de midi suffisent largement à couvrir nos besoins quotidiens en vitamine D » — le soleil devient un faux ami. Une exposition trop longue, répétée ou mal protégée peut entraîner des dommages invisibles, mais aussi réels qu’irréversibles : vieillissement prématuré de la peau, brûlures, altérations de l’ADN… autant de facteurs qui, à long terme, favorisent l’apparition de maladies graves à commencer par les cancers de la peau. Si les risques concernent tout le monde, les enfants et les adolescents se trouvent particulièrement vulnérables. « Il est courant de voir des enfants exposés au soleil entre midi et 16h, alors que ça nous paraîtrait totalement anormal de voir un enfant de 6 ans fumer. Et pourtant, dans les deux cas, il y a des risques graves. », relève Alexandre Cobigo.
Pourquoi les UV sont dangereux, même pour les jeunes
Ainsi, avec une exposition prolongée, ou répétée sans protection, les rayons UVB et UVA commencent à faire des dégâts. Les premiers sont responsables des coups de soleil, mais les seconds, en s’enfonçant plus profondément dans la peau, endommagent les cellules et accélèrent le vieillissement cutané. On leur doit l’apparition de rides, de taches et une réduction de la fermeté de la peau. « Être bronzé, c’est en réalité être brûlé », rappelle Alexandre Cobigo, « c’est le signe que la peau a été agressée. » Plus grave encore, les UV endommagent l’ADN des cellules cutanées, favorisant à terme leurs mutations en cellules cancéreuses (mélanomes). Et ce n’est pas réservé aux seules personnes âgées, les cancers de la peau s’imposant comme la troisième cause de mortalité des 20-40 ans. Et, contrairement à une idée reçue, toutes les peaux sont concernées, y compris les plus sombres, « même si le niveau de risque varie selon le phototype », explique Alexandre Cobigo. Pour rappel, le phototype est une classification utilisée pour évaluer la sensibilité de la peau au soleil. « On sait aujourd’hui que 20 % des cancers de la peau surviennent sur des peaux mates. » Tout le monde doit donc se protéger, et ce, dès le plus jeune âge. « Une étude a montré qu’un coup de soleil pendant l’enfance augmente de 3 % le risque de mélanome à l’âge adulte », insiste le spécialiste.
Crème solaire : utile, mais pas suffisante
Pour tordre le cou à une autre idée reçue, les coups de soleil ne se « transforment » pas en bronzage. Au contraire, ils affaiblissent la peau, qui devient alors plus vulnérable à la prochaine exposition. Et ne considérez pas la crème solaire comme solution miracle aux ravages de l’astre solaire. « La crème vient en dernier, une fois qu’on a mis en place tous les autres moyens de protection », insiste Alexandre Cobigo. Et cela commence par une précaution simple : éviter de s’exposer entre midi et 16h, quand les rayons sont les plus intenses. Il convient alors de chercher l’ombre, de porter un chapeau à larges bords et des lunettes de soleil avec filtre UV (norme CE, catégorie 3 ou 4), mais aussi de porter des vêtements couvrants, amples, à manches longues. « Ce sont ces précautions qui protègent vraiment, la crème solaire ne venant qu’après, pour les zones du corps qui restent exposées : le visage, les mains, les avant-bras… », insiste Alexandre Cobigo. Et à condition de l’appliquer en couche épaisse, 20 à 30 minutes avant l’exposition, et renouveler l’application toutes les deux heures, et après chaque baignade ou transpiration. Quant au choix du produit ? « Sans hésitation, une crème à « large spectre », c’est-à-dire capable de bloquer à la fois les UVB et les UVA. » poursuit l’expert qui rappelle, à toutes fins utiles, que « l’idée de s’enduire de crème pour pouvoir rester en plein soleil toute la journée demeure un comportement à risque. » Enfin, dernière recommandation, et pas des moindres : surveiller sa peau régulièrement par un autoexamen tous les trois mois, à compléter par la consultation annuelle chez un dermatologue. Et pour détecter soi-même la dangerosité des anomalies de la peau, pensez à évaluer boutons et autres tâches à la lumière de la règle ABCDE. A pour asymétrie, B pour bords irréguliers, C pour couleur non homogène, D pour diamètre évolutif et E pour évolution dans le temps. En fin de compte, pour éviter les mauvaises surprises, se rappeler que le soleil répond à la même règle que le reste. Il se consomme avec modération.
Focus
Cabines à UV : un risque majeur encore trop ignoré
Elles sont absolument contre-indiquées, car elles reproduisent une exposition à des UV d’indice 11, l’un des plus élevés qu’on puisse rencontrer. De quoi augmenter très fortement le risque de mélanome : « environ 5 % des cas de mélanome sont liés à ce type d’exposition artificielle », prévient Alexandre Cobigo. Il rappelle aussi que ces cabines sont interdites aux mineurs, mais que les contrôles sont rares, voire inexistants, et que les risques demeurent trop souvent méconnus.