Octobre Rose Escrime après cancer : reconstruction, mobilité et bien-être

Les sabres claquent, les rires fusent. Dans la salle d’armes parisienne du Racing Club de France, des femmes se saluent avant de croiser le fer. À première vue, rien ne distingue ce cours d’escrime d’un autre. Pourtant, derrière chaque sabre, se cache l’histoire d’un autre combat, celui contre le cancer du sein. Ici, comme partout en France, l’association Solution R.I.P.O.S.T.E. forme les maîtres d’armes à accueillir gratuitement des femmes en traitement ou en rémission. Objectif : remettre le corps en mouvement après les épreuves de la maladie. “Le but est d’aider le haut du corps à retrouver sa mobilité,” indique Ève Pouteil-Noble, maître d’armes ayant suivi sa formation au sport santé en 2022, auprès de l’association. “Les opérations près des épaules provoquent des adhérences. L’escrime permet de délier les mouvements, de retrouver de l’amplitude.” Autrefois compétitrice, Ève a souhaité s’ouvrir à l’escrime santé après la période Covid. “C’est une autre manière d’enseigner : ici, on ne cherche plus la performance, mais le bien-être.” Les participantes bénéficient d’un accès gratuit pendant un an aux cours assurés par Ève. “Les personnes malades sont souvent arrêtées, avec des ressources moindres. Le label nous permet d’offrir ces cours grâce à une allocation dédiée,” souligne l’ancienne vice-championne du monde.

Sur la piste, les échanges s’enchaînent, rythmés par les formules d’usage. “En garde ! Prêtes ? Allez !” résonnent dans la salle. Entre deux touches, Elwira, inscrite depuis un an, sourit derrière son masque. “C’est un bonheur d’être là !” Elle qui n’avait jamais pratiqué cette discipline avant la maladie songe à continuer “après”. Attaquer, contre-attaquer, se défendre… Se situer face à l’adversaire incite aussi à la prise d’initiatives. “Ça m'a permis de reprendre une confiance que j’avais sans doute un peu perdue en cours de route,” confie la jeune licenciée. À ses côtés, Monique s’applique à ajuster sa garde. Elle a débuté au printemps 2025. “C’est une activité à la fois physique et mentale, car elle exige beaucoup de concentration et de réflexes. Et puis, ça fait un peu oublier tout le reste,” sourit la sportive. Les séances, en petit comité, favorisent, en effet, écoute et complicité. Les participantes travaillent souvent en duo, dans un esprit de confiance et d’entraide. “C’est important de sortir du cadre médical, de retrouver une dynamique collective, souligne la maître d’armes. On plaisante, on se dépense et on se reconstruit.” Car au-delà de l’effort physique, c’est la reconquête de soi qui s’opère. “Le sport reste l’un des meilleurs vecteurs pour la santé et le bien-être, rappelle Ève. Dans nos vies chargées, il faut savoir préserver ce moment pour soi.”