Bifurquer Un quart des diplômés se trouve en réorientation « précoce »

Odile Gnanaprégassame
Publié le 02-04-2025

En bref

  • Parmi les sortants de formation initiale en 2017, un jeune sur quatre a engagé des démarches pour changer de voie.
  • Quête de sens, recherche de meilleures conditions de travail ou attrait pour un autre domaine professionnel, les raisons de se réorienter sont variées.
  • Une chose est sûre : 10 % des jeunes ont passé en moyenne quatre ans et demi au chômage durant leurs six premières années de vie active.
Un quart des diplômés se trouve en réorientation précoce
Tous les projets de réorientation sont guidés par une volonté de changer de métier pour plus de neuf jeunes sur dix ou de changer de secteur d’activité. Crédit : Jan Vašek - Pixabay
Défaut d'orientation, manque d'intérêt pour la filière choisie, difficulté à suivre... Chaque année, de nombreux étudiants ne sont pas satisfaits de leur choix d'étude et préfèrent se réorienter après un premier semestre. Mais ça se prépare. Crédit : CIDJ

Changer pour une pluralité de raisons

Affectée par les répercussions de la pandémie, tant sur le marché de l'emploi que sur la perception du travail, la génération sortie de formation en 2017 s'est trouvée particulièrement confrontée à la nécessité de repenser son orientation professionnelle. Dans une étude parue début mars 2025, le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) révèle qu’entre le printemps 2020 et l’automne 2023, 36 % de ces jeunes ont envisagé une réorientation, et 24 % affirment avoir entrepris des démarches en ce sens. Et les raisons évoquées reviennent souvent autour d'aspirations personnelles. Par exemple, 67 % des jeunes cherchent à atteindre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, tandis que 77 % souhaitent donner plus de sens à leur travail. Cependant, d'autres causes se révèlent plus pragmatiques, telles que l'amélioration des conditions de travail (67 %) ou l'augmentation de la rémunération (58 %). Si ces différentes motivations se rejoignent parfois dans un même projet, elles conduisent toutes à une volonté de changer de métier pour plus de neuf jeunes sur dix ou de changer de secteur d’activité (83 %).

Les difficultés d’insertion dans le monde du travail incitent à redéfinir le projet professionnel initial, quel que soit le niveau de qualification. Globalement, un jeune sur trois ayant connu du chômage persistant ou récurrent se réoriente (contre 24 % en moyenne). Une proportion qui grimpe à 40 % pour les diplômés du supérieur dans cette situation, même s’ils sont moins concernés comme le montre une étude des trajectoires d’entrée dans la vie active de la génération 2017 menée par le Céreq en 2023. On y apprend que 10 % des jeunes ont passé en moyenne quatre ans et demi au chômage durant les six premières années de vie active. Les données compilées confirment que plus le diplôme atteint en formation initiale est élevé, plus les jeunes se retrouvent dans des emplois à durée indéterminée. C’est le cas de 59 % des titulaires d’un bac + 5 ou plus et de 44 % des diplômés d’un bac + 2 à bac + 4. À l’inverse, seulement 18 % des titulaires d’un CAP, 27 % des diplômés du bac et 5 % des jeunes sortis sans diplôme occupent un emploi à durée indéterminée. Toutefois, l’instabilité professionnelle n’explique pas à elle seule la propension d’une partie de cette génération à opérer des reconversions professionnelles.

Quand un salarié estime ne pas se réaliser dans son travail et qu’en plus l’emploi occupé ne correspond pas à sa formation initiale, alors il envisage des changements. Cette situation concerne 11 % des jeunes de la génération 2017 en emploi trois ans après la fin de leurs études. Parmi eux, les salariés exerçant dans l’hôtellerie-restauration-alimentation, le commerce, et l’électricité-électronique sont particulièrement représentés, ces secteurs ayant été fortement perturbés par la crise sanitaire. Pourtant moins de la moitié cumulant ces deux ressentis entament un processus de réorientation professionnelle. Il faut dire que la démarche demeure complexe car elle implique des efforts personnels et financiers. Suivre une formation, créer son entreprise ou se reconvertir dans un autre secteur éloignent temporairement d’un emploi stable et de ses revenus. Une phase de transition nécessaire pour trouver un emploi plus épanouissant ? Peut-être. Mais elle peut également représenter une source de stress. Pour autant, les jeunes qui réussissent leur réorientation semblent récolter les fruits de cet investissement : parmi ceux dont le projet de réorientation a abouti, 92 % sont en emploi six ans après la fin de leurs études, et 95 % se disent pleinement satisfaits de leur situation professionnelle en 2023.

Focus

Vous connaissez Parcours+ ?

Accessible depuis Parcoursup, Parcours+ est un module destiné aux personnes en reprise d'études après une interruption, mais aussi aux étudiants en réorientation. Pour y accéder de manière personnalisée, il faut s'inscrire sur la plateforme, avec la possibilité de répondre à un questionnaire. Une offre de formations continues diplômantes ou de formations courtes qualifiantes s'affiche alors selon les critères renseignés.

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