Bien-être des élèves Santé mentale : de nouvelles mesures prévues au sein des écoles
En bref
- Malgré son rôle majeur, peu d’enfants passent leur premier examen médical au cours de leur sixième année.
- La ministre de l’Éducation nationale souhaite renforcer les équipes de professionnels de santé scolaire et sensibiliser aux enjeux de la santé mentale.
- Les personnels sociaux et de santé scolaire ainsi que les personnels de direction devraient recevoir une formation à ces problématiques.
Mieux dépister pour mieux accompagner
À l’issue des Assises de la santé scolaire organisées le 14 mai dernier, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, a présenté une série de mesures visant à « refonder le système de santé scolaire », avec une attention particulière accordée à la prise en charge de la santé mentale. Objectif : assurer la santé et le bien-être au sein de l’école afin de permettre aux élèves d’apprendre dans un environnement serein et favorable.
Seuls 20 % des élèves de six ans passent la visite médicale permettant de détecter leurs potentielles difficultés. Mal ou tardivement repérées, celles-ci s’installent durablement et affectent le bon déroulement de leur scolarité. Dès la rentrée 2026, chaque élève de cet âge bénéficiera d’une analyse personnalisée de sa situation de santé. Selon les besoins identifiés, l’enfant sera orienté vers une visite médicale, un bilan psychologique ou une consultation infirmière.
Aussi, chaque école, collège et lycée devra établir un protocole dédié à la santé mentale d’ici fin 2025, tandis que deux personnels-repères formés à la santé mentale devraient être présents dans les établissements d’ici fin 2026. Leur rôle : repérer les signes de souffrance psychique et orienter rapidement les élèves vers les professionnels compétents. En parallèle, des partenariats avec les maisons des adolescents ont été mis en place.
Favoriser l’entraide
Dès l’été 2025, les élèves jugés prioritaires bénéficieront d’un accès spécifique aux centres médico-psychologiques (CMP), grâce à un accord-cadre conclu avec le ministère de la Santé. Cette initiative vise à éviter les interruptions dans leur parcours scolaire et à assurer une prise en charge rapide.
De plus, à partir de janvier 2026, un module de sensibilisation sera généralisé dans les lycées, puis testé dans les collèges, afin de renforcer les compétences psychosociales des élèves et de combattre les stéréotypes autour de la santé mentale. L’objectif est d'encourager l’entraide entre élèves, sans toutefois leur confier la responsabilité du dépistage. Pour les plus jeunes, la ministre prévoit, dès la rentrée 2026, un renforcement des compétences psychosociales intégré au programme du socle commun à l’école primaire et au collège.
Un projet ambitieux
Il est prévu de créer, dans chaque département, un pôle psycho-médico-social réunissant des conseillers techniques, un médecin, un infirmier et un assistant de service social. Selon la ministre, ce pôle aura pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie ainsi que des priorités spécifiques à chaque territoire. À cet effet, 100 psychologues de l’Éducation nationale seront désignés comme conseillers techniques au sein de ces pôles.
Ce projet, particulièrement ambitieux compte tenu du manque de personnel, s’accompagne de la promesse d’une revalorisation salariale de 500 € brut par mois pour les médecins scolaires, ainsi que d’un renforcement des effectifs d’infirmiers et de psychologues. Cependant, la question des ressources demeure cruciale : près de 40 % des postes de médecins scolaires restent vacants à ce jour, et les syndicats jugent ces mesures « insuffisantes » face à l’ampleur des besoins. Ils réclament une augmentation salariale pour l’ensemble des personnels ainsi que des recrutements massifs pour garantir l’efficacité du dispositif. En effet, le nombre de professionnels de santé scolaire reste trop faible pour accompagner plus de 12 millions d’élèves du primaire et du secondaire. Actuellement, on compte environ 900 médecins scolaires, 7 800 infirmiers scolaires et 7 000 psychologues de l’Éducation nationale, des professionnels qui interviennent déjà sur plusieurs établissements.