Dilemme Refus Master : comment rebondir et optimiser son dossier après Mon Master ?

Odile Gnanaprégassame
Publié le 14-10-2025

En bref

  • Les étudiants non admis dans le master de leur choix doivent d’abord comprendre les raisons du refus pour décider de la suite de leur parcours.
  • Pour candidater à nouveau, ils doivent entreprendre toute action qui valorisera leur dossier.
  • Parfois, ce refus permet de repenser son orientation et de changer de voie.
Mon master : comment rebondir et optimiser son dossier après Mon Master ?
En 2024, sur les 132 352 candidats en L3, 21 319 d'entre eux n’ont pas obtenu de place durant la procédure Mon Master. Crédit : Vitaly Gariev - Unsplash

Admission Master : comprendre les raisons du refus et de la sélection

« Une mauvaise surprise, difficile à digérer sur le moment. » Maxime conserve un souvenir âpre du refus qui lui a été opposé à son admission en master de psychologie. « Certes, ma moyenne générale n’atteignait pas 17/20 sans pour autant être catastrophique, relève-t-il, mais, en licence, mon niveau dans les spécialisations de master auxquelles j’aspirais était bon ». Ce sentiment mêlé de défiance et de déception est partagé par Paula pour qui les critères de sélection restent mystérieux : « Sur mes quinze candidatures à des masters en psychologie du développement, je me suis retrouvée sur liste d’attente pour trois d’entre eux. » Mal placée dans ces classements, elle n’obtiendra finalement pas de place. Une question demeure : comment expliquer l’intérêt de certaines commissions pour sa candidature quand d’autres la rejettent d’emblée ? « On m’a signifié l’insuffisance de mon niveau académique », souffle-t-elle. L’admission en master, soumise à sélection depuis 2017 et dont la procédure est désormais nationalisée avec la plateforme Mon Master, suscite depuis mécontentements et incompréhensions chez les recalés, surtout pour ceux disposant d’un « bon dossier ». Or ce qui constitue un « bon dossier » demeure tout à fait relatif. Son appréciation varie en fonction du nombre de places disponibles et de la qualité des autres candidatures… En matière de master, la loi de l’offre et la demande prévaut bien que chaque note compte. Ainsi, « un étudiant obtenant ses UE uniquement par le jeu des compensations présente un profil plutôt faible », prévient Anne Ducrey, directrice adjointe de l’UFR littérature française et comparée à Sorbonne Université. Car, « nous ne sélectionnions que ceux dont nous pensons qu’ils réussiront en master et s’inséreront correctement sur le marché du travail », complète Marie-Karine Lhommé, vice-présidente Orientation, réussite étudiante et insertion professionnelle à l'université Lumière Lyon 2.

Sélection Master : la cohérence du parcours plus importante que les notes ?

Outre les notes, les commissions d’admission se montrent sensibles aux choix des UE, des TD et autres stages effectués lors du parcours antérieur. Autant de critères qui pèsent dans la balance. Par exemple, « l’absence de stage en droit notarial peut desservir un étudiant souhaitant accéder à un master dans ce domaine », illustre Matthieu Poumarède, doyen de l’école de droit de l’université Toulouse Capitole. Paula, elle, en est certaine, ce défaut l’a pénalisée. « Mon université nous encourageait à délaisser le stage de L3 auprès d’un psychologue au profit des étudiants en master, explique-t-elle. Par conséquent j’ai effectué mon stage auprès d’une équithérapeute et mon mémoire a porté sur la manière dont cette discipline aide à la régulation émotionnelle des jeunes. » Or, au moment de décrire son stage sur Mon Master, l’étudiante réalise le décalage entre son expérience et les attendus des spécialités visées : « ce stage restait axé sur la recherche et non sur la pratique clinique ». Aussi, « comme pour un emploi, le projet du candidat doit absolument concorder avec les exigences du master », insiste Anne Ducrey. « Parmi les 932 candidatures reçues en 2025, 90 ont été non classées - elles ne figuraient pas sur liste d’attente - en raison du manque de cohérence du parcours, ou plutôt de l’insuffisance de la motivation », précise l’universitaire. Et de rajouter que « pour les étudiants en provenance d’autres formations non prioritaires, comme un BUT, déclarer simplement son affection pour la littérature ne suffit pas ». Et, à tous les candidats, elle recommande de se démarquer : « Beaucoup d’étudiants présentent des projets en littérature contemporaine, souvent autour des mêmes auteurs très en vogue alors qu’un bon projet d’études sur les siècles anciens les avantagerait ».

Améliorer son dossier Mon Master pour une nouvelle candidature

« Me retrouver au pied du mur après trois années d’études m’a plongée dans l’incertitude quant à la suite de mon parcours », évoque Paula pas encore prête à abandonner son rêve de devenir psychologue. Or, le master demeure obligatoire pour exercer cette profession règlementée. Pourquoi alors ne pas avoir saisi le rectorat comme la loi le permet au nom du droit à la poursuite d’études ? Plutôt que de retenir cette option, à l’issue incertaine, Paula a préféré prendre le temps de renforcer son dossier dans l’objectif de candidater à nouveau l’année suivante. Mais, les notes demeurant les mêmes, un dossier rejeté peut-il être retenu l’année suivante ? « Cela semble peu probable quand le niveau est insuffisant, considère Matthieu Poumarède. Toutefois, nous accompagnons les étudiants qui le souhaitent. » Dans ce cas, l’unique variable d’ajustement concerne la teneur du CV. Expériences professionnelles, bénévolat, formations… Il s’agit d’enrichir son dossier pour optimiser ses chances ! Sans omettre de « rencontrer les enseignants au plus tôt pour discuter d’un projet solide, et rendre compte de ces démarches dans sa candidature », exhorte Anne Ducrey. Pour Paula, ce sera un service civique : durant huit mois, elle procure un accompagnement psycho-éducatif auprès d’enfants avec un trouble du spectre autistique. L’étudiante, déjà animatrice durant les vacances scolaires, développe ainsi son expérience dans les structures dédiées aux enfants et adolescents, l’un des attendus dans la spécialité de master convoitée. Témoigner de son intérêt pour une spécialisation passe également par l’engagement dans une formation. Aussi, suivre un DU dans le même champ d’études peut s’avérer utile, tout en conservant son inscription à l’université.

Focus

Saisine du Rectorat Master : conditions et procédure du droit à la poursuite d'études

À condition de n’avoir reçu aucune proposition d’admission en master, les candidats peuvent saisir le recteur au nom du droit à la poursuite d’études instauré depuis la mise en place en 2017 de la sélection en première année de master.

Attention : seuls les candidats titulaires du diplôme national de licence obtenu au cours des trois dernières années universitaires sont éligibles, tout autre diplôme de niveau bac +3 ou conférant le grade de licence n’est pas recevable.

De plus, il faut avoir effectué au moins 5 candidatures, dans 2 mentions de master distinctes, dans au moins 2 établissements d’enseignement supérieur différents, s’il existe au moins deux établissements dans sa région académique.

Témoignage : admise en Master à la deuxième tentative

Pari gagné pour Paula ! Au terme d’une nouvelle procédure à suspens, elle obtient finalement une place pour un vœu émis lors de la phase principale… fin août. Soit une semaine avant la prérentrée. S’en est suivi un déménagement express pour s’installer dans une nouvelle région. « Je trouve ce système de sélection injuste : la même université ayant classé ma candidature l’année précédente l’a refusée d’emblée cette fois-ci ! », s’étouffe Paula. Pour les non classés, ou ceux sur liste d’attente sans proposition d’admission, il y a la possibilité de saisir le rectorat. Celui-ci se charge d’envoyer leur dossier à des universités qui l’étudieront. En effet, chaque année des places vacantes, variables selon les mentions et les territoires, subsistent en raison de désistements ou de manque d’intérêt. Ainsi, en 2024, plus de 40 % des candidats ont quitté la plateforme, dont près d’un tiers sans aucune proposition d’admission et 11,5 % malgré au moins une offre. Sur les 315 mentions disponibles, 100 d’entre elles affichaient un taux de remplissage inférieur à 80 %. Les deux mentions MEEF premier et second degré, et LLCER concentraient à elles seules 35 % des places vacantes. Au total, 33 836 des 176 933 places offertes en 2024 restaient non pourvues. Si la saisine n’aboutit pas favorablement, postuler à nouveau l’année suivante avec un meilleur ou un autre projet peut s’avérer décisif. « Le master en droit pénal séduit beaucoup, mais il existe des masters équivalents en procédures pour exercer en tant qu’avocat pénaliste, souligne Matthieu Poumarède. Surtout, nous rappelons à nos étudiants se destinant au concours du barreau, que la spécialité du master obtenu importe peu ». Actuellement en M2, Paula ne regrette pas sa décision même si elle a passé sa première année sous « la pression de réussir ». Quant à Maxime, il a choisi de se réorienter.

Refus Master : se réorienter vers un plan B ou un double diplôme

« Être refusé en master, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée ! », plaisante à peine Maxime. Tout en poursuivant son job d’assistant d’éducation, il met cette année à profit pour repenser son orientation. Dans un coin de sa tête, une idée germe, à priori inattendue : tenter une école de commerce. Un virage qui, de prime abord, semble éloigné de son cursus. Maxime s’en explique aussitôt : « Mon intérêt allait surtout vers la psychologie sociale et du travail. Je ne souhaitais pas devenir clinicien ». Ce qui l’anime, c’est de comprendre le fonctionnement des organisations, améliorer la qualité de vie au travail et prévenir les risques psycho-sociaux. De fil en aiguille, ses recherches le mènent à un double master en management et philosophie, discipline qu’il affectionne. Il intègre ce programme la rentrée suivante, au sein d’une école de commerce en partenariat avec une université privée. « C’est le combo gagnant », juge-t-il. Ce nouveau cap rend désormais son parcours plus cohérent avec ses ambitions. Le jeune homme porte un regard critique sur l’université : « on n’explique pas assez aux étudiants que la licence de psycho ne mène pas systématiquement au master, ni au métier de psychologue ». Un constat partagé par Marie-Karine Lhommé : « En droit, par exemple, certaines licences professionnelles peinent à recruter alors que les entreprises recherchent des diplômés à bac +3 ».

Plan B après un refus Master : les alternatives et écoles privées

Bien en amont dans l’année, Matthieu Poumarède invite les étudiants dont le niveau semble insuffisant à envisager une réorientation. L3 dans un autre domaine, licence professionnelle pour un accès rapide à l’emploi, master dans une discipline voisine… À condition d’y penser suffisamment tôt, les bifurcations restent possibles. Pour illustrer, le master en sciences du langage représente un compromis en littérature quand en psychologie ce sont les sciences de l'éducation qui apparaissent comme une alternative. Dans cette dernière matière, « les étudiants ne se doutent pas qu’ils pourront travailler avec un public d’enfants ou d’adolescents », remarque Marie-Karine Lhommé. Parmi les déçus de Mon Master, beaucoup se tournent vers les écoles privées, au succès grandissant. Toutes les disciplines ou presque y sont représentées ! Prudence toutefois : il convient de vérifier la reconnaissance dont disposent les diplômes proposés. En droit, elles délivrent des mastères et non le diplôme national de master, seul accès possible à l’école du barreau. En 2024, sur les 132 352 candidats inscrits en L3, 21 319 étudiants n’ont pas obtenu de place durant la procédure, 6,5 % ont été non classés (8 614) et 9,6 % classés, mais sans proposition (12 705). « Il existe une forme de contradiction : nous accueillons beaucoup d’étudiants en licence mais disposons de moins de places en master, concède Matthieu Poumarède. Néanmoins, la sélection reste raisonnable, 85 % de nos étudiants accèdent au master, et une partie des 15 % restant choisit volontairement une autre voie ». De l’avis de Paula, « chaque étudiant titulaire d’une licence devrait pouvoir tenter le master ». Sans arriver à cette conclusion, le dernier rapport du Comité éthique et scientifique de Parcoursup et Mon Master pointe la nécessité « d’observer les disparités entre offre et demande pour chaque formation […] voire chaque territoire » en vue « des concertations sur l’offre de formation ». Avec près de 20% de places en master laissées vacantes sur la seule année 2024, il y a urgence…

Focus

Plateforme Mon Master 2026 : les nouveautés annoncées

Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé des nouveautés sur la plateforme Mon Master qui entreront en vigueur à partir de la session 2026. Côté candidats, l’amélioration portera sur l’ergonomie de la plateforme et la possibilité de sauvegarder des formations en favoris dès le début du mois de février 2026. Côté établissements, des mesures sont à l’étude pour que le pilotage du recrutement permette « plus de flexibilité dans l’orientation des candidats et un remplissage encore meilleur des formations ».

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