Devenir diplomate Le Quai d’Orsay forme la relève

“Vous avez une heure pour trouver un accord.” Le ton est donné dans le grand amphithéâtre des Archives diplomatiques de la Courneuve. Louise Rousseau, cheffe des négociations relatives à l'eau et aux pollutions au sein du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), encadrera les discussions. Répartis en petits groupes, ils sont une centaine de jeunes à participer à cette immersion au sein d’une Conférence des Nations unies pour le climat. Du haut de ses 20 ans, Emmanuelle incarne le Japon dans cet exercice : “notre mission c’est de maintenir les positions de notre État tout en parvenant à un accord sur un texte pour la COP.” Un exercice difficile mais passionnant pour l’étudiante en lettres qui rêvait de rejoindre les rangs de cette académie diplomatique d’été. Visite du ministère, jeux de rôles, rencontres avec des ambassadeurs du monde entier, c’est toute la diplomatie française qui a ouvert ses portes à une centaine de lycéens et d’étudiants boursiers aux excellents résultats scolaires, du 30 juin au 4 juillet 2025. “Une chance incroyable”, pour Alyssia. Sans réseaux ni expérience, l’étudiante en deuxième année de science politique a sauté de joie en apprenant l’existence de ce stage. “Ce sont des métiers qui m’intéressent depuis toujours, mais très difficiles d’accès, d’autant plus quand on ne connaît personne dans ce domaine.”

Toucher un public très éloigné du ministère, c’est là tout l’enjeu de ce programme pour Laurent Bigot, chargé de mission au sein de l’Académie diplomatique et consulaire : “il faut reconnaître que cette institution est assez élitiste historiquement.” Ce ministère où la reproduction sociale et académique est particulièrement forte compte bien diversifier ses viviers de recrutements grâce à cette semaine de stage. “Pour représenter la diversité de la société française, il faut que cette diversité s’incarne à travers nos diplomates,” insiste Laurent Bigot. “Ici, on leur fait, non seulement, découvrir les métiers du Quai d’Orsay, mais aussi et surtout toutes les voies de recrutement possibles.” Concours, stages, volontariat, contrats Pacte et embauches sur dossier au titre des politiques d’insertion, quelques dizaines de postes sont pourvus chaque année au sein du ministère. De quoi aussi lutter contre l’autocensure des étudiants. “On en a, en face de nous, des jeunes aux supers parcours académiques qui n’avaient jamais pensé que l’accès au ministère était possible.” Une opportunité qu’Aleyna, 18 ans, a saisi sans réfléchir : “c’est un apport énorme en termes de capital culturel !” L’académicienne n’avait d’ailleurs pas idée de la palette de métiers possibles. Négociateurs, diplomates, consuls, professionnels du centre de crise et autres opérateurs du MEAE, c’est tout un écosystème qui s’ouvre à l’étudiante venant de valider sa première année à Sciences Po Paris. La voilà bien décidée à devenir diplomate : “ça me conforte dans mon choix Parcoursup de l’an dernier !” Cinq ans après son lancement, le programme commence à porter ses fruits. “Ce matin, les académiciens ont rencontré un ancien de la première promotion fraîchement admis au concours de catégorie A du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères”, se réjouit l’ancien diplomate. Un premier alumni qui, espèrent les jeunes, ouvrira la voie à de nouveaux visages de la diplomatie française.