Ritournelle Accès en master : une enquête révèle des discriminations

La candidate de référence s’est présentée avec un patronyme à consonance française : “nous avons choisi parmi les noms de famille les plus répandus et parmi les prénoms les plus donnés en France autour de 2003.” Les prénoms des autres étudiantes évoquaient, de leur côté, une origine asiatique, juive, maghrébine et d’Afrique de l’Ouest. Le résultat est sans appel. Alors que près de 61 % des étudiantes, dont le nom suggère une origine française, reçoivent une réponse, le chiffre dégringole à 55 % pour les étudiantes au patronyme supposément maghrébin ou en provenance d’Afrique de l’Ouest. Si ces pénalités sont les plus importantes pour les noms à consonance africaine (8,5 % de retours en moins pour Amina Belkacem ou Bintou Traoré), l’étude rapporte que “toutes les candidates d’origine étrangère reçoivent un nombre significativement plus faible de réponses positives” que leur camarade supposément franco-français.

Autre enseignement, la discrimination serait plus importante dans le domaine scientifique qu’ailleurs. Chers étudiants au patronyme non franco-français, vous aurez plus de chances d’obtenir une réponse en vous adressant à un responsable de formation en Arts, Lettres, Langues, qu’en Sciences, Technologies et Santé. 47 % des demandes des candidats supposément d’origine africaine y sont restées sans réponse, contre 35 % pour une étudiante au nom français. L’étude vise à démontrer que les discriminations “prévalent bien avant l’insertion professionnelle”, alors que la plupart des enquêtes réalisées sur ce délit ne portent principalement que sur l’accès à l’emploi. “Les conséquences de ces discriminations ne doivent pas être sous-estimées” préviennent les chercheurs, puisque les jeunes discriminés doivent, dès leurs études, “redoubler d’efforts pour accéder à une bonne formation”.