Silence, moteur, ça tourne ! Mantes-la-Jolie : une association de jeunes cartonne sur les réseaux sociaux

À seulement 22 ans, Amadou Konaté a décidé de prendre les choses en main. Dans son quartier de Mantes-la-Jolie (Yvelines), il a fondé l’association Jeunesse avec Amadou, pour offrir aux jeunes ce qu’il aurait aimé trouver lui-même : un accompagnement, des conseils, un cadre. « J’ai vu un manque d’accompagnement chez les jeunes, et même pour moi », explique-t-il aujourd’hui. Selon lui, beaucoup n’ont pas toujours les bons repères pour avancer, et certains risquent de basculer vers la délinquance, faute de soutien. Avec son association, il entend ouvrir de nouvelles perspectives.
Aujourd’hui, une quarantaine d’adhérents participent aux activités organisées par Jeunesse avec Amadou : visite de la caserne des pompiers de Magnanville, découverte de l’Assemblée nationale, rencontres avec des professionnels… Autant d’occasions d’élargir les horizons et de découvrir des métiers ou institutions souvent méconnus. L’association ne dispose pas encore de local, malgré une demande adressée à la mairie. Les jeunes se retrouvent donc devant le domicile d’Amadou ou, ponctuellement, dans des salles prêtées. Mais cela ne freine pas son ambition : faire grandir l’association, accueillir davantage de jeunes et, pourquoi pas, devenir une structure de référence dans la ville.

Et pour se faire connaître, Amadou a un truc : la diffusion de films sur les réseaux sociaux. C’est après avoir discuté avec un groupe de jeunes fumant des cigarettes électroniques jetables – les fameuses puffs, qu’il réalise qu’ils ignorent totalement les risques liés à cette consommation. Si pour eux, il s’agit de « faire cool », pour lui, c’est le déclic. Avec Fahd, Zouheir et Akram, dans le froid de janvier, il enregistre une première vidéo de sensibilisation, diffusée sur TikTok (@amadou.782) et Instagram (@ml_782). Surprise, en moins d’une heure, cette vidéo tournée avec les moyens du bord dépasse les 50 000 vues pour atteindre le double dès le lendemain. Le groupe comprend qu’il tient un truc puissant : des vidéos simples, directes, créées par des jeunes pour des jeunes.
Dès lors, les tournages s’enchaînent : racisme, grossophobie, santé mentale, endométriose, violences faites aux femmes… Les thèmes ne manquent pas et le succès d’audience est à l’avenant avec une vidéo sur le harcèlement qui franchit le cap du million de vues. Au départ, il fallait compter trois heures pour obtenir une poignée de minutes exploitables. Aujourd’hui, tout est plus fluide : textes appris par cœur, deux ou trois prises maximum, et c’est dans la boîte. Avec son smartphone, Amadou filme « ses jeunes » d’une main sûre. Et les « j’aime » comme les vues de s’accumuler, au point de financer un voyage au Maroc à l’été 2025

Pour les jeunes impliqués, l’association n’est pas seulement un lieu d’activités : elle transforme leur quotidien. Fahd raconte qu’il sortait peu auparavant et n’était pas très sociable. Aujourd’hui, il dit avoir gagné en confiance et appris à sortir de sa zone de confort. Zouheir et Akram se disent fiers de produire des vidéos qui touchent leur génération tout en mettant en valeur leur ville. Et le travail paye. Dans les magasins, dans la rue, partout, on les reconnaît, et ils se font encourager. « On est reconnaissants », sourit Amadou. À chaque fin de vidéo, une phrase, devenue leur signature, revient : « Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? » Une idée de Fahd, adoptée par tout le groupe pour inciter au débat. Résultat : de nombreux internautes réagissent et partagent leurs expériences.
Amadou se dit touché, même s’il « y a encore beaucoup de sujets à aborder. » Plus pointues, leurs dernières vidéos s’intéressent à l’hypersensibilité, à la drépanocytose, ou encore aux TDAH, preuve de leur volonté d’aborder des thèmes plus lourds, mais toujours « avec bonne humeur ». Portés par cette dynamique, ils espèrent voir l’association grandir, accueillir encore plus de jeunes et multiplier les projets. Leur rêve : continuer à sensibiliser sur les réseaux, mais aussi franchir un nouveau cap, en réalisant un film, par exemple, sur le thème de l’école.