Diplôme, emploi, logement Jeunes actifs : pourquoi le malaise s'installe, selon le Haut-commissariat au Plan

Laura El Feky
Publié le 27-11-2025

En bref

  • Près des trois quarts des Français estiment que « c’était mieux avant », un refrain que reprennent aussi deux jeunes sur trois.
  • Une génération pourtant plus diplômée, mieux payée et disposant de davantage de temps libre que celle d'il y a 50 ans.
  • Mais selon le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan, l'accès à un emploi stable ou à un logement autonome est devenu un véritable parcours d'obstacles pour les jeunes.
malaise jeunes difficultés emploi logement
Les salaires des jeunes ont bien augmenté en 50 ans, mais moins vite que ceux du reste de la population. Crédit : Vitaly Gariev / Unsplash

Un sentiment de déclassement

La jeune génération est confrontée à un paradoxe. Sur le papier, les trentenaires d’aujourd’hui pourraient donner l’impression d’être mieux lotis que leurs aînés : ils sont plus diplômés, gagnent plus et travaillent moins qu’il y a cinquante ans. Leurs conditions de vie se sont aussi globalement améliorées, avec notamment plus de temps consacré aux loisirs. Pourtant, d’après la note « Jeunesse d’hier et d’aujourd’hui : le grand déclassement ? » du Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan, lorsqu’on les compare aux générations précédentes au même âge, le tableau est bien plus nuancé. Premier constat, si les jeunes sont de plus en plus diplômés, les emplois disponibles n’ont pas suivi le même rythme. Résultat, leurs qualifications dépassent souvent le niveau des postes qu’ils occupent. En parallèle, l’accès à un emploi stable se révèle plus difficile. En 2023, seuls 35 % des moins de 25 ans travaillaient et parmi eux, moins de la moitié avaient un contrat durable, contre 75 % en 1982. Autre signe de détérioration, près de 30 % des jeunes subissent un contrôle hiérarchique constant, contre 17 % en 1984. Un tiers se déclare même souvent ou toujours sous pression. Enfin, si les salaires des jeunes ont augmenté depuis 1975, leur progression reste inférieure à celle du reste de la population, ce qui les fait reculer dans l’échelle des salaires. Le fossé générationnel est encore plus frappant dans l’accès au logement.

Une autonomie plus difficile à atteindre

Aujourd’hui, devenir propriétaire reste théoriquement possible pour un jeune, mais au prix d’un effort financier bien plus lourd que celui demandé à leurs parents. Pour un même logement, avec le même apport personnel et le même taux d’effort, il faut en moyenne 23 ans pour rembourser son achat, contre 10 ans en 1975. Dans ce contexte, l’aide familiale devient souvent indispensable, creusant un peu plus les écarts entre ceux qui peuvent compter sur un capital de départ et ceux qui doivent se débrouiller seuls. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la majorité des jeunes les plus aisés possède son logement (67%) et cette proportion a nettement augmenté depuis les années 1970 (43%). À l’inverse, parmi les jeunes de 25 à 45 ans les plus modestes, très peu sont propriétaires (17%), bien moins qu’en 1973 (35%). Ces difficultés économiques ne sont qu’une partie des défis auxquels la jeune génération est confrontée. Celle-ci doit également composer avec des enjeux nouveaux, notamment environnementaux, que leurs aînés ne connaissaient pas. Malgré tout, les jeunes gardent espoir, souligne Clément Beaune, Haut-commissaire à la Stratégie et au Plan. Plus de la moitié des 18-24 ans pensent qu’ils seront plus heureux en 2035 qu’aujourd’hui, bien au-delà de la moyenne nationale, qui s’établit à un Français sur cinq.

Nous rencontrer Nous rencontrer

Le réseau Info jeunes est accessible à tous les publics (collégiens, lycéens, étudiants, salariés, demandeurs d'emploi...) mais aussi à leurs parents, à leurs enseignants et à tous les travailleurs sociaux. L'accès est libre et gratuit.