Bourget 2025 Devenir pilote d’avion après le bac : le parcours inspirant d’Adam
En bref
- Le lieutenant Adam est devenu pilote de transport militaire dans l’armée de l’air et de l’espace grâce à une sélection post-bac ouverte à tous, exigeante mais accessible.
- Il pilote l’avion militaire A400M, un géant de 45 mètres de long, pour des missions humanitaires, des exercices internationaux ou des vols techniques sur les cinq continents.
- Méconnu du grand public, le transport aérien militaire est pourtant essentiel, avec un fort esprit d’équipe entre pilotes, copilotes et techniciens.
Formation pilote militaire : une voie après le bac sans prépa ni concours
À 28 ans, le lieutenant Adam a déjà posé les roues de son avion sur les cinq continents. Pilote de transport dans l’Armée de l’Air et de l’Espace depuis six ans et demi, il est aujourd’hui affecté à l’escadron Béarn, sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy. À ses commandes : l’A400M, un mastodonte polyvalent capable de transporter troupes, matériel ou blessés — et qui sera exposé au Salon du Bourget 2025, du 16 au 22 juin. « J’ai toujours voulu être pilote », confie-t-il simplement. Une vocation qui aurait pu rester un rêve, si Adam ne s’était pas engagé dans la voie des officiers sous contrat, accessible dès le bac, sans prépa ni concours d’école d’ingénieur, et jusqu’à 27 ans. La sélection se fait sur dossier, puis sur quatre jours d’épreuves à la base aérienne de Tours. « J’avais zéro heure de vol. Je n’avais jamais touché un manche avant d’intégrer la formation », sourit-il. En 2018, il franchit les premières étapes de la formation militaire, puis aéronautique, avec un parcours progressif : planeur, avion léger, voltige, vol en formation. Tous les élèves pilotes suivent d’abord un tronc commun, avant d’être orientés – selon leurs vœux, leurs résultats et les besoins de l’armée – vers l’aviation de chasse, de transport ou d’hélicoptère. Adam, lui, savait dès le départ qu’il voulait faire du transport. Loin des clichés d’une élite inaccessible, il insiste sur la diversité des profils : « Dans ma promo, il y avait de tout : des bacs généraux, technos, des ingénieurs, des extravertis, des discrets… Il n’y a pas de pilote type. » Il souligne aussi que l’armée de l’air est celle qui compte le plus de femmes parmi les trois armées : 25 % des effectifs. Ce qui compte, selon lui, ce n’est pas le bagage académique, mais la motivation, la capacité à apprendre et à tenir dans la durée. « La formation est exigeante, mais si on s’accroche, c’est possible. »
Être pilote d’A400M : missions, rythme et vie au sein de l’armée de l’air et de l'espace
« Aucune journée ne se ressemble », résume Adam, visiblement attaché à la richesse de son quotidien. Piloter un A400M dans l’armée de l’air, c’est alterner entre vols d’entraînement à très basse altitude, ravitaillements en vol, largages de matériel, évacuations sanitaires, ou encore transport de troupes sur des théâtres d’opérations à l’autre bout du monde. Il évoque notamment la catastrophe de Mayotte en décembre 2024, une mission express en Nouvelle-Calédonie, ou encore un exercice avec des avions de plusieurs armées européennes en vol simultané. Avant chaque mission, tout doit être anticipé : itinéraire, météo, quantité de carburant, nature des charges embarquées… « On passe du temps à préparer, puis on vole, et quand on ne vole pas, on révise nos procédures, on fait des séances en simulateur ou des vols d’entraînement. Il faut toujours rester au niveau. » Le rythme se montre soutenu, mais organisé. Contrairement à l’image parfois fantasmée du militaire en permanence sur le terrain, la vie en escadron laisse aussi de l’espace pour une vie personnelle. « On peut habiter en ville, avoir une vie normale, voir ses amis. Et dans l’armée de l’air, on a 45 jours de permission par an. » Une respiration nécessaire, surtout dans un métier où les missions peuvent durer plusieurs semaines. « Il faut être en forme, physiquement et mentalement. »
Pilote de transport militaire : un métier d’équipe méconnu, mais essentiel
Quand on pense « pilote dans l’armée », c’est souvent la silhouette d’un avion de chasse qui vient en tête. Pourtant, loin du mirage des Rafale, il existe une autre aviation, moins médiatisée, mais tout aussi stratégique : celle du transport. « On en parle peu, mais c’est un métier essentiel, avec une grande diversité de missions et un esprit d’équipe très fort », souligne Adam. À bord de l’A400M, rien ne se fait en solo. Le binôme commandant de bord-copilote est à la base de tout vol, chacun ayant un rôle bien défini. « Le commandant de bord est assis à gauche, le copilote à droite. En mission, l’un pilote pendant que l’autre surveille. On échange les rôles au retour. » À cela s’ajoute un troisième acteur fondamental : le loadmaster, ou chef de soute. Il coordonne le chargement et le déchargement des palettes de fret, en lien constant avec le cockpit. « C’est un vrai travail d’équipe, avant, pendant et après chaque vol. » Et si certaines missions peuvent impressionner sur le papier, Adam insiste : « Le risque est toujours calculé, anticipé. On met en place plusieurs moyens de réaction. Je n’ai jamais eu peur. » La machine, dit-il, est extrêmement fiable, et l’encadrement opérationnel très rigoureux. Alors, à ceux qui hésitent à se lancer, son message est clair : « Il ne faut pas se mettre de barrières. Ce n’est pas réservé à une élite : il suffit d’avoir un bac et d’oser tenter sa chance. » Une invitation à dépasser les préjugés, à croire en ses capacités et à prendre son envol.