Lorraine, neuropsychologue : un métier au carrefour de la psychologie et de la neurologie

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Lorraine, neuropsychologue : un métier au carrefour de la psychologie et de la neurologie

Lorraine, diplômée d’un master en neuropsychologie, nous parle de son métier de neuropsychologue qu’elle exerce depuis trois ans.

En quoi consiste le métier de neuropsychologue ?

 

Lorraine, neuropsychologue : "Le neuropsychologue est là pour mettre en œuvre des moyens d’action pour accompagner le patient et lui apporter un soutien psychologique. C’est un métier qui demande beaucoup de patience, de tolérance et d’empathie.

Je suis salariée 3 jours par semaine dans un EHPAD, mon travail consiste à faire le lien entre le résident, les familles et le personnel soignant. En tant que psychologue on perçoit le patient dans sa globalité. Le résident n’est pas juste une toilette difficile ou une hanche cassée c'est pourquoi je propose un accompagnement psychologique. Enfin, on met aussi en place des actions de sensibilisation aux maladies neurologiques auprès des familles. 

Le reste de la semaine, je travaille comme auto-entrepreneuse à l’association France Alzheimer. Je forme et j'informe les familles qui ont un proche qui souffre de troubles cognitifs (perte de la mémoire, de l’attention…). J’interviens aussi auprès des malades, j’organise par exemple des ateliers mémoire. Pas pour récupérer la mémoire car ça ce n’est pas possible. En revanche on va stimuler à travers des jeux, de la musique ou de la peinture ce qui marche, pour que cela fonctionne le plus longtemps possible ! En général on est un petit groupe de 8 à 10 participants. On travaille aussi sur l’estime de soi, j’essaie de casser l'aspect participant d’un côté et thérapeute de l’autre. Je demande donc régulièrement aux participants d’animer l’atelier."

Comment vous est venu l’idée de devenir neuropsychologue ?

Lorraine, neuropsychologue : "En terminale j'ai eu envie de suivre des études de psychologie pour ensuite travailler dans les ressources humaines. Je n’ai découvert la neuropsychologie qu’en deuxième année de licence de psycho. L’approche m’a tout de suite plu, ça paraît davantage scientifique contrairement à d’autres versants de la psychologie qui se basent plus sur des hypothèses."

Qu’est-ce qui vous plaît dans le métier de neuropsychologue ?

Lorraine, neuropsychologue : "Dans le milieu hospitalier tout doit aller vite et on n’oublie parfois le sens des choses. Notre mission en tant que neuropsychologue est de ramener du sens, justement. C’est un métier passionnant, ce qui me plaît c’est de devoir désamorcer des situations. 

Je me souviens notamment d’un patient qui avait un fort dosage en neuroleptique ce qui provoquait chez lui des troubles de la parole. Il avait beaucoup de mal à s’exprimer ce qui rendait les soins compliqués pour le personnel soignant. On a mis en place un imagier pour qu’il puisse s’exprimer et formuler des demandes du quotidien, plus de sel dans son plat par exemple, mais aussi des demandes de l’ordre du loisir. Je me suis aperçu qu’il adorait écouter des histoires. On a donc intégré cette demande dans l’imagier.

Jusque-là il était souvent seul dans sa chambre, il s’ennuyait. Cet imagier lui a fait beaucoup de bien et a aussi amélioré ses relations avec le personnel soignant et son ex-femme qui venait le voir régulièrement mais avec qui il avait du mal à communiquer."

Mi-temps dans une maison de retraite, mi-temps comme auto-entrepreneur…cumuler deux jobs, c’est courant chez les psy ?

Lorraine, neuropsychologue : "Le temps complet est rare chez les psychologues. Au début le mi-temps s'est imposé à moi, mais finalement c’est devenu un choix car on m’a demandé par la suite de travailler à temps complet et j’ai refusé. Le mi-temps permet de garder une certaine liberté d’esprit et aide à garder de la distance pour avoir le recul nécessaire sur le fonctionnement de l’équipe.

Il faut savoir que dans le métier, il y a peu de CDI, en revanche il y a quand même du travail. J’ai été diplômée en juillet et j’ai eu mon premier contrat en octobre. De mémoire, tous les autres étudiants de ma promo sont en poste. Certains secteurs recrutent plus que d’autres : la gériatrie embauche, à l'inverse, en sortie d’études il y a beaucoup moins de postes auprès des enfants.

Enfin, il faut être mobile géographiquement ou sinon accepter de passer du temps sur les routes. Mes deux mi-temps n'étant pas dans la même ville, j’ai en moyenne 3 heures de transport par jour."

Comment se sont passées les premières années après vos études de psychologie ?

Lorraine, neuropsychologue : "Mon premier poste en sortie d’études était un remplacement dans un EHPAD. Je sortais d’un stage de fin d’études dans une structure de la même taille partageant la même philosophie, donc ça allait. Et puis j’avais des collègues expérimentés avec qui je pouvais échanger. Les expériences suivantes n’ont pas été si faciles. Il faut savoir faire sa place auprès des équipes soignantes et de la direction. On ne nous attend pas comme le messie, bien au contraire ! Certains établissements sont obligés d’avoir des psychologues, mais ils ne savent pas toujours très bien pourquoi. Face à la méconnaissance de notre travail et nos missions, il faut réussir à s’imposer. Le tout est de rester serein et ne pas tomber dans l’agressivité. Bref, ne rien lâcher, mais sans s’énerver car sinon c’est contreproductif !

Je pense aussi qu’il faut prendre le temps de se renseigner sur ce qui se fait dans les autres pays afin d’apporter des pistes nouvelles à notre travail. Se former aussi tout au long de sa carrière est également important, pour ma part j’aimerais reprendre un DU en systémie familiale. 

Enfin, et c’est valable tout au long de sa carrière, il ne faut pas hésiter à échanger avec des confrères. Régulièrement avec d'autres psychologues de ma région on se retrouve autour d’un café  pour discuter de nos situations. C’est vraiment très enrichissant, je recommande ce genre de pratique !"

Quel salaire ? En tant que micro-entrepreneur un neuropsychologue débutant peut gagner 50€/heure, ce qui revient environ à 37€ l’heure après déduction des charges. Dans un établissement public, avec le statut de contractuel la salaire d’un mi-temps varie entre 740 et 960 euros net/heure. 

La rédaction © CIDJ
Article mis à jour le 06-12-2016 / créé le 06-12-2016