Décryptage Nouveau visage des jobs peu qualifiés : jeunes, femmes et immigrés en première ligne

Zoé Ruffy
Publié le 21-11-2025

En bref

  • On les pensait voués à disparaître, balayés par la robotisation et la montée en compétences.
  • Pourtant, les emplois peu qualifiés tiennent bon. Ils demeurent même massifs sur le marché du travail.
  • En 2023, plus d’un salarié sur six occupait encore un de ces postes, selon un nouveau rapport du Centre d'études et de recherches sur les qualifications.
alt="Ouvriers logistique en entrepôt, un des nouveaux emplois peu qualifiés en France."
Les jeunes et les femmes sont surreprésentés dans les nouveaux métiers peu qualifiés du tertiaire. Crédit : Canva - CIDJ

1 jeune sur 5 débute avec un job peu qualifié

Depuis les années 1960, beaucoup de spécialistes prédisaient une montée générale des qualifications, impliquant une extinction des emplois peu qualifiés. Mais une étude du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications), publiée en novembre 2025, vient faire mentir les pronostics. Depuis vingt ans, la part des emplois peu qualifiés reste stable. Même si les postes de cadres ont augmenté, les emplois peu qualifiés n’ont pas diminué. Ils représentent même une étape importante pour les jeunes qui commencent à travailler : 22 % obtiennent un premier emploi de ce type. S’ils sont loin d’avoir disparu, ces métiers ont bien “changé de visage”.

Ils se sont déplacés des usines vers les entrepôts, les cuisines, les chantiers ou chez les particuliers. L’étude observe ainsi la montée des métiers de la logistique, du transport, de l’entretien, de l’aide à domicile et de la restauration. Ainsi, la part de manutentionnaires a été divisée par deux, entre 2004 et 2017, tandis que celle des ouvriers de la logistique et du transport a presque doublé.

Précarité et invisibilité : le profil des nouveaux salariés peu qualifiés

Bas salaires, contrats courts, alternance avec le chômage, pénibilité et faible accès à la formation… Ces mutations s’accompagnent d’une précarité persistante. Les jeunes et les personnes immigrées sont surreprésentés dans les emplois peu qualifiés, notamment dans les filières de la sécurité, du bâtiment et des services à la personne. Par ailleurs, le Céreq souligne la féminisation marquée de ces emplois : en 2020, un quart des femmes salariées occupaient un emploi peu qualifié, contre 14 % des hommes. Quarante ans plus tôt, la tendance était inversée, avec des emplois le plus souvent masculins et à temps plein. Ces ouvriers pouvaient compter sur une progression de carrière dans l’entreprise et sur le soutien des syndicats, une norme moins présente aujourd’hui  dans le tertiaire.

Aides à domicile, agents d’entretien, trieurs de déchets, ouvriers du bâtiment ou de l’agroalimentaire : ces métiers essentiels mobilisent des compétences réelles (autonomie, habileté, rapidité d’exécution), pourtant la reconnaissance de ces métiers reste à la peine.

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