L'appel de la nature Un enseignement agricole en plein essor, mais sous tension budgétaire
En bref
- Dans l’enseignement agricole, l’origine socioprofessionnelle des élèves est plus diversifiée que par le passé avec moins de 9% des étudiants, issus du monde agricole.
- Avec près de 218 000 élèves, étudiants et apprentis inscrits pour l’année scolaire 2024-2025, la filière enregistre une hausse de 7% sur cinq ans.
- Selon les syndicats, cette dynamique pourrait être mise à mal par les coupes budgétaires annoncées dans le cadre du projet de loi de finances 2025.
Des effectifs en hausse à tous les niveaux
Le portrait de l’enseignement agricole 2025, publié en mars dernier par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, révèle une hausse des effectifs de 1,3% par rapport à l’année précédente. Cette augmentation consolide une tendance haussière qui atteint désormais 7% sur cinq ans, rattrapant ainsi la baisse des effectifs connue dans les années 2010. L’engouement pour l’enseignement agricole se manifeste à tous les niveaux de formation, avec une progression particulièrement marquée dans les classes de collège, en 4ᵉ et 3ᵉ, (+3,8%) et en CAP (+2,7%). Les formations supérieures ne sont toutefois pas en reste, avec une augmentation de près de 2% pour les BTSA et BTS et de 0,5% pour l’enseignement supérieur long. On remarque aussi que l’origine socioprofessionnelle des élèves de l’enseignement agricole s’est considérablement diversifiée au fil des décennies. Alors qu’en 1990, « près de 4 élèves sur dix étaient enfants d’agriculteurs ou de salariés agricoles », ils ne représentent plus qu’à peine 9% des effectifs en 2024. Cette transformation pourrait s’expliquer en grande partie par la variété des formations proposées.
De bons taux d’insertion et des tensions… budgétaires
Loin de se limiter au seul métier d’agriculteur, la filière offre un éventail de plus de 200 professions. De la 4e aux diplômes d’ingénieur agronome, vétérinaire et paysagiste, l’enseignement agricole forme à des métiers aussi variés que la production agricole, l’agroalimentaire, l’aménagement des espaces ou encore les services en milieu rural. Sur Parcoursup, ce sont plus de 30 000 places, réparties équitablement entre la voie scolaire et l’apprentissage, qui sont proposées par les 800 établissements référencés sur la plateforme. Et ces formations répondent aux enjeux cruciaux de notre époque : souveraineté alimentaire, transitions écologiques, mais aussi renouvellement des générations, alors que près de la moitié des agriculteurs devrait partir à la retraite d'ici à 2030. Autre atout pour les jeunes générations, le secteur enregistre des taux de réussite aux examens supérieurs à 80% et des taux d’insertion professionnelle particulièrement élevés, avec 92% des diplômés d’un BTSA en emploi trois ans après l’obtention de son diplôme. Cette dynamique est toutefois fragilisée par une répartition inégale des effectifs entre le public et le privé. Les établissements publics accueillent 44% des élèves et des apprentis dans l’enseignement technique agricole, contre 56% pour le privé qui connaît une croissance plus rapide. À cela s’ajoutent les menaces des coupes budgétaires annoncées pour 2025 et la suppression de « 45 postes d’enseignements » dès la rentrée prochaine qui sont, selon une intersyndicale de l’enseignement agricole public (regroupant les syndicats Snetap-FSU, FO enseignement agricole, CGT Agri et Sud Rural Territoires), en contradiction avec les ambitions affichées dans la loi d’orientation agricole (LOA) « d’augmenter de 30% le nombre de jeunes formés ».