Money, money Bourses étudiantes 2024-2025 : pourquoi le taux d’attribution atteint son plus bas depuis 10 ans
En bref
- Selon une note du ministère de l’Enseignement supérieur, le nombre de boursiers a fortement baissé en 2024-2025.
- Pour la première fois en six ans, les montants des bourses n’ont pas été augmentés.
- À la rentrée 2024, près de 4 étudiants sur 10 des formations éligibles (c’est-à-dire habilitées par le ministère de l’Enseignement supérieur à recevoir des bourses) étaient boursiers.
Une baisse historique du nombre d’étudiants boursiers
L’année 2024-2025 n’a pas seulement été marquée par une baisse du nombre de bourses, mais aussi par une diminution de la part de boursiers parmi les étudiants éligibles. Une note de la sous-direction des systèmes d'information et études statistiques (Sies) met en lumière la diminution du nombre de boursiers depuis ces dix dernières années. Ainsi, 662 000 étudiants ont perçu une bourse sur critères sociaux, soit 17 000 de moins que l’année précédente. Cette diminution s’inscrit dans une tendance générale de recul, observée depuis la crise liée au Covid. Elle s’explique notamment par la forte hausse des contrats d’apprentissage, dont le statut exclut les jeunes de l’éligibilité aux bourses sur critères sociaux. Cette baisse n’a été interrompue ponctuellement qu’en 2023, lors de la réforme des bourses. Ce dispositif avait élargi les critères financiers d’accès aux aides, entraînant une hausse temporaire de 14 000 bénéficiaires.
Un an plus tard, la diminution du nombre de boursiers est due à un autre mécanisme : le barème national, qui calcule les montants en fonction des ressources familiales, n’a pas été revalorisé en 2024. Avec l’inflation, les salaires les plus modestes et le Smic ont été revus à la hausse, entraînant une augmentation des revenus familiaux. De nombreux étudiants, dont les familles ne remplissaient plus les critères financiers, ont perdu l’accès à leur bourse. Enfin, les montants des bourses eux-mêmes n’ont pas été revalorisés, une première depuis six ans.
Des disparités selon les académies, les filières et le type d’établissement
Au-delà de la baisse globale, la part d’étudiants boursiers varie fortement selon les académies. À Paris et Versailles, seuls un quart des étudiants perçoivent ces aides, contre des proportions plus élevées dans les territoires d’outre-mer. Ainsi, 52 % d’étudiants sont boursiers en Guyane et 63% à La Réunion. Dans l'Hexagone, la Corse (48 %) et Montpellier (45 %) affichent les taux les plus élevés.
Des contrastes sont aussi mis en lumière à travers le profil des bénéficiaires. Le rapport montre que les établissements publics accueillent « une part deux fois plus importante de boursiers » (39 %) que les établissements privés. Cet écart se retrouve aussi entre les filières : la moitié des étudiants de STS (sections de technicien supérieur, qui mènent au BTS) sont boursiers, soit deux fois plus que dans les classes préparatoires aux grandes écoles (26 %) et cinq fois plus que dans les écoles de commerce (10 %). Les étudiantes sont aussi plus nombreuses à bénéficier d’une bourse (38 %) que leurs homologues masculins (33 %). Cette différence s’explique par le fait que, dans les milieux les plus modestes, les femmes poursuivent plus souvent des études.
Focus
Une réforme des bourses en cours
Une première étape de la réforme des bourses, mise en place à la rentrée 2023, a permis à 35 000 étudiants issus des classes moyennes de devenir boursiers. Concrètement, un enfant de deux employés au salaire moyen (1 801 € nets mensuels chacun) est désormais éligible au premier échelon. Ces nouveaux boursiers perçoivent 1 450 € d’aides sur 10 mois et bénéficient des avantages associés (exonération des frais d’inscription, repas à 1 €, logement du Crous...). De même, le montant des bourses de tous les échelons a été valorisé de 37 € par mois. Le deuxième volet de la réforme des bourses, prévu pour la rentrée 2026, a été reporté pour des raisons budgétaires.