Ça tourne ! Quand la poterie s’invite sur les réseaux sociaux

Perrine Basset Fériot
Publié le 26-02-2025

En bref

  • Lauriane et Charlotte, jeunes potières indépendantes, trouvent sur les réseaux sociaux une visibilité essentielle à leur réussite.
  • Avec Twitch, Lauriane fidélise une petite communauté et augmente ses ventes.
  • Revers de la médaille, l'animation des réseaux sociaux se révèle aussi chronophage qu'addictif.
Charlotte et Lauriane sont des jeunes potières indépendantes.
Jeunes potières, Charlotte et Lauriane partagent un même atelier au sein d'un makerspace, un lieu associatif à Nanterre. Crédit : Caroline Féral Palma - CIDJ
Lauriane et Charlotte alternent entre la création de leurs pièces et leur quotidien de prof de poterie. Crédit : Caroline Féral Palma / Perrine Basset Fériot - CIDJ
A 27 ans, Charlotte et Lauriane sont des potières indépendantes.
Présentes sur Instagram, TikTok et même Twitch, les deux potières promeuvent leurs créations sur les réseaux sociaux. Crédit : Caroline Féral Palma - CIDJ

De l’atelier aux réseaux sociaux, il n’y a qu’un pas

La première fois de Lauriane sur la plateforme Twitch relève presque du tour de force. Certes, la jeune potière de 27 ans a toujours été adepte des réseaux sociaux, mais de là à passer derrière la caméra… « En 2020, au moment du premier confinement, je n’avais pas de vraie caméra, pas de micro et un wifi approximatif », rappelle la jeune femme. Et surtout, celle qui s’est fait connaître sur Instagram sous le pseudo « Llaudem » (900 publications, 45 000 followers) proposait jusqu’alors à ses abonnés, du dessin. « C’est la streameuse Ava Mind qui m’a proposé de réaliser une vidéo sur la poterie. Et les retours ont été très positifs ». Un challenge relevé avec un certain succès, de quoi lui donner le goût du tournage sur le vif et en direct. « Streamer m’a permis d’échanger avec de nouvelles personnes, et surtout d’avoir un retour immédiat sur mon travail ». Twitch devient alors une bouffée d’air frais dans un univers clos, son petit atelier de Nanterre (92) dans lequel l’artisane exerce 7 jours sur 7. Et l’arrivée, en 2022, de Charlotte - alias « Sevenpots »- va casser d’autant plus cette solitude. Sa nouvelle collègue, qu’elle connaît depuis le lycée à Grenoble (38), apprécie tout autant le soutien reçu sur la plateforme de streaming : « Dans notre métier, on se retrouve seule face aux questions juridiques et économiques, notamment celles qui sont liées au statut d’autoentrepreneur. Il y a beaucoup d’entraide entre artistes comme de défis lancés ». Une inépuisable source d’inspiration.

Ainsi, Charlotte ne rate jamais une édition du « Claytober », un challenge visant à créer quotidiennement, un mois durant, une poterie : « L’occasion de tester de nouvelles idées et de voir si cela fonctionne, mais aussi d’apporter de la visibilité à notre travail ». Alors qu’elles gagnent chacune un SMIC par mois, une présence sur Twitch leur donne un petit coup de pouce : « En parlant avec les autres streamers, je crée une sorte de fidélisation qui se traduit parfois par des abonnements à mes contenus, c’est valorisant et cela offre un petit soutien économique ». Il arrive aussi que ses abonnés influencent ses projets : « Lors d’un live, une de mes pièces était positionnée à l’envers sur mon tour, et une personne m’a fait remarquer que cela ressemblait à un champignon. J’ai trouvé l’idée sympa, j’en ai fait une collection ! » Le revers de la médaille, les deux potières le connaissent bien : « Pendant le claytober, je passe plus de deux heures par jour à faire du montage vidéo », explique Charlotte. Sa collègue confirme : « Je gère mes réseaux sociaux dans les transports, dans mon lit, les dimanches aussi, c’est peu de dire que c’est chronophage ». Pour plaire aux algorithmes, il ne faut pas perdre le rythme. « Si les réseaux sociaux disparaissaient demain, je ne sais pas comment on s’en sortirait », reconnaît Lauriane qui consacre, chaque semaine, 12 heures de son temps à la seule plateforme Twitch. La rançon du succès à la force du poignet.

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