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Réforme du lycée professionnel : le gouvernement renonce à allonger la durée des stages

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Réforme du lycée professionnel : le gouvernement renonce à allonger la durée des stages

A l’issue des concertations sur la réforme du lycée professionnel, et faute de consensus, le gouvernement abandonne l’idée d’augmenter de 50% les périodes de stages. La mesure était unanimement contestée. 

La ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnelle, Carole Grandjean, a fait un point d’étape le 27 janvier 2023 à l’issue des concertations sur le projet de refonte du lycée professionnel. En effet, depuis le mois d’octobre, 4 groupes de travail planchaient sur les grands axes de la réforme structurelle des lycées professionnels souhaitée par Emmanuel Macron. Ces groupes de travail réunissaient une partie des syndicats des enseignants, des représentants des parents d’élèves et du monde de l’entreprise et des cadres de l’Éducation nationale sous la houlette des recteurs. Leur mission : réfléchir et échanger sur des objectifs majeurs comme la réduction du nombre de décrocheurs, l’augmentation du taux d’insertion dans l’emploi ou la sécurisation des poursuites d’études. 

Mesure phare de ces travaux, l’allongement de la durée des stages (officiellement les PFMP - période de formation en milieu professionnel) est remisé au placard. En lieu et place de cet allongement des stages, d’autres pistes sont avancées pour renforcer l’attractivité et l’efficacité du lycée professionnel. 

Une mesure unanimement contestée

Annoncé dans le cadre de son programme de campagne par Emmanuel Macron, l’allongement de la durée de 50% des stages en entreprise cristallisait une forte opposition des enseignants de lycées professionnels. Ils craignaient que l’allongement de ces stages ne se fasse au détriment des enseignements généraux dont on connaît l’importance pour une poursuite d’études. En protestation, deux mobilisations massives étaient même organisées le 17 octobre et le 18 novembre 2022.

Face à cette hostilité générale, Carole Grandjean a finalement entériné l’abandon de cette mesure à la grande satisfaction des syndicats. « Il y absence de consensus sur l’augmentation de 50% des périodes de formation en milieu professionnel sur toutes les années de formation » a reconnu la ministre. En revanche, a-t-elle poursuivi, « ce qui fait consensus, c’est que comme les élèves sont plus jeunes ils ne sont pas assez matures pour bénéficier de ces périodes de formation. Cette augmentation de 50% à tous les niveaux n’est pas forcément aussi indispensable que cela ».

Autres axes d’amélioration  

Parallèlement, les groupes de travail ont fait remonter d’autres propositions pour améliorer l’organisation de la formation en lycée professionnel.

Ces pistes sont multiples et touchent aussi bien l’organisation comme la durée de la formation : création d’une année supplémentaire facultative post-bac ou post-CAP, renforcement des options et développement de l‘apprentissage. Pour ce qui concerne les stages, la création d’un label des entreprises les mieux accueillantes et la modulation des périodes de stages sont envisagées. Pour les volets formation et missions des enseignants : développement du mentorat, animation de réseaux de tuteurs ou d’anciens élèves. Enfin pour les élèves, le développement de compétences transversales et psychosociales et la création d’un parcours d’éducation à la mobilité sont à l'étude.  

Ce point d’étape a été également l’occasion pour Carole Grandjean de confirmer l’octroi de moyens supplémentaires pour mener à bien la réforme. Car d’ores et déjà un certain nombre de dispositions sont actées pour la rentrée 2023 : la gratification des stages, le maintien du nombre des postes d’enseignants, la poursuite de l’expérimentation du dispositif « découverte des métiers » au collège. Des moyens indispensables comme le rappelle Carole Grandjean. « Sans ces moyens supplémentaires on ne pourrait pas afficher le maintien des moyens en professeurs pour la rentrée prochaine et pas non plus annoncer les gratifications pour les périodes de formation en entreprise des élèves dès la rentrée et ouvrir des pistes pour une année complémentaire ».
Ces pistes de refonte feront l’objet de rencontres bilatérales avec les organisations syndicales ainsi que d’une présentation aux chefs d’établissement. 

Avec la fin de ces concertations, le gouvernement entérine de nouvelles décisions et propositions pour mener à bien la réforme du lycée professionnel. Une réforme progressive mais profonde pour mieux adapter le lycée professionnel aux territoires. Les prochains arbitrages sont attendus au printemps prochain. 


Lycée professionnel : une filière reconnue mais insuffisamment valorisée

Un projet de réforme du lycée professionnel qui arrive à point nommé pour redorer l’image d’une filière qui malgré son image positive peine à attirer. Selon un sondage Viavoice sur la perception du lycée professionnel pour le collectif une Voie pour tous, collectif citoyen portant des propositions pour réformer l’enseignement professionnel, le lycée professionnel a une meilleure image que l’éducation en France de manière générale. Alors que l’éducation ne recueille que 49% d’opinions positives, 65% des sondés ont une bonne opinion du lycée professionnel. A son actif : les débouchés, les compétences professionnelles ainsi que les connaissances et savoirs théoriques apportés par la formation. Une image positive également partagée par ceux qui ont été, ou sont eux-mêmes, lycéens en pro : 84% considèrent que la scolarité en pro est une bonne expérience voire une très bonne expérience (pour 1/3 d’entre eux). 

Mais les atouts du lycée professionnel s’arrêtent là. Ce sondage en pointe aussi les faiblesses. Le lycée professionnel est avant tout perçu comme un choix d’orientation par défaut pour des jeunes qui ne peuvent aller vers la voie générale ou technologique. Seuls 53% des lycéens professionnels ont fait le choix d’y aller quand 43% y ont été incités par leur famille ou les enseignants. Une orientation subie qui reproduit les stéréotypes sociaux et les préjugés sur cette filière : « c’est une filière destinée aux jeunes en difficultés scolaires et provenant de milieux défavorisés ». Parallèlement, les sondés reconnaissent que la filière bac pro manque de valorisation (65%) et de moyens humains et financiers (43%). 

En mettant en avant une nouvelle fois les forces et faiblesses du lycée professionnel, ce sondage montre l’urgence de s’atteler à la poursuite de la réforme de cette filière professionnelle qui demeure une voie d’orientation comme les autres, ni plus ni moins, et en tout cas aussi valorisante que les autres. 

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 14-02-2023 / créée le 14-02-2023

Crédit photo : Pixabay