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Les jeunes font de moins en moins l’amour

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Dans un sondage publié en février 2023, 43 % des 18-25 ans affirmaient ne pas avoir eu de partenaire sexuel l’an passé.

Dans un sondage publié en février 2023, 43 % des jeunes de 18 à 25 ans affirmaient ne pas avoir eu de partenaire sexuel l’an passé. Abstinence volontaire, rôle du porno ou refus des injonctions sociétales, les raisons de cette tendance de fond sont multiples. 

Les relations sexuelles en berne chez les jeunes ? C’est la tendance qui se dégage d'un sondage IFOP de février 2023 : 43 % des jeunes Français de 18 à 25 ans n’ont pas eu de rapports charnels durant les 12 derniers mois. Soit, le même taux que l’an passé, lui-même en hausse de 18 points par rapport à 2015, comme le rappelle Le Point.

Et pour expliquer ce phénomène, l’hebdomadaire cite un inventaire à la Prévert dressé par la journaliste américaine Kate Julian et publié en décembre 2018 dans les colonnes de The Atlantic.

« Toujours un fléau moderne pour expliquer les problèmes de libido »

« On m'a dit que c'était peut-être la conséquence de la culture des coups d'un soir, de la pression économique, de l'anxiété croissante, de la fragilité psychologique, des antidépresseurs, du streaming, des œstrogènes relâchés dans l'environnement, de la baisse des taux de testostérone, du porno sur Internet, de la popularité des vibromasseurs, des applis de rencontre, de la paralysie devant la surabondance de choix, des parents trop présents, du carriérisme, des smartphones, de l'info en continu, du manque de sommeil, de l'obésité… Il y aura toujours un fléau moderne pour expliquer les problèmes de libido », relatait la journaliste pour tenter de mettre au clair ce phénomène qui touche également une partie des jeunes Américains. 

Le porno n'est pas forcément en cause

L'argument de la consommation par les jeunes de contenus à caractère pornographique revient, comme le ressac des vagues sur la plage, pour expliquer la fréquence moindre à laquelle ils s'adonnent à des parties de jambes en l’air. Une antienne battue en brèche par certains universitaires. C’est le cas notamment de Ludi Demol, chercheuse en sciences de l’information et de la communication et spécialiste de la pornographie chez les jeunes.

« On confond souvent causalité et corrélation. Aujourd’hui, aucune étude ne prouve que la fréquentation de contenus porno aurait un lien avec la diminution de la sexualité chez les jeunes », explique la doctorante, interrogée par le CIDJ.  Pour elle, la hausse de ces chiffres pourrait moins être constitutive d’une diminution des rapports sexuels chez les 18-25 ans que d’une plus grande honnêteté de la jeune génération, peut-être plus encline à assumer de ne pas percevoir le sexe comme un aboutissement en soi pour un couple. Les témoignages de personnes asexuels (qui n’éprouvent aucun désir sexuel pour quiconque) ou aromantiques (qui ne ressentent pas de sentiment amoureux envers autrui) se multiplient.

Réticences explicables ou désintérêt ? 

Crainte de l’injonction à la performance pour les garçons, peur des agressions sexuelles pour les jeunes femmes et difficulté à lâcher prise sont autant de facteurs avancés par la Gen Z pour expliquer leur réticence. Ou leur désintérêt. Dans une enquête Cluster 17 réalisée fin mai 2023 sur un échantillon représentatif de plus 1 600 personnes, 43 % des 18-24 ans considèrent comme « sans importance » d’avoir « des relations sexuelles régulièrement ». C’est la classe d’âge la moins intéressée par les rapports charnels, au coude-à-coude avec les 35-49 ans. Les 25-34 ans sont quant à eux les plus nombreux (67 %) à juger comme « important » de s’adonner fréquemment au plaisir à deux. De toutes les hypothèses, il ne faut peut-être en retenir qu'une. Au XVIIe, Nicolas Boileau avançait tout simplement que « chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs ».  

 

Florian Mestres © CIDJ
Actu mise à jour le 16-06-2023 / créée le 16-06-2023

Crédit photo : Unsplash