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Alerte : les mineurs de plus en plus accros au porno

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Alerte : les mineurs de plus en plus accroc au porno

1/3 des mineurs consultent des sites pornographiques. Désormais, ils sont aussi nombreux que les adultes sur ces plateformes. L’Arcom a publié, le 25 mai, une étude inquiétante et dérangeante sur la consultation des sites à caractère sexuel par les plus jeunes.

Les mineurs font un usage abusif de leurs smartphones mais pas uniquement pour consulter et échanger sur les réseaux sociaux. Ils sont de plus en plus nombreux à fréquenter aussi les sites pornographiques. C’est le constat alarmant que dresse une étude de Médiamétrie commandée par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). En 5 ans, la proportion de mineurs sur les plateformes pornographiques est devenue comparable à celle des adultes. « On est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs, (…) qui se fait essentiellement sur les smartphones, c’est-à-dire hors du regard parental », alerte l’Arcom. Ces chiffres troublants imposent la nécessité de réguler et de sécuriser plus efficacement l’espace numérique pour protéger les mineurs.  

1/3 des moins de 18 ans consultent chaque mois au moins un site pornographique

Les sites pour adultes attirent plus de 2,3 millions de mineurs chaque mois soit 30% d’entre eux. Amer constat : ce chiffre connaît une forte progression depuis 5 ans (+ 36%) et aujourd’hui la proportion de mineurs sur ces plateformes est quasiment comparable à celle des adultes (37%). Les trois quarts des mineurs utilisent exclusivement leurs smartphones pour ces consultations contre 55% pour les majeurs.

Ce sont les jeunes garçons qui sont le plus friands de ce genre de sites. Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons passent en moyenne une heure par mois sur les sites pornos. « Ces mineurs sont encore plus jeunes que ce qu’on pensait. On a 51% des garçons de 12-13 ans qui regardent des sites pornographiques chaque mois, et quand même 21% des garçons de 10-11 ans », constate Laurence Pécaut-Rivolier, présidente du groupe de travail sur la protection des publics auprès de l’Arcom. La fréquentation des adolescentes est quant à elle très inférieure à celle des garçons et l’écart se creuse avec l’âge. De 14 ans à 18 ans, les jeunes filles sont moitié moins nombreuses que les garçons à regarder du porno et y consacrent moitié moins de temps que les garçons.

L’audience des sites pornographiques par les mineurs se concentre sur un faible nombre de sites. Le top 5 des sites consultés totalisent 59% du temps passé. En tête des consultations, le site Pornhub. Depuis 5 ans, il connaît une véritable envolée auprès des mineurs et sa consultation mensuelle est passée de 0,5 million à 1,4 million de mineurs entre 2017 et 2022.  

Réguler et interdire l'accès aux mineurs

Ces chiffres alarmants rappellent plus que jamais la nécessité de faire respecter la loi. Prévue par le Code pénal et réaffirmée par la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes des violences conjugales, les diffuseurs de contenus pornographiques ont l'obligation de vérifier l’âge de leurs utilisateurs. La loi rappelle que le non-respect de cette obligation est puni légalement et que le contrôle de l’âge ne saurait résulter d’une simple déclaration sur l’honneur. C’est sur cette base que le directeur de l’Arcom a mis en demeure une dizaine de sites (dont Pornhub) en décembre 2021 pour qu’ils instaurent un contrôle effectif de l’âge des internautes. Le verdict est attendu le 7 juillet 2023.

Parallèlement, le gouvernement étudie différentes pistes pour restreindre l’accès des mineurs aux sites pornographiques. Depuis fin mars une solution basée sur une vérification d'âge qui respecte un principe de double anonymat est expérimentée. Dans ce système, l'attestation numérique de majorité serait délivrée par une application tierce (ou neutre) qui fait l'interface entre l'internaute et l'éditeur de contenu : celui qui fournit l'attestation ne sait pas pourquoi elle va être utilisée, le site sur lequel l'attestation est utilisée ne connaît pas l'identité de la personne. "Cela fonctionnera un peu comme le contrôle demandé par votre banque lorsque vous réalisez un achat en ligne sauf que ce certificat de majorité sera anonyme" a expliqué le ministre délégué au numérique, Jean-Noël Barrot, lors d'une audition devant la délégation aux droits de l'enfant à l'Assemblée nationale. Le gouvernement œuvre également sur le plan législatif. Un projet de loi, actuellement en discussion, visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique prévoit de renforcer les pouvoirs de l’Arcom et de lui donner la possibilité de bloquer, sans passer par un juge, les sites pornographiques qui ne vérifient pas correctement l’âge de leurs visiteurs. «Il est urgent de soustraire nos enfants au déferlement des images porno[graphiques] sur Internet et de faire respecter la loi une fois pour toutes » insiste Jean-Noël Barrot. Cette nouvelle étude de l’Arcom est là pour le rappeler.

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 31-05-2023 / créée le 31-05-2023

Crédit photo : Franco Alva / Unsplash