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Étudiants ultramarins, de quelles aides pouvez-vous bénéficier ?

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Étudiants ultramarins, de quelles aides pouvez-vous bénéficier ?

Comme la jeune Maëlle qui a récemment dénoncé la baisse de sa bourse sur les réseaux sociaux, de nombreux étudiants ultramarins en Métropole sont confrontés à des difficultés financières. En attendant une véritable réforme du système de bourses permettant aux étudiants de vivre décemment, la rédaction de cidj.com vous propose un point sur les aides accessibles.

Un cri d’alerte. Le coup de gueule poussé par Maëlle le 31 octobre dernier sur un célèbre réseau social n’a laissé personne indifférent. L’étudiante en 4e année à Sciences Po ne perçoit plus que 100 euros de bourse par mois. Une somme dérisoire au regard des dépenses qu’elle assume loin de ses parents vivant à Mayotte. Elle travaille en parallèle de ses études à temps plein. Mais cela reste insuffisant pour vivre correctement.

« Ma sœur a payé mon loyer du mois d’octobre », confie-t-elle dans sa vidéo, en pleurs et s’inquiétant des mois à venir. Une hausse des revenus de ses parents a entraîné un changement d’échelon de sa bourse. Elle reçoit désormais l’échelon 0bis, soit 1 084 € sur 10 mois. Sauf que ses parents, subsistant déjà difficilement, ne peuvent guère l’aider. Situation complexe à laquelle de nombreux étudiants ultramarins font face.

L’étudiante dénonce un « système de bourses injuste ». La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a répondu à Maëlle (et aux étudiants en difficulté) par réseau social interposé : « Vous devez trop souvent faire face à la précarité alors que vous préparez votre avenir, qui est aussi notre avenir ». Et de rappeler qu’une concertation sur la vie étudiante notamment sur la réforme des bourses sur critères sociaux a été lancée en octobre. En attendant, la ministre encourage les étudiants à demander une aide d’urgence au Crous en cas de besoin.

« On se rend compte que les familles et les jeunes ne connaissent pas forcément tous les dispositifs d’aide dont ils peuvent bénéficier », constate Jean-Marie Bargot, directeur de l’association Solidarité Dom Tom située à Montpellier. Aide d’urgence du Crous, aide à la mobilité en master, aide à la mobilité Parcoursup, aide de l’Agence de l’outre-mer pour la Mobilité (LADOM)… Voici un tour d’horizon des soutiens financiers auxquels les étudiants ultramarins peuvent prétendre.

Étudiants ultramarins : des aides financières pour étudier en Métropole

Depuis la rentrée 2022, les modalités d’examen du droit à bourses sur critères sociaux ont été modifiées afin de mieux prendre en compte l’éloignement géographique des étudiants. Des points de charge sont attribués pour majorer les plafonds de revenus déterminant l’éligibilité. Ainsi, les étudiants réalisant leurs études à plus de 250 kilomètres de leur foyer obtenaient jusqu’à deux points de charge.

Ces derniers sont dorénavant majorés dans les situations suivantes :
• 3 points de charge (au total) pour une mobilité entre 3 500 et 13 000 km (notamment pour les étudiants de la Réunion, de Mayotte, de la Guyane, de la Martinique, et de la Guadeloupe en mobilité dans l’hexagone) ;
• 4 points (au total) pour une mobilité à partir de 13 000 km (notamment pour les étudiants de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française en mobilité dans l’hexagone).

Ce nouveau mode d’appréciation des demandes de bourses devrait augmenter le montant perçu par les étudiants déjà boursiers et élargir l’éligibilité à d’autres.

Par ailleurs, les étudiants ultramarins à la charge de leurs parents résidants en outre-mer peuvent bénéficier du maintien de leur bourse pendant les vacances d’été.

Les Crous accordent également une priorité aux étudiants arrivés d’outre-mer dans l’attribution de logements en résidence universitaire. Même si cela ne répond pas à l’importante demande, comme le signalait Jôsl'ie-Fritz, une étudiante venue de Guadeloupe que nous avions interviewée en 2019.

Une aide financière ponctuelle d’un montant maximum de 2 701 € est délivrée par les Crous pour les étudiants connaissant de graves difficultés. Elle peut être attribuée plusieurs fois au cours de la même année universitaire sans excéder 5 402 €. La direction du Crous peut autoriser un versement de 500 € en urgence avant même l’examen de la demande.

Les étudiants non boursiers peuvent prétendre à une aide annuelle dont le montant correspond à l’un des échelons 0 bis (1 084 €) à 7 (5 965 €) des bourses sur critères sociaux.

Autres aides pour les étudiants ultramarins

Pour permettre aux étudiants ultramarins de rentrer dans leur région l’été, l’Agence de l’outre-mer pour la Mobilité (LADOM) propose de prendre en charge un billet d’avion aller-retour, financé à 100 % pour les boursiers, à 50 % pour les non-boursiers, sous conditions de ressources.

Effectuer une mobilité géographique pour des études post-bac ou pour un master donne lieu à des aides d’un montant de 500 ou 1 000 €.

À côté des aides de l’État, des associations proposent aux étudiants ultramarins un accompagnement administratif et/ou social. Il en existe une quinzaine sur le territoire. Elles ont notamment distribué des paniers-repas durant le Covid. « Les institutions ont bien conscience que les associations comme la nôtre accomplissent un énorme travail de soutien envers les étudiants ultramarins », déclare Omar Boina, président de l’Association des étudiants mahorais de Poitiers. Il déplore un manque de moyens et souhaite une meilleure collaboration avec le ministère des outre-mer, les régions et départements. Autre vœu émis : que les jeunes ultramarins prennent la relève au sein d’associations comme la sienne. « Ma crainte est que la mobilisation s’arrête lorsqu’un président arrive à terme de son mandat. » Au détriment des futurs étudiants ultramarins.

L’association continue de proposer des paniers-repas à ceux qui en font la demande. Et elle n’est pas la seule. Solidarité Dom Tom à Montpellier dispose d’une épicerie solidaire où un panier-repas bien fourni coûte 5 € pour les étudiants qui le peuvent et reste gratuit pour ceux sans revenus. « Parmi les 300 étudiants que nous accompagnons, 40 % sont ultramarins », précise Jean-Marie Bargot, directeur de l’association.

Les bénéficiaires qui n’ont pas la chance de pouvoir rentrer chez eux pour les fêtes de fin d’année reçoivent un coffret solidaire plein de bonnes surprises d’une valeur de 230 à 280 €. « Ils peuvent être composés de gâteaux que nous préparons, de confitures, de coffrets beauté que nous avons obtenus grâce à des partenariats », énumère Jean-Marie Bargot.

Bien qu’elle ne résolve pas le problème de fond, la solidarité constitue un soutien indispensable pour les étudiants en difficulté, ultramarins ou métropolitains. Suite à la vidéo postée par Maëlle, une cagnotte en ligne a récolté près de 14 000 € pour lui venir en aide ! Après avoir remercié les donateurs, l’étudiante a promis d’en reverser une partie à des associations venant en aide à des étudiants en difficulté comme elle. La future diplômée de Sciences Po affiche la volonté de faire bouger les choses en matière de bourses. Un système qu’elle estime injuste et inadapté aux situations particulières. À voir si la réforme annoncée par la ministre de l’Enseignement supérieur se concrétise.

 

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 08-11-2022 / créée le 08-11-2022

Crédit photo : Joel Muniz - Unsplash