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Être bénévole sans sortir de chez soi : Alexiane, étudiante, raconte

  • Bénévolat et volontariat
Une fille devant un écran pour illustrer le bénévolat en ligne

Cours, activités sociales, sorties culturelles… Si la vie d’avant commence à reprendre progressivement, certains n’ont pas attendu le déconfinement pour s’investir dans des missions bénévoles. Alors que le télétravail est désormais une pratique bien connue, celle du bénévolat à distance l’est beaucoup moins. Pourtant, depuis le mois d’avril, Alexiane, étudiante de 21 ans en Master d’affaires européennes et internationales, accompagne à distance une élève de CM2 via le dispositif Mentorat d’urgence lancé par le collectif Mentorat qui regroupe huit associations, dont l’Afev. Interview.

Faire du bénévolat depuis chez soi, ça ressemble à quoi?

Alexiane : « Depuis avril, j’accompagne Mélissa, une élève de CM2 qui habite à Besançon. Je la contacte sur WhatsApp, via le téléphone de sa maman, ça permet de nous voir. Elle a des devoirs transmis par son maître. On travaille principalement le français et les maths. Quand on a bien avancé, je peux introduire de l’anglais ou de l’histoire. Nos séances se terminent toujours par un petit jeu, comme des rimes ou du mime, pour l’aider à prendre confiance en elle, développer sa propre opinion ou stimuler son imagination qui est débordante et que j’admire beaucoup ! On a rendez-vous 2 heures par semaine : le mercredi et le vendredi. Si je dois résumer ce que l’on fait, c’est à la fois de l’accompagnement scolaire mais aussi du partage. Elle est libre de me solliciter pour tel ou tel exercice ou de me parler d’autre chose. »
 

Comment as-tu eu l’idée de t’engager dans une mission bénévole à distance ?

Alexiane : « J’habite sur l’ile d’Oléron et pendant le confinement il n’y avait pas d’opportunité de bénévolat. Je n’étudie pas la médecine et rien que de faire une prise de sang pour moi c’est le bout du monde ! Je l’ai vécu comme un sentiment d’échec de ne pas pouvoir aider.
J’étais déjà en contact avec l’Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville, ndlr) parce que, cette année, nous étions un groupe de 4 étudiants de Sciences Po à participer à un projet collectif autour du développement du mentorat en Europe. Quand le confinement a commencé, l’Afev nous a parlé de l’opération « Mentorat d’urgence ». Ils avaient besoin de bénévoles et c’est là que j’ai décidé de franchir le cap, de m’impliquer sur quelque chose de très concret et de devenir mentor »

Combien de temps consacres-tu à cette mission de bénévolat en ligne?

Alexiane : « Je suis quelqu’un qui fonctionne avec un emploi du temps quasi militaire ! Avec Mélissa, on a rendez-vous deux heures par semaine, le mercredi et le vendredi. A la fin de chaque séance, on prépare ensemble le planning de la séance suivante. Ensuite, je recherche, sur le site ressource de l’Afev, les exercices qui me semblent les plus adaptés. Cela me demande une trentaines de minutes de préparation, je fais aussi 2 ou 3 suggestions de jeux ou de moments de détente comme la lecture d’une bande dessinée. »

Quelles compétences te semblent nécessaires pour ce type de bénévolat ?

Alexiane : « Ce n’est pas grave de ne pas être brillant en maths ou en SVT, ce qui est important c’est de savoir expliquer et simplifier les choses, les rendre plus ludiques. Il faut être capable de cerner les difficultés de l’élève, lui signifier les progrès accomplis et retracer son évolution. Cela demande de l’écoute et de la disponibilité même si ç’était un peu dur quand j’avais mes examens car j’étais un peu stressée mais ces rendez-vous avec Mélissa sont des bouffées d’air frais. Je mets un point d’honneur à être toujours de bonne humeur, la plus ouverte et la plus disponible possible. »

Rencontres-tu des difficultés particulières ?

Alexiane : « Au début, je craignais qu’il y ait une sorte de froid car nous ne nous sommes jamais vues en vrai. On a environ 10 ans d’écart et j’avais peur qu’elle me voit comme quelqu’un qu’il faut vouvoyer absolument. Mais la personne référente à l’Afev qui nous a mis en contact a tout de suite trouvé le point commun entre Mélissa et moi : la danse, ça a tout de suite brisé la glace. La seule difficulté c’est au niveau technique : la connexion est parfois mauvaise, la vidéo et le son sont hachés. »

Quel bilan tires-tu de cette expérience de bénévolat ?

Alexiane : « On est toujours très ponctuelles pour nos séances, elle décroche le téléphone à la deuxième sonnerie. C’est un moment qu’on attend toutes les deux !  Je pense continuer autant qu’elle le voudra. C’est quelque chose que je conseille à tous les âges, le mentorat, ce n’est pas seulement des lycéens ou des étudiants qui s’engagent ce sont aussi des actifs ou des personnes retraitées. C’est très instructif et on a de très grandes chances de faire de belles rencontres. »

 

Pour en savoir plus sur le Mentorat d'urgence initié par le collectif Mentorat.
 

La rédaction © CIDJ
Article mis à jour le 09-06-2020 / créé le 09-06-2020