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Comment l’illettrisme numérique touche 1 Français sur 5

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Comment l’illettrisme numérique touche 1 Français sur 5

La crise sanitaire a souligné notre dépendance aux outils numériques, et parfois nos limites dans leur maîtrise. Et les derniers chiffres ne sont guère encourageants. De nombreux Français restent très concernés par une forme d’illettrisme, celui qui a trait au numérique. Et vous, vous en êtes où ?

L’année 2020 aura marqué un tournant décisif dans la vie des Français. La crise sanitaire a bouleversé l’ordre du quotidien et plus particulièrement, les modes de consommation comme l’organisation du travail. Le « numérique » s’est imposé partout, à marche forcée, sans prévenir ni laisser le loisir de s’y préparer. Si bien qu’en 2022, à l’heure du bilan dressé par l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI), on dénombre 13 millions de Français exclus du numérique, touchés par une forme d’illettrisme numérique. Et pourtant, ces dernières années, beaucoup ont dû se convertir à la visioconférence et s’aménager un espace pour exercer son métier à domicile ou suivre ses études. Certains, parents et professeurs en tête se sont vus contraints d’inventer de nouvelles méthodes d’enseignement. Pour tous, ce fut surtout l’occasion de découvrir les nombreuses déconvenues techniques que réserve l’informatique aux profanes. De l’automobile aux éclairages domestiques, en passant par l’électroménager et les outils de communication, les interfaces numériques sont désormais partout. Et pour un Français sur cinq, ça reste du charabia. Et que dire des 2,5 millions de personnes, dont 9 % de moins de 25 ans, qui demeurent en situation d’illettrisme, ce qui les place d’emblée dans une incapacité totale à s’approprier les interfaces numériques ?

C’est quoi l’illettrisme et pourquoi parle-t-on d’illectronisme ?

Selon l’ANLCI, qui publie l'Atlas de l'Illettrisme, « on parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante ». Et serait concerné près de 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans, majoritairement masculine (60,5 %) dont la moitié vit dans une zone faiblement peuplée. Mais quand il s’agit de déficit de compétences liées au numérique, on parle alors d’illectronisme. Et là, ça concerne beaucoup plus de monde, soit 1 Français sur 5 ! Pour l’ANCLI, l’illettrisme numérique (ou l’illectronisme) désigne la « situation d’une personne ne maîtrisant pas suffisamment les usages des outils numériques usuels pour accéder aux informations, les traiter et agir en autonomie dans la vie courante ». Et, contrairement à une idée reçue, ce n’est pas qu’un problème de génération. Ainsi, selon l’édition 2021 du baromètre Credoc, 36 % des 18-24 ans reconnaissent au moins une difficulté avec les compétences informatiques de base. Ce qui conduit parfois à une incapacité à accomplir une démarche en ligne (28 % des non-diplômés). Rappelons que depuis mai 2022, conformément au programme Action publique initié fin 2017, 250 démarches les plus courantes sont dématérialisées. Certificat d’immatriculation, commande de passeport ou de carte nationale d’identité, demande d’allocations… difficile de (sur)vivre sans maîtriser les interfaces électroniques.

La peur de ne pas savoir

Au-delà des chiffres, l’institut CSA a apporté un éclairage bienvenu sur les raisons qui amènent certains à rater le train du numérique. Interrogés en 2018, les « exclus » du progrès technique parlaient de leur manque d’équipement à domicile, associé à une peur de ne pas savoir faire. Et le phénomène pourrait être sous-évalué si on en juge par les enquêtes menées par l’INSEE : « En 2017 […] 35 % des usagers d’Internet […] manqu (ai) ent de toute compétence dans au moins un des quatre domaines d’activités sur Internet ou sur logiciels ; en ajoutant les non-usagers d’Internet, 48 % de la population possède des capacités numériques faibles ou nulles ». Quant aux autres, questionnés par le Crédoc en 2019, ils s’interrogent sur les bénéfices de cette « révolution numérique » : 37 % des sondés estiment que le numérique rend plus complexes les démarches administratives quand 80 % s’inquiètent des conséquences environnementales liées à leur équipement. Et comment leur donner tort ? En 2020, le Haut Conseil pour le Climat estimait que le seul déploiement de la 5G, c’est-à-dire la dernière norme de réseau de téléphonie mobile, entraînerait une augmentation de 18 à 45 % de l’empreinte carbone du secteur numérique français d’ici 2030. En attendant, il demeure tout à fait impossible d’évoluer personnellement comme professionnellement dans un monde informatisé sans en maîtriser ses codes. Aussi, n’est-il pas inutile de vérifier régulièrement son propre niveau, en visitant la plateforme gratuite d’autoévaluation Pix. Les résultats sont parfois édifiants même pour ceux qui croyaient tout savoir. Pourquoi ? Parce qu’il faut bien lire les énoncés avant de se lancer, au risque sinon de répondre à côté. Et la bonne lecture d’un énoncé demeure une compétence de base qui n’est pas liée à l’informatique, mais bien trop mal maîtrisée…

Entre la fabrication, l’usage et le rebut, près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des outils numériques. En Europe, chaque individu possède en moyenne 8,9 appareils dont plusieurs smartphones. Découvrez les bonnes pratiques en lisant cet article

La rédaction © CIDJ
Actu mise à jour le 27-09-2022 / créée le 26-09-2022

Crédit photo : Mucahiddin - iStock