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Premier rendez-vous chez un psy : à quoi s’attendre ?

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patiente de dos pour illsutrer le premier rendez-vous chez un psy

Chez les 18-24 ans, 15% auraient déjà consulté un psy depuis le premier confinement. Vous aimeriez en faire de même mais vous appréhendez cette première rencontre ? Cécile Wojnarowski, psychologue au BAPU (bureau d'aide psychologique universitaire) de Rennes, nous explique quand faut-il consulter un professionnel de santé mentale et comment se déroule le premier rendez-vous avec un psy.

Psy : pourquoi et quand consulter ?

On entend beaucoup parler de santé mentale, en ce moment. Et pour cause, la crise sanitaire a mis à rude épreuve notre bien-être. Plus de 6 français sur dix (64%) déclarent avoir déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique, d'après le dernier Observatoire de la santé mentale de la Mutualité française. Un taux qui grimpe à 75% chez les moins de 35 ans. « Les malaises dans la société sont souvent rendus plus visibles chez les jeunes qui se retrouvent aux premières loges » constate la psychologue. 

Mais comment savoir si ça ne va pas ? Selon l'Inserm, « dès lors qu'on n'arrive plus à accomplir ses tâches du quotidien, à maintenir des liens avec son entourage, à travailler et à trouver de la joie et du plaisir dans la vie, c'est qu'il y a un trouble à prendre en charge». Demander de l’aide peut alors être salutaire. On peut en parler à son médecin traitant ou consulter un psychologue ou un psychiatre.

« Pousser la porte d’un cabinet de psy est sans doute moins tabou qu'avant, reconnaît la psychologue mais certains continuent de penser que les psy c’est pour les fous ».  Une idée reçue à laquelle Cécile Wojnarowski aimerait tordre le cou : « voir un psy est l’occasion de reprendre les rênes de sa vie et son destin en main avant que le symptôme n’émerge ». Pour d’autres, les freins sont ailleurs : « certains hésitent à consulter car ils se disent que ce qu’ils ont n’est pas si grave, relève la psychologue. Ils ne veulent pas prendre la place de quelqu’un d’autre comme s’il y avait une hiérarchie du mal-être. ». Pourtant, rien ne sert d’attendre d’aller au plus mal pour voir un psy. Au contraire, « c’est une chance de pouvoir prendre les difficultés avant qu’elles ne s’installent et ne se cristallisent » insiste Cécile Wojnarowski du BAPU de Rennes. « C'est l'opportunité de réécrire les données de sa propre histoire, rappelle celle qui travaillait en hôpital psychiatrique avant d’exercer aujourd'hui en libéral et dans un BAPU. L’histoire on ne la change pas mais la manière de la vivre peut changer.»

Comment se passe la première séance chez un psy ?

« Etre moins angoissé », « se remettre au travail », « arrêter de faire des mauvaises rencontres », « être moins émotif »… Les motifs de consultation sont variés. « Un premier rendez-vous chez un psy, c’est d’abord une rencontre » explique Cécile Wojnarowski. Exit l’image du patient allongé sur le divan du psy : « à la première séance, on est toujours en face-à-face poursuit-elle. A moins que la personne soit vraiment angoissée par le regard du psychologue mais cela s’évalue au cas par cas et se décide avec le patient ».

Une autre idée reçue que Cécile Wojnarowski aimerait balayer : celle du psy silencieux qui ne décrocherait pas un mot de toute la séance. « Un psy n’est pas là pour angoisser le patient, au contraire » rassure-t-elle. En général, le psy pose des questions auxquelles le patient peut, ou non, répondre. « A un premier rendez-vous on peut parler de tout, sans préjugés ni jugement, mais on peut aussi choisir de ne pas aborder certains sujets » déroule-t-elle avant de préciser que « le psy n’est pas là pour forcer une parole ou émettre un savoir que le patient n’est pas prêt à entendre ». De son côté, le patient peut aussi exprimer ses doutes et ses attentes par rapport à la séance.

La première séance est souvent différente des suivantes.« On essaie de comprendre l’élément qui a déclenché l’appel et d'identifier la petite goutte d’eau qui a fait déborder le vase, explique la psychologue. C’est le moment où on va construire l’aide dont le patient a besoin et jusqu'où il souhaite aller ». Allez voir un psy, ne veut pas dire que l’on s’engage pour dix ans de thérapie !

Où consulter un psy gratuitement ?

En général, pour une consultation chez un psychologue dans un cabinet privé il faut compter entre 50 et 70 euros. Les psychologues exercent une profession réglementée mais ne sont pas médecins, contrairement aux psychiatres. Le tarif d'un psychiatre conventionné en secteur 1 est de 46,70 euros. Toutefois, pour éviter que l'aspect financier soit un frein, de nombreux dispositifs visent à faciliter l’accès aux soins en santé mentale. Le site www.nightline.fr/soutien-etudiant recense les services de soutien psychologiques gratuits, partout en France. On y retrouve notamment les adresses BAPU (bureaux d’aide psychologique universitaires).

Les étudiants fragilisés par la crise sanitaire peuvent bénéficier de séances gratuites de soutien psychologique, sans avance de frais, grâce au dispositif SantéPsyEtudiant. De même que pour les plus jeunes, il existe le dispositif PsyEnfantAdo réservé aux jeunes de 3 à 17 ans.

Plus récent, le dispositif Mon Soutien psy prévoit de rembourser jusqu’à 8 séances de psy pour les patients (enfant dès 3 ans, adolescents, adultes) en souffrance psychique d’intensité légère à modérée ainsi qu'à leur famille. Ces séances devront avoir été orientées par un médecin et réalisées par un psychologue conventionné avec l’Assurance maladie.

Enfin, même si le sujet reste souvent tabou (87% des français n'oseraient pas parler de leur problème de santé mentale, d'après une enquête), le bouche-à-oreille peut aussi permettre de trouver l'adresse d'un psy. Mais là encore, pas de pression : « Parfois le courant ne passe pas ou la réponse apportée ne convient pas. Si c'est le cas, le patient a le droit de pousser une autre porte » rassure la psychologue.

La rédaction © CIDJ
Article mis à jour le 27-03-2024 / créé le 08-02-2022