• Interview

« L’écriture, c’est des ratures, des corrections et beaucoup d’heures de travail »

  • Secteurs à découvrir
Interview de Line Papin sur l'écriture d'un roman

Trouver l’inspiration, écrire, retravailler, couper, raturer, trouver un éditeur... Line Papin, jeune romancière de 24 ans, revient sur les étapes de la création d’un roman.

À seulement 24 ans, Line Papin est déjà l’autrice de 3 romans. Pour Cidj.com, elle revient sur ses expériences d’écriture et nous dévoile les étapes de création d’un livre, de l’idée à sa diffusion.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Line Papin : Je m’inspire de tout ce que je peux observer autour de moi et de tout ce que je ressens. Je romance ces éléments en les appliquant à des personnages. Pour l’écriture et le style que je veux donner à mon livre, je m’inspire de mes lectures. Je lis beaucoup et j’ai l’habitude de noter des mots ou des tournures de phrases qui me plaisent dans les livres. Ça nourrit mon travail.

J’ai toujours écrit depuis que je suis toute petite, j’ai toujours inventé des histoires ce qui m’a permis de développer mon imagination. Très tôt, j’ai écrit des petits romans. Ça m’a toujours accompagnée et en grandissant, j’ai écrit des histoires un peu plus évoluées.

Comment savez-vous que l’histoire que vous écrivez va aboutir à un roman ?

L. P. : Lorsque je commence à écrire, j’ai conscience que ça peut ne pas aboutir. Je sais d’expérience que ça ne marche pas à tous les coups. Il y a des romans que j’ai commencé à écrire mais qui n’ont pas éclos. Il faut se dire que ce n’est pas grave, c’est même normal. C’est un peu comme pour la peinture ou le dessin, tous les tableaux ne sont pas bons, certains croquis peuvent être ratés.

Souvent, on a une vision de l’écriture comme de quelque chose de très fulgurant, qui tient du génie, alors qu’en fait l’écriture, c’est des ratures, des corrections et beaucoup d’heures de travail.

Suivez-vous toujours le même processus dans l’écriture de vos romans ?

L. P. : Oui, j’ai un petit rituel : je commence par écrire à la main. Ensuite, je tape le manuscrit à l’ordinateur et je l’imprime. Après, j’entame l’étape de la première relecture. Je corrige à la main puis je réimprime la nouvelle version. Et ainsi de suite jusqu’à ce que j’arrive à une version qui me convienne. Écrire à la main est important pour moi parce que j’ai le sentiment de mieux réfléchir. Ça permet de faire des ratures alors qu’à l’ordinateur, si on efface un mot il s’efface complètement.

Comment avez-vous trouvé un éditeur pour faire publier vos livres ?

L. P. : J’ai envoyé mon manuscrit à des maisons d’édition. Je pense qu’il faut les sélectionner en fonction de ses goûts et de ses affinités. J’ai choisi de ne pas multiplier mes envois et j’ai sélectionné les maisons d’édition en fonction de leur histoire. Chaque maison a ses préférences : certaines sont davantage spécialisées dans les polars par exemple. Pour se renseigner, on trouve les informations sur leur site pour la plupart. Selon moi, cette sélection est importante pour augmenter ses chances en présentant son texte au bon endroit.

Est-ce que l’éditeur fait des modifications du manuscrit ?

L. P. : Au départ, j’ignorais tout de ce milieu. Je pensais qu’on envoyait son texte et que, s’il était accepté, il était publié directement. Mais en réalité, il y a des relectures faites par l’éditeur qui peut suggérer des retouches. On peut les accepter ou les refuser. Il n’y a pas d’obligation, mais en général, ce sont de bons conseils.

Ensuite, il y a tout ce qui accompagne la sortie d’un livre : la tournée des librairies, les lectures publiques, la présence dans les médias…

Finalement, qu’est-ce qui est le plus dur dans l’écriture d’un roman ?

L. P. : Je dirais le commencement parce que c’est comme démarrer quelque chose qui peut ne jamais aboutir et échouer. Une fois qu’on est lancé, qu’on est sûr de son histoire, de l’écriture, c’est vraiment excitant. On est en plein cœur du projet, on est encore seul avec l’histoire, on peut encore la changer, elle nous appartient.

Ce qui est difficile aussi c’est la sensation d’être un peu dépossédé d’une histoire que l’on a portée pendant plusieurs années. C’est presque comme un baby blues. L’histoire vous appartient et tout d’un coup elle vous échappe et appartient aux lecteurs. C’est une sensation très particulière qui peut presque faire perdre l’équilibre. Alors, pour limiter cette sensation, dès que je publie un livre, je me plonge dans un nouveau projet pour me réinvestir immédiatement dans quelque chose.

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans l’écriture d’un roman ?

L. P. : Il ne faut pas hésiter à raturer, couper, enlever des parties de l’histoire, même celles qui nous tiennent à cœur. Au début, j’avais beaucoup de mal à couper parce que je voulais tout garder. Il faut prendre du recul et savoir être autocritique. Pour y arriver, on peut faire lire son manuscrit à un nombre restreint de personnes. Je me fais souvent relire par mon père et une amie qui n’hésitent pas à me faire des remarques.

Je pense également qu’il ne faut pas s’imposer un rythme d’écriture intense tous les jours. Il y a des moments où on n’arrive pas à exprimer ce qu’on veut exprimer et, même si c’est très angoissant, il ne faut pas se forcer. C’est important d’avoir des moments de silence car c’est dans ces moments qu’on vit, qu’on ressent des choses, qu’on prend le temps d’observer. Ce sont des moments importants pour l’écriture durant lesquels je lis beaucoup. Je pense que c’est essentiel. Il faut diversifier ses lectures : varier les époques, les styles et les auteurs parce que la lecture vous ouvre les portes de l’imaginaire. Je pense que je ne pourrais pas écrire si je ne lisais pas.

Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 07-02-2020 / créé le 07-02-2020