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Réforme du lycée professionnel : les nouveautés de la rentrée 2023 pour les élèves

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Réforme du lycée professionnel : les nouveautés de la rentrée 2023 pour les élèves

Le gouvernement déploie des moyens inédits et des mesures fortes pour réformer les lycées professionnels. Certaines sont applicables dès cette année.

Amorcée il y a quelques années par diverses mesures (enseignements en co-intervention, réalisation d’un chef-d’œuvre), la réforme du lycée professionnel connaît cette année un virage majeur. Pour que la voie professionnelle redevienne « une voie de réussite, d’excellence et reconnue par tous », le gouvernement déploie à compter de la rentrée 2023-2024 des moyens importants pour la transformer en  profondeur. À cet effet, un milliard d’euros seront investis chaque année dans les lycées professionnels autour de 3 objectifs : lutter contre le décrochage scolaire, faciliter l’insertion et valoriser l’engagement des enseignants. Si cette réforme se déploiera progressivement, d’ores et déjà certaines mesures sont applicables dès cette année pour tous les élèves ou partiellement pour ceux scolarisés dans les lycées volontaires. Zoom sur les principales nouveautés à destination des élèves de la voie professionnelle. 

Rémunération des stages (pour tous les élèves)

Les élèves en lycées professionnels effectuent durant leur scolarité plusieurs semaines de stages ou PFMP - périodes de formation en milieu professionnel (12 à 16 semaines en CAP, 22 semaines en bac pro). Jusqu’alors non rémunérées, ces PFMP bénéficient désormais d’une gratification attribuée par l’État. Cette allocation de stage concerne tous les élèves qui préparent un diplôme professionnel de niveau secondaire (CAP, bac pro, mention complémentaire, brevet des métiers, formation complémentaire d’initiative locale). Une condition cependant : être assidu tant aux cours qu’aux périodes de formation professionnelle en entreprise. 

Le montant du versement est fonction de l’année d’étude : 
•    50 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en 1re année de CAP et en seconde du baccalauréat professionnel, soit 300 euros au total sur l’année ;
•    75 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en 2e année de CAP et en première du baccalauréat professionnel, soit 600 euros au total sur l’année ;
•    100 euros par semaine pour les lycéens professionnels inscrits en terminale du baccalauréat professionnel, permettant ainsi de recevoir une allocation de stage comprise entre 600 et 1 200 euros au total sur l’année, selon le nombre de semaines de stages effectuées.

Au total, un élève en lycée professionnel pourra ainsi recevoir jusqu’à 2 100€ de gratification durant son bac pro (3 ans d’étude). 

Une année de terminale adaptée au projet de l’élève (pour tous les élèves de 1ère bac pro)

Pour soutenir et accompagner chaque jeune dans ses projets professionnels, l’année de terminale bac pro est transformée : 
•    Les élèves qui souhaitent travailler directement après le bac verront la durée des stages augmentée de 50%. 
•    Les élèves qui souhaitent poursuivre leurs études suivront 4 semaines de cours intensifs d’enseignements généraux et professionnels pour leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires à la réussite dans l’enseignement supérieur. 

Des dispositifs d’accompagnement renforcés pour éviter le décrochage scolaire (pour tous les élèves en difficulté)

Une attention particulière est apportée aux lycéens en difficulté et/ou en risque de décrochage scolaire.

Différents dispositifs leur sont proposés : 
•    Tout droits ouverts (pour les décrocheurs)
Les lycéens en risque de décrochage scolaire seront accompagnés temporairement par des structures d’accompagnement extérieures au lycée. Au terme de cette période dite « tout droits ouverts », ils peuvent décider d’intégrer l’une de ces structures ou de retourner dans leur lycée. 
•    Ambition emploi (pour les jeunes sans solution)
Les jeunes sortants de formation, diplômé ou non, et sans solution, bénéficieront de différents dispositifs d’accompagnement (stages professionnels ou d’immersion en établissement, aide à la recherche d’emploi ou de contrats d’alternance, formation courte intermédiaire). À l’issue de ces 4 mois, ceux qui demeurent sans solution, se verront proposer un contrat d’engagement jeune. 
•    Parcours de consolidation (pour les entrants en BTS)
Les élèves en grande difficulté en 1ère année de BTS bénéficieront d’un parcours de consolidation de connaissances pour augmenter leurs chances d’obtenir un BTS en 2 ou en 3 ans. Expérimentée dans les lycées volontaires, cette mesure sera généralisée à l’ensemble des académies à la rentrée 2024.

Des parcours de formation adaptés au profil de l’élève (pour les élèves scolarisés dans les lycées volontaires)

Le parcours des enseignements sera individualisé selon les élèves. Les élèves en difficulté par rapport aux savoirs fondamentaux disposeront d’heures de mathématiques et de français dès la 2nde en effectifs réduits. Parallèlement, les élèves qui le souhaitent pourront suivre de nouvelles options. 
Ces mesures seront proposées dans les lycées volontaires dès 2023 et élargies à tous les lycées en 2024.

Montée en charge des partenariats pour faciliter l’insertion (pour les élèves scolarisés dans les lycées volontaires)

L’accompagnement par Pôle emploi des élèves souhaitant s’insérer après leur formation sera étendu. Dès 2023, 50% des élèves en bénéficieront, ils seront 100% en 2024.
Parallèlement, le mentorat (possibilité d’être accompagné par un professionnel du secteur durant son parcours) sera progressivement proposé dans les lycées via le déploiement des bureaux dédiés à la relation aux entreprises. 


Ces mesures à destination des jeunes visent à sécuriser les parcours et faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Mais la réforme de la voie professionnelle se veut plus large et ambitieuse. Elle entend aussi faire du lycée professionnel un choix d’avenir pour l’économie en adaptant la carte des formations (rénovation des diplômes, fermetures des formations non insérantes et ouvertures de nouvelles formations, création de formations courtes et complémentaires post diplôme). Les équipes éducatives et de direction qui accompagneront ces changements ne sont pas oubliées non plus : elles bénéficieront d’une revalorisation salariale et d’une formation adaptée. 

Avec cette réforme d’envergure, le gouvernement entend inverser la tendance et faire du lycée professionnel un choix d’avenir et une voie d’excellence pour les jeunes et les entreprises avec O% de décrochage et 100% d’insertion. La transformation de la voie professionnelle est donc en marche comme l’ont rappelé E. Macron, Gabriel Attal (ministre de l’Éducation nationale) et Carole Grandjean (ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels) lors de leurs interventions de rentrée. Si certaines mesures sont effectives dès cette année, sa mise en œuvre pourrait durer jusqu’en 2026 avec sans doute son lot d’adaptations au fil de l’eau pour tenir compte des contraintes contextuelles et des critiques des syndicats enseignants. 
 

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 21-09-2023 / créée le 21-09-2023

Crédit photo : Pixabay