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La réussite sexuelle influence les opinions politiques des hommes

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Le succès amoureux des garçons conditionne leurs opinions politiques. Ils se montrent alors favorables à une augmentation du salaire minimal et à une extension de l’accès aux soins de santé. Mais en cas de fiasco avec le sexe opposé, leurs positions se durcissent. Pour les jeunes femmes, qu’importe leur popularité, elles restent fidèles à leurs valeurs.

Quand on est amoureux, on est toujours heureux. Cette affirmation de Lucie* — ouvrière à plein temps et maîtresse d’un bourgeois à mi-temps — demeure d’actualité un siècle plus tard. À en croire les résultats d’une récente étude australienne, publiée dans la revue Adaptive Human Behavior and Physiology, l’amour conditionne le cœur. Comprendre la charité. 

Un jeu de l’amour et du hasard totalement truqué

Pour en arriver à cette conclusion, la chercheuse en psychologie Francesca Luberthi a mené une série d’expérimentations auprès de 237 jeunes adultes et hétérosexuels. Âgés de 18 à 25 ans, des filles comme des garçons ont été invités à participer à un jeu de rencontres. Ils ont « enregistré une vidéo […] dans laquelle il se décrit au mieux pour faire une bonne première impression », explique l’universitaire dans un article publié sur Psychology Today. Ces films ont été envoyé à des groupes du sexe opposé pour recueillir leurs réactions : ça match ou pas ? Mais ce petit jeu du « j’aime/j’aime pas » était en réalité truqué, car des comédiens et des comédiennes avaient préenregistré des retours en vidéo, élogieux ou dévastateurs. Invités à visionner ces retours distribués aléatoirement, les jeunes gens devaient répondre dans la foulée à un questionnaire interrogeant leurs tendances sociopolitiques. Par ce dispositif, la chercheuse à l’université Nipissing de North Bay (Ontario) a voulu évaluer l’effet de la réussite amoureuse, ou de l’insuccès, sur les comportements politiques. « Il suffit de regarder le phénomène “incel” pour avoir un exemple concret de la façon dont les fréquentations peuvent influencer la politique. Les hommes célibataires involontaires (incel) ont des attitudes misogynes et s’opposent à l’égalité des sexes parce qu’ils estiment être injustement rejetés par les femmes. »

Je t’aime, moi non plus

Pour la chercheuse, il ne fait plus de doute que les jeunes hommes « impopulaires », car leur vidéo de présentation n’a pas attiré le sexe opposé, ressentent moins d’émotions positives que leurs alter ego « populaires ». La sensation de bonheur, l’enthousiasme ou encore la fierté sont en berne. Et du coup, ils soutiennent moins les propositions visant « à l’augmentation du salaire minimum et à l’élargissement de l’accès aux soins de santé », observe Francesca Luberthi. Exception importante et notable : les jeunes femmes, également cobayes de cette expérience, n’ont que faire des résultats. Qu’importe leur niveau de popularité auprès de la gent masculine, elles conservent leurs opinions politiques.

Néanmoins, avec le succès que connaissent les applis de rencontre auprès des jeunes, les résultats de cette étude peuvent inquiéter. En effet, selon Yougov en 2020, 40 % des Français de 18 à 34 ans utilisaient une ou plusieurs appli pour rencontrer de nouveaux partenaires même si cela ne débouchait que rarement sur une relation sérieuse. Et pour l’ego, ça peut faire bobo avec 43 % de millenials pratiquant le ghosting sans crier gare. Ghosting? C’est le fait d’arrêter subitement de répondre à quelqu’un, sans lui donner d’explications. 24 % des Français précisent s’être déjà adonné à ce petit jeu meurtrier avec leur relation amoureuse.

Sur le site PsyPost, la chercheuse nuance les conclusions de ses travaux. Parce que l’étude fut conduite auprès d’une population restreinte (237 individus) avec peu de diversité (blancs, hétérosexuels), il serait nécessaire « de reproduire ces résultats dans d’autres pays ou d’inclure des participants non hétérosexuels, par exemple, pour prouver davantage la robustesse de ces modèles ». Et d'envisager d'en élargir les conclusions...car en France, avec un taux d'abstention record des jeunes aux élections présidentielles comme législatives, comment connaître leurs inclinations ? Désintérêt pour la vie civique ? Désamour pour la classe politique ? Une chose est sûre, l’étude australienne nous rappelle qu’il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour. 

* in Rien que la terre et autres fictions voyageuses, Paul Morand (Grasset)

 

La rédaction © CIDJ
Actu mise à jour le 20-06-2022 / créée le 20-06-2022

Crédit photo : Gratisography