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On ne parle pas d’addiction aux jeux vidéo mais de pratiques excessives

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On ne parle pas d’addiction aux jeux vidéo mais de pratiques excessives

Plus que d'addiction, les professionnels de santé préfèrent parler de pratiques excessives lorsque les gamers s'adonnent trop à leur passion. Loin d'être la cause de ces pratiques, le jeu vidéo semble n'être que le syndrome d'une souffrance du joueur. Interview de Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialisée dans le jeu vidéo...

L'image du joueur invétéré, accro aux jeux vidéo, reste encore aujourd'hui ancrée. Le profil des joueurs a pourtant bien évolué et les jeux vidéo se pratiquent davantage entre amis ou en famille que seul devant son ordinateur.

Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialisée dans le jeu vidéo est claire : "On ne parle pas d’addiction aux jeux vidéo. Cela n’a pas été reconnu par l’Académie de médecine. On parle de pratiques excessives."

Des pratiques qui, souvent, cachent une souffrance. "Lorsqu’une personne joue de manière excessive c’est le signe d'une pathologie comme la phobie scolaire, la dépression ou simplement la période d’adolescence qui est un passage difficile et où les rapports avec les autres se compliquent. Le jeu vidéo permet de sortir de ce quotidien difficile."

Pour accompagner le joueur, "il ne faut pas le juger", souligne Vanessa Lalo. "Le mieux est de partager des moments de jeux, pour l’emmener vers d’autres cultures qui renvoient aux jeux vidéo." Les musées, les livres, le cinéma ou encore la musique peuvent faire référence aux jeux vidéo et sont susceptibles d’intéresser le joueur.

"Il faut avoir un regard neutre sur le jeu vidéo et le remettre à sa place de média culturel, ajoute Vanessa Lalo. On ne doit pas interdire le jeu vidéo comme on n’interdirait pas à une personne de lire sous prétexte qu’elle le fait de manière excessive."

Accro aux jeux vidéo, des solutions pour s'en sortir

Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialiste du jeu vidéo vous apporte quelques conseils si vous sentez que vous jouez aux jeux vidéo de manière excessive

"Si la pratique du jeu vidéo est envahissante et qu'elle prend le pas sur tout le reste (école, travail, famille, amis) alors je vous incite à consulter un professionnel qui peut vous conseiller" explique Vanessa Lalo. La psychologue clinicienne rappelle qu'il "faut être vigilant à ne pas stigmatiser un jeune qui peut se servir du jeu vidéo pour surmonter des difficultés rencontrées à l'école, à la maison ou ailleurs". Comme un véritable exutoire, le jeu vidéo permet de dévoiler un malaise "qu'il faut comprendre" indique Vanessa Lalo. "Si vous souffrez de ne pas réussir à contrôler votre jeu, à vous arrêter et que vous ressentez des difficultés dans votre vie quotidienne, je vous conseille de ne pas rester seul et d'en discuter avec des pairs ou des adultes".

Pratique excessive du jeu vidéo : 5 conseils pour aider un joueur

1) Ne pas juger le joueur.
2) Dialoguer pour comprendre ce que le jeu vidéo lui apporte.
3) Proposer d’autres cultures et activités faisant référence aux jeux vidéo.
4) Ne pas interdire le jeu vidéo.
5) Promouvoir l’autorégulation.
Attention ! Ces conseils sont donnés de manière générale. Vanessa Lalo rappelle "qu'il n’y a pas de mode d’emploi tout fait. Tout dépend du joueur, du jeu et de la manière de jouer."

Marine Ilario © CIDJ
Article mis à jour le 28/03/2018 / créé le 22-12-2015