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Prendre de bonnes résolutions en début d’année, est-ce utile ?

  • Psycho / Santé
2022 : faut-il prendre des bonnes résolutions ? (et comment les tenir ?)

Être plus assidu dans ses études, arrêter la cigarette, consommer plus écolo… en ce début d’année, vous avez pris de bonnes résolutions pour 2022. Mais est-ce vraiment utile et comment les tenir ? Découvrez des éléments de réponse dans cet article.

Nous avons demandé à Julien Hurel et Laure Dusart, tous deux psychologues, de décrypter la tradition des bonnes résolutions prises en début d’année. Leurs réponses vont vous aider à y voir plus clair !

Pourquoi prendre de bonnes résolutions en début d’année ?

Julien Hurel : Certaines étapes, comme le changement d’année ou un anniversaire, sont des moments qui offrent des repères à chacun. C’est l’occasion de s’octroyer la possibilité d’instaurer un changement, c’est ce qu’implique une bonne résolution.

Laure Dusart : Il y a un côté symbolique : on aimerait commencer la nouvelle année d’un bon pied.

Est-ce nécessaire de faire un bilan de l’année écoulée ?

Laure Dusart : En effet, la nouvelle année est propice pour faire un point. Ce bilan permet de prendre du recul et de formuler des objectifs pour aller là où on veut aller.

Julien Hurel : Il est important de faire ce bilan en étant bienveillant avec vous-même : « qu’est-ce qui a fonctionné, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? ». Et vous devez rebondir tout de suite en faisant preuve de curiosité : « qu'est-ce que je peux faire autrement ? », « si je faisais autrement, qu’est-ce qui se passerait ? ».

Quel genre de bonnes résolutions peut-on prendre ?

Laure Dusart : Les bonnes résolutions sont tournées vers les autres ou vers soi-même. Elles peuvent porter sur beaucoup de choses : se mettre à faire du sport, mieux travailler en cours pour avoir un bon dossier, appeler plus souvent ses grands-parents…

Julien Hurel : Une bonne résolution est une promesse bienveillante que vous vous faites à vous-même afin d’apporter une amélioration dans votre vie. Il peut aussi s’agir de mettre en œuvre un moyen différent pour atteindre un objectif : par exemple, « je vais organiser mon temps de travail différemment pour avoir de meilleures notes ».

Et si on ne souhaite pas en prendre ?

Julien Hurel : Il n’y a rien de grave à ne pas se conformer à la tradition des bonnes résolutions du nouvel an ! Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’attendre la nouvelle année pour en prendre. En réalité, se dire « j’aimerais changer ça » arrive très fréquemment, c’est la base même de l’apprentissage. Faire des erreurs, se tromper permet d’impulser un changement, c’est ainsi que vous prenez conscience d’avoir appris quelque chose.

Laure Dusart : S’il n’est nullement obligatoire de prendre de bonnes résolutions, celles qui vous viennent à l’esprit spontanément dévoilent ce qui vous préoccupe, ce que vous n’osez pas vous dire à vous-même mais qui reste dans un coin de votre tête. Il est important d’en tenir compte.

À quoi faut-il faire attention quand on prend de bonnes résolutions ?

Julien Hurel : Il faut faire attention à l’exigence de réussite que l’on met derrière une bonne résolution. Ne pas se mettre la pression. Ça doit rester quelque chose de positif et ne pas amener vers des pensées négatives.
Par ailleurs, les jeunes peuvent être vulnérables face à la pression sociale ou à la pression du groupe d’amis… Il faut vous écouter et ce n’est pas toujours facile. Demandez-vous « est-ce que j’en ai envie ? Est-ce que ça va m’apporter du mieux ? Est-ce que je prends cette bonne résolution pour moi ou pour faire plaisir aux autres et rester intégré au groupe ? ». Quand un sentiment de malaise est présent, aussi ténu soit-il, ça doit vous alerter. N’hésitez pas à en parler à une personne de confiance, extérieure au groupe.

Pour quelles raisons a-t-on a souvent du mal à tenir ses bonnes résolutions ?

Laure Dusart : Une bonne résolution traduit une envie de changement. Mais vous pouvez en avoir envie et ne pas être prêt. Vous pouvez prendre pendant plusieurs années la bonne résolution d’arrêter de fumer et l’oublier aussi vite. Cela signifie que vous n’étiez finalement pas si déterminé ou pas assez préparé, parce qu’un changement dans des habitudes de vie, c’est quelque chose de difficile.

Julien Hurel : Une bonne résolution ne doit pas être imposée par d’autres, vos parents ou la société, elle doit venir de vous-même.

Comment tenir ses bonnes résolutions sans se décourager ?

Laure Dusart : Fixer des objectifs très élevés est le meilleur moyen de vous décourager. Soyez mesuré et raisonnable dans la définition de vos bonnes résolutions. Ensuite, faites-vous confiance et soyez indulgent avec vous-même, vous n’y arriverez pas du jour au lendemain. Par exemple, dans le cas de l’arrêt du tabac, vous allez craquer certains jours et fumer des cigarettes… Il ne faut pas rester bloqué là-dessus. Je suis plutôt partisane de la théorie des petits pas : vous essayez et chaque petit pas vers ce que vous souhaitez est bon à prendre, c’est toujours mieux que rien.

Julien Hurel : Dans l’imaginaire collectif une bonne résolution doit être réalisée dans l’année sinon c’est un échec. Je ne suis pas d’accord. Tous les micro-changements que vous avez instaurés pour tenir votre bonne résolution sont positifs, même si vous n’êtes pas parvenu à l’objectif final. Celui-ci pourra être atteint l’année d’après et même plus tard. Donc, n’hésitez pas à fixer des étapes, des micro-objectifs qui vous permettent de vous rendre compte que vous avancez vers votre objectif.

Existe-t-il des techniques pour ne pas perdre de vue ses bonnes résolutions ?

Julien Hurel : Cela dépend de la nature de la bonne résolution et du fonctionnement de chacun. Certains ont besoin d’utiliser un support avec lequel ils sont à l’aise (écrit, audio…) pour parvenir à observer ce qu’ils font. Vous pouvez par exemple noter l’objectif final en bas d’une feuille et puis formuler des étapes intermédiaires qui vous sont adaptées. Une sorte de check-list sur laquelle vous pouvez au fur et à mesure rayer les choses accomplies. Si vous bloquez sur des étapes, il pourrait être intéressant de prendre le temps d’y réfléchir, toujours avec bienveillance.

Laure Dusart : À titre personnel, je mets des pense-bête dans mon agenda. En pensant régulièrement à votre bonne résolution, elle est davantage présente dans votre mémoire et, petit à petit, vous allez donner une direction et un cadre à l’action qui vous sembleront de moins en moins difficiles à mettre en place.

Parler de ses bonnes résolutions à son entourage peut-il aider ?

Laure Dusart : Pour se sentir moins seul, on peut en parler à ses amis, à des personnes de confiance, à des personnes qui comprennent le point sur lequel on a envie de changer.

Julien Hurel : Pour certaines personnes qui ont peut-être besoin d’un peu plus de soutien et d’encouragement, parler de ses bonnes résolutions à d’autres leur permet de s’engager à la réussite de cette bonne résolution. Mais tout le monde ne fonctionne pas ainsi, certains préfèrent les garder pour eux, notamment si elles sont de l’ordre de l’intime.
 

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Article mis à jour le 03-01-2022 / créé le 17-12-2021