• Témoignage

La dyslexie, une bonne excuse ? Témoignage de Victoire

Victoire, 19 ans, étudiante à l'Université de Nantes, nous parle de la façon dont elle vit son handicap au quotidien et dont il est perçu par les autres. Elle a participé à la campagne Handivalides dans son université.

Quel est votre parcours  ?

Je suis en licence 1 d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Université de Nantes. Je souhaite m’orienter vers une spécialité gemmologie (étude des pierres précieuses). C'est en travaillant avec un ami que j’ai découvert que j’étais dyslexique et dysorthographique. Je lui ai dicté une phrase à l’oral, mais sur le papier j’avais écrit l’inverse ! Il avait lui-même un ami dyslexique et m’a parlé des dispositifs et aménagements qui existent pour le bac, notamment le tiers temps. Je suis allée chez un orthophoniste pour un bilan et j’ai été diagnostiquée.

Comment s’est déroulée votre scolarité ?

 Je suis toujours passée de justesse d’une classe à l’autre car, même si je connaissais mes leçons par cœur, je n’arrivais pas à les retranscrire à l’écrit. Au début, je pensais être “bête”, notamment à cause de remarques diverses de mes enseignants depuis le CP. Mes parents m’ont fait faire un test de QI pour me prouver le contraire.

Comment s'est passée votre intégration à la fac ?

Je ne connaissais pas les dispositifs autour du handicap avant mon entrée à l’université. Au lycée, on parlait très peu de cette question. J’ai demandé à l‘université comment faire pour être accompagnée, j’ai été dirigée vers la cellule handicap et l’association Handisup. L’intégration à l’université a été assez difficile, surtout avec mes professeurs. Certains pensent que ma dyslexie est une “excuse”. Par exemple, un professeur ne comprenait pas que je n’aie pas rédigé un devoir, il s’agissait pour lui d’un détail. J’ai dû lui faire comprendre que pour moi ce n’était pas uniquement “l’affaire de cinq minutes”.

Comme mon handicap est “invisible”, j’ai la sensation de devoir le justifier au quotidien. Je trouve que la dyslexie est encore prise à la légère, les gens pensent que “ce n’est pas grave”, que cela se soigne facilement, que ce n’est que temporaire… Pourtant, c’est fortement pénalisant tant sur le plan professionnel que personnel. Par exemple, ma mère doit vérifier tous mes courriers administratifs. Quand on m’aide à la rédaction d’un document, c’est compliqué car certaines corrections ne me conviennent pas, j’ai l’impression que “ce n’est plus moi”…

 

Propos recueillis par Tomas Graff,
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Barbara Muntaner © CIDJ
Article mis à jour le 21/05/2018 / créé le 15-06-2012