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Partiels : la tenue des examens bouleversée

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Partiels : la tenue des examens bouleversée

À distance, en contrôle continu ou en présentiel… Les partiels vont s’organiser selon des modalités fixées par chaque université. Non sans susciter quelques inquiétudes chez les étudiants.

 

Depuis la fermeture aux étudiants, les universités se sont organisées pour assurer la continuité pédagogique en mettant en place des cours à distance. La reprise ne se fera qu’en septembre. Quid de l’organisation des partiels ?

Partiels à distance privilégiés

Le 22 avril dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé que « la neutralisation pure et simple du semestre en cours, comme sa validation automatique, va à l'encontre d'une garantie de la qualité des formations dispensées et n'est, en ce sens, ni souhaitable, ni acceptable ». Elle demande aux universités de privilégier la tenue d’examens à distance et de « réduire autant que possible le recours aux épreuves en présentiel ».

Toutefois, les universités restent seules décisionnaires des modalités d’examens qui sont appliquées dans leur établissement. Beaucoup d’entre elles ont opté pour des partiels à distance comme les universités de Rennes 2 ou de Montpellier 3. D'autres ont aussi décalé les examens du 2e semestre en attendant de décider, comme à Paris 1 Panthéon Sorbonne, où ils devaient initialement se tenir du 5 au 20 mai.

Des inconnues demeurent, car au-delà du 2e semestre, c’est toute l’année qui se joue, voire un cycle d’études.

Des étudiants dans l’incertitude

En 2e année de DUT carrières sociales, Alicia s’est vue notifier par l’IUT d’Aix-Marseille où elle étudie, que ses partiels se tiendraient à distance. « On a reçu un planning avec le jour et l’heure de passage pour chaque matière passées à l’écrit. Les épreuves orales ont été remplacées par des dossiers à rendre ». Pour cette étudiante le sujet d’incertitude est ailleurs : son stage de clôture du DUT, d’une durée de deux mois, devait débuter le 20 avril mais ne peut se faire à distance en raison de la teneur de sa mission. « Il s’agit du plus gros coefficient du semestre », s’inquiète Alicia, qui n’a pas encore reçu d’information de son IUT sur ce point.

Pour Mila, en 1re année de droit à Aix-Marseille, c’est l’attente. « Les partiels annulés, notre moyenne du 2e semestre sera constituée à partir de deux devoirs rendus pour chacun des trois TD. Seulement, on devrait déjà avoir reçu les résultats, confie-t-elle. C’est le flou, d’autant que la tenue d’un éventuel rattrapage n’est pas confirmée ». Il est bien possible de poser des questions sur l’ENT, mais la réponse reste invariablement la même : "les informations vont vous être communiquées". « Une réunion portée par le BDE va avoir lieu pour demander que soit attribuée à tous les étudiants la note de 10/20 au 2e semestre », rapporte l’étudiante.

C’est une revendication également portée par l’Union nationale des étudiants de France. « Nous souhaitons que les étudiants soient évalués avec des examens à distance sous forme de devoirs maison, explique Benjamin Peutevynck membre du bureau national. Nous demandons aussi que les étudiants ne puissent pas avoir moins de 10/20 à leurs examens du 2e semestre afin de ne pas être pénalisés. En effet, il y a énormément de biais sociaux qui entrent en ligne de compte. Tous les étudiants ne passent pas leurs examens à distance dans les mêmes conditions »

Partiels : la rupture numérique en question

L’université de Rennes 2 a lancé le 26 mars une enquête en ligne sur les conditions de vie et d’études qui a recueilli plus de 3 400 réponses, dont près de 16 % en provenance des étudiants de l’établissement. La première synthèse révèle que 10 à 15 % des répondants rencontrent des difficultés d’accès aux outils numériques (matériel, connexion…). Les établissements tentent de régler le problème en prêtant du matériel, mais, comme la situation du confinement est soudaine, cela se fait de manière très progressive.

« Beaucoup d’étudiants sont en situation de rupture numérique, c’est-à-dire qu’ils ne disposent pas d’un ordinateur avec une connexion internet ou qu’ils doivent se contenter du réseau de leur téléphone portable », signale  Benjamin Peutevynck. « Il faut permettre à tous les étudiants d’avoir accès à internet pour les examens à distance », reconnaît Clément Armato, délégué national de l’Union nationale inter-universitaire. Avant de rajouter : « À condition de tout mettre en œuvre pour éviter au maximum la fraude et pour éviter que les partiels ne soient "donnés" ». « Attribuer la moyenne d’office semble très injuste, parce que certains ne travaillent pas sérieusement. Je suis un peu partagée », confie Mila.

 « Parmi les étudiants en L3 cette année, certains subissent depuis le début de leur parcours des blocages ou des grèves, par exemple à Paris 1 ou à Rennes 2. Ils ont eu cours par intermittence et, avec le confinement et les partiels à distance, nous craignons pour la valeur de leurs diplômes sur le marché du travail », exprime Clément Armato. Un argument que balaie Benjamin Peutevynck : « Il ne faut pas douter que les étudiants travaillent pour acquérir des connaissances. Pour nous, un diplôme ne se résume pas à une évaluation mais essentiellement à la qualité de l’enseignement et à la pédagogie qui est utilisée. Il faudrait que les universités accompagnent, dès la rentrée prochaine, les étudiants qui auraient cumulé du retard du fait de la rupture numérique ».

Il reste encore beaucoup d'incertitudes qui occasionnent du stress chez les étudiants. Certains n’ont pas encore eu leurs notes du 1er semestre car leurs partiels avaient été décalés à cause des grèves de transport de décembre et janvier derniers. À l’université d’Aix-Marseille, les rattrapages pour le 1er semestre devraient se tenir lors de la 3e semaine de juin…

 

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 29-04-2020 / créée le 29-04-2020

Crédit photo : Unsplash