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Moins d’argent consacré à l’enseignement supérieur des filles

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Moins d’argent consacré à l’enseignement supérieur des filles

Les dépenses d’enseignement supérieur consacrées aux étudiantes sont inférieures de 18% à celles allouées aux étudiants. Une disparité qui s’explique par des choix d’orientation différents au détriment des filières sélectives et des disciplines scientifiques. 

Majoritaires dans l’enseignement supérieur, les filles sont cependant minoritaires dans les filières sélectives et les disciplines scientifiques. Cette inégale répartition des femmes et des hommes entre les filières et les formations suivies à un impact direct sur les dépenses d’enseignement supérieur qui leur sont consacrées. C’est ce qu’illustre la note, dépenses d’enseignement supérieur : quelles disparités selon le genre des étudiants ?, de Cécile Bonneau, doctorante à l’ENS-PSL et à l’École d’économie de Paris. 

Une orientation genrée par le poids des stéréotypes

Légèrement plus nombreuses dans l’enseignement supérieur que les garçons, les jeunes femmes (53% des effectifs du supérieur contre 47% pour les garçons) font des choix d’orientation très distincts de leurs homologues masculins. Très représentées dans les formations paramédicales (89%) et à l’université (57%), elles sont beaucoup moins nombreuses à choisir les filières sélectives et les disciplines scientifiques. 

Dans les grandes écoles, les IUT et les CPGE, les femmes représentent un peu plus du tiers des effectifs contre les 2/3 pour les hommes. Surreprésentées en littérature, art et langues, en sciences sociales et en droit où elles représentent les 2/3 des effectifs, les femmes sont en revanche minoritaires en mathématiques, ingénierie et en informatique et en sciences de la terre et de l’univers. 

Ces choix d’orientation sont le reflet de l’influence des normes sociales et des stéréotypes de genre véhiculés par les parents, l’entourage proche et l’environnement scolaire.  

Des disparités de dépenses 

Ces choix d’orientation genrée ont pour corollaire des dépenses d’enseignement supérieur moindres pour les filles que pour les garçons. En effet, les filières et disciplines suivies par les filles disposent d’un taux d’encadrement et d’un volume horaire moindre et coûtent donc moins chères. 

 « Les hommes qui poursuivent des études supérieures bénéficient en moyenne d’un montant cumulé de 25 000 € jusqu’à 21-24 ans contre 20 500 € pour les femmes soit un écart de 18 % en défaveur de ces dernières » note Cecile Bonneau. Elle poursuit en précisant « l’écart est particulièrement marqué dans le haut de la distribution » (10% des étudiants bénéficient de dépenses cumulées supérieures à 52 500 € contre moins de 5% pour les étudiantes). 

Promouvoir l’égalité « filles-garçons »

Pour Cécile Bonneau, « ces disparités de dépenses entre les filles et les garçons dans l’enseignement supérieur sont un sujet de préoccupation dans la mesure où le coût des formations d’enseignement supérieur est fortement corrêlé avec leur rendement salarial ». Moins financées dans leurs études, les femmes sont aussi moins bien payées sur le marché du travail. « Dans ce contexte, accroître la part des femmes dans les filières sélectives et les disciplines est un levier indispensable pour rééquilibrer la dépense d’enseignement supérieur en faveur des premières et contribuer ainsi à réduire des inégalités salariales entre les femmes et les hommes", conclut Cécile Bonneau.  

Et cela commence dès le lycée ! Alors que le collectif Maths&Sciences alertait en octobre dernier sur la chute drastique du nombre de filles dans tous les parcours scientifiques au lycée suite à la réforme du bac, espérons que la réintroduction des mathématiques obligatoires pour tous à la rentrée 2023 sera un progrès vers l’égalité filles-garçons. 

La rédaction © CIDJ
Actu mise à jour le 24-11-2022 / créée le 24-11-2022

Crédit photo : Pixabay