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L’insécurité alimentaire aiguë continue de s’aggraver dans le monde

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L’insécurité alimentaire aiguë continue de s’aggraver dans le monde

Sous l'effet des conflits, des chocs économiques et des phénomènes météorologiques extrêmes, l'insécurité alimentaire aiguë continue de progresser. En 2022, 258 millions de personnes se trouvent au bord de la famine. L'ONU appelle à un changement systémique radical pour stopper cette spirale infernale. 

C’est un constat alarmant que dresse une fois encore l’ONU. Selon les estimations du rapport mondial sur les crises alimentaires 2023 (Global Report on Food Crises 2023), l’insécurité alimentaire aiguë, c'est-à-dire le dernier stade avant la famine, s’est nettement aggravée en 2022. Elle touche désormais 258 millions de personnes dans 58 pays et territoires. Il s’agit du chiffre le plus élevé depuis la première publication de ce rapport en 2017. Ce nouveau rapport, publié le 3 mai 2023, est « un réquisitoire cinglant sur l’échec de l’humanité à faire progresser l’objectif de développement durable d’éradiquer la faim et de parvenir à la sécurité alimentaire et à une meilleure nutrition pour tous » déplore Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU dans son préambule.  

L’insécurité alimentaire aigüe continue de s’aggraver

 

L’insécurité alimentaire aigüe a triplé en 6 ans 

L’insécurité alimentaire aigüe continue de s’aggraver

L’insécurité alimentaire aigüe (phases 3 à 5 de l‘échelle internationale de la sécurité alimentaire ou IPC/CH correspondant aux niveaux « crise », «urgence » et « famine ») a progressé de 65 millions de personnes en 2022 pour s’établir à 258 millions de personnes. Pays principalement touchés : la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, l’Afghanistan, le Nigeria et le Yémen. Dans ce quart de milliard d'individus, environ 35 millions de personnes ont été en situation d'urgence (phase 4 de l’IPC/CH) et 376 000 personnes ont été confrontées à un manque extrême de nourriture (phase 5 de l’IPC/CH). 
 

Les conflits alimentent la crise alimentaire

L’insécurité alimentaire aigüe continue de s’aggraver

Si cette hausse de l’insécurité alimentaire aigüe s’explique pour partie par une augmentation du nombre de pays analysés (58 pays en 2022 contre 53 en 2021), elle est également « le résultat de facteurs interconnectés qui se renforcent mutuellement ». Les conflits et l’insécurité représentent le principal moteur des crises alimentaires (117 millions de personnes au sein de 19 pays). Viennent ensuite les chocs économiques (dont les impacts socio-économiques de la Covid 19 et les répercussions de la guerre en Ukraine) qui en 2022 ont touché 83,9 millions de personnes dans 27 pays. Les conditions météorologiques extrêmes (sécheresse dans la Corne de l’Afrique et en Afrique Australe, inondations au Pakistan…) ont, quant à elles, impacté 12 pays et 56,8 millions de personnes. 

Pour un changement fondamental et systémique

Et pour 2023 ? Les projections disponibles tablent d'ores et déjà sur 153,4 millions de personnes frappés d'insécurité alimentaire aiguë dont 310 000 personnes en situation de famine. Mais tous les éléments survenus en début d'année (climatiques, catastrophes naturelles) n’ont pas été pris en compte pour ces premières estimations et il faudra toujours et encore compter sur les chocs économiques (pour 22 pays), l’insécurité et les conflits (pour 10 pays).

Face à ces prévisions inquiétantes, l’ONU appelle à un changement de paradigme. « Trop souvent, la communauté internationale attend une classification en famine (phase 5 de l’IPC/CH) avant de dégager un financement additionnel ». Il faut enclencher l’intervention humanitaire plus tôt avant que la situation ne dégénère en famine et surtout anticiper et prévenir pour s’attaquer aux causes profondes des crises alimentaires.  « Ce rapport montre clairement que des progrès sont possibles. Nous disposons des données et du savoir-faire nécessaires pour construire un monde plus résilient, plus inclusif et plus durable, où la faim n'a pas sa place - notamment grâce à des systèmes alimentaires plus solides et à des investissements massifs dans la sécurité alimentaire et l'amélioration de la nutrition pour tous, où qu'ils vivent » a conclu A. Guterres. La crise alimentaire aiguë en est à sa 4e année consécutive de progression...

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 12-05-2023 / créée le 12-05-2023

Crédit photo : FAO