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J’ai testé, et pas détesté, le premier musée des mathématiques

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J’ai testé, et pas détesté, le premier musée des mathématiques

Un musée dédié aux mathématiques vient d’ouvrir ses portes à Paris, fin septembre 2023. Journaliste à la rédaction du CIDJ et moyennement férue de cette discipline, j’ai été désignée pour le visiter et l’approuver. Ou non. Algèbre, géométrie, probabilité et même intelligence artificielle, on touche à tout et cela passe toujours par le jeu.

Un musée qui fait la part belle aux mathématiques ? Très peu pour moi ! Passée la première réaction un brin réfractaire, je m’y suis rendue quelques jours après son inauguration par Emmanuel Macron. Non sans quelques appréhensions. La honte si je ne comprends rien ! En chemin, je me suis donc promis de ne pas partir sans avoir réussi au moins l’une des activités proposées. Question d’égo, vous comprenez. Après tout, le lieu se veut pédagogique et accessible. Et vous savez quoi ? Pari presque gagné ! De là à crier victoire, après une scolarité marquée par mon désamour pour les maths (sans doute réciproque ?), n’exagérons rien. Disons que certaines notions sont restées obscures… En dépit d’une approche ludique et concrète.

Quel est le rapport entre un ballon de foot et les mathématiques ?

« Sur 900 m² au cœur de Paris, la Maison Poincaré [c’est le nom du musée] a pour objectif de faire découvrir l’influence des mathématiques sur notre société et dans notre quotidien ». Sur le prospectus distribué à l’entrée du musée, la promesse apparaît clairement. Et en effet, je débute l’exposition permanente par l’espace « Connecter » surplombé d’une carte de « métro mathématique ». En l’observant, on comprend les connexions des différents domaines mathématiques (algèbre, géométrie, probabilité…) avec les objets de tous les jours. Parmi eux, un ballon de foot. Bizarre ? Pas tant que ça. Le visiteur se frotte à un petit jeu : reconstituer un ballon de foot avec des pièces en cuir hexagonales (6 côtés) régulières. Je me conforme à la consigne. Oh surprise, je n’y arrive pas. Et pour cause, c’est tout bonnement impossible sans y incorporer des pièces de forme pentagonales (5 côtés). J’aurais dû le deviner au vu de celles qui trônaient à proximité ! J’apprends ainsi que le ballon dit « rond » ne l’est pas vraiment. Explication : on ne peut pas obtenir une sphère parfaite en cousant des pièces plates entre elles. Vous le saviez, vous ?

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Autre exercice mis à disposition : remplir une valise avec des cubes qui dépassent à priori sa capacité. J’observe d’autres visiteurs s’arracher les cheveux avant de laisser tomber. Pas mieux de mon côté. Évidemment, une fois la solution sous les yeux, ça m’a paru évident ! Bon, je dois avouer que je m’amuse bien. Toujours dans cet espace, une petite vidéo explique le rôle des maths dans la sécurisation des données d’une carte bancaire. La présentation très pédagogique me permet de visualiser comment fonctionne la cryptographie. Trop fière de moi ! Je pourrai me la raconter au bureau. Je déambule ensuite au gré des divers espaces où l’on découvre les liens entre les maths et d’autres disciplines comme la physique, la biologie, la sociologie, l’informatique. Les maths permettent par exemple de modéliser les mouvements de foule dans certaines situations comme les files d’attente ou l’évacuation d’un bâtiment. Arrivée à la partie « spectre et ondes », j’ai pu écouter un même son varier au gré des effets appliqués sur son spectrogramme. Heu, j’ai entendu oui, un peu perdue quand même. Les explications d’un médiateur scientifique auraient été les bienvenues à ce moment-là… Sur ce, je quitte l’expo permanente, direction l’exposition temporaire consacrée à l’intelligence artificielle.

S'amuser avec l’IA, à moins que ce ne soit l’inverse, c’est possible !

Et là, ça s’est corsé. Deux dispositifs ont néanmoins retenu mon attention. Comme tout le monde, j’ai lu des choses inattendues sur ChatGPT, entendu parler de DALL-E ou de Midjourney. Mais aussi de machine learning, de deep learning, de deepfakes, etc. Aussi, j’ai trouvé rigolo le dispositif qui invite à identifier les portraits humains réels, représentés sur des cubes en bois, dans une série où ils se mêlent à des portraits réalisés par l’intelligence artificielle. Exercice délicat ! Tiens, sauriez-vous me dire lequel des deux portraits suivants relève d’une IA ?    

Au musée des mathématiques les vrais portraits se cachent au milieu des faux

Et bien il s’agit du deuxième. Je suis tombée dans le panneau ! Le portrait de la femme semblait plutôt réaliste, contrairement au portrait de l’homme. Ses traits paraissaient un peu trop « parfaits ». Voire refaits. Amusant, mais j’ai trouvé une limite à cet exercice dont la consigne indiquait : « En cherchant des indices dans l’image, à vous de déceler le vrai du faux. Essayez de ne sélectionner que les images réelles, non construites par une IA ». Le visiteur ne dispose pas de plus de précisions. Frustrant. J’aurais aimé un éclairage sur les indices permettant de faire la distinction.

Je passe à un autre jeu qui propose de participer au machine learning (apprentissage automatique) d’une IA. Comment ? En alimentant sa base de données composée de dessins, elle perfectionne la reconnaissance de ces derniers. Je me retrouve ainsi à dessiner, en moins de vingt secondes, une série d’éléments. Une baleine, une lanterne, une plume (l’IA ne les reconnaitra pas !), une asperge, cette fois-ci reconnue par l’IA !

Même si certaines animations méritaient plus d’explications, je suis restée deux bonnes heures à me confronter aux mathématiques. Pour passer un bon moment ! Si j’ai un conseil, venez à plusieurs, ça sera plus fun (comptez tout de même 5 euros l'entrée entre 18 et 25 ans, c'est gratuit pour les plus jeunes). Pour une visite guidée en groupe (10 à 30 personnes), il vous en coûtera 90 euros. Reste la sempiternelle question à mon retour à la rédaction : « alors, réconciliée avec les maths ? ». Joker. En tout cas, ça m’a plu de découvrir les applications concrètes de cette discipline. Ça la rend plus sympathique à mes yeux et aussi moins abstraite…

Les mathématiciennes à l’honneur

La Maison Poincaré veille à mentionner les figures féminines qui contribuent au moins autant que les hommes à la discipline. J’ai nommé par exemple Emmy Noether, mathématicienne à l’origine de l’algèbre moderne, ou encore Houria Lafrance, professeur de mathématiques qui a eu l’idée de faire jouer à ses élèves les maths sur scène. Étonnant !

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Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 18-10-2023 / créée le 18-10-2023

Crédit photo : Institut Henri Poincaré, Paris - Atelier Novembre, du&ma, Thibaut Voisin / CIDJ