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Éducation sexuelle à l’école en 2024 : que contient le futur programme ?

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Sur les 21 séances obligatoires, les élèves ont en moyenne que 2,7 cours d'éducation sexuelle au cours de leur scolarité.

Publié le 5 mars dernier, le rapport du Conseil supérieur des programmes définit les contours des futurs cours d'éducation sexuelle. Allant de la maternelle à la terminale et en incluant tout le corps enseignant, ce programme vise à rectifier les manquements actuels sur le sujet. Des recommandations détaillées, qui tentent de faire consensus parmi les associations et les familles.

20 ans après, l'école ne remplit pas son rôle

Sur les 21 séances d'éducation sexuelle rendues obligatoire par la loi de 2001, un élève n'assiste en moyenne qu'à 2,7 cours durant sa scolarité. Au total, un peu moins de 15% des effectifs bénéficient de ces apprentissages. Pour y remédier, l’Éducation nationale a missionné en juin 2023 le Conseil supérieur des programmes (CSP). L'objectif était d'établir un nouveau programme sur les besoins en matière d’éducation sexuelle en France. Pour cela, 18 professionnels issus du milieu scolaire et médical ont été mobilisés. Leurs conclusions, rendues publiques le 5 mars dernier, rappellent l’obligation, au niveau académique, de la « mise en œuvre – régulière et complète – de l’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité » au sein des établissements.

Dans cette optique, le CSP a veillé à bâtir un rapport consensuel pour satisfaire les différentes parties prenantes au sujet. D’un côté, les organisations comme le Planning Familial et SOS Homophobie, qui dénonçaient jusque-là le non-respect de la loi de 2001, et de l’autre, des familles et associations plus conservatrices, comme le Syndicat de la Famille (anciennement Manif pour tous), qui estiment que l’école n’est pas le lieu opportun pour aborder ces thématiques.

Impliquer tout le corps éducatif

Ce rapport s'articule autour de trois grands axes : « se connaître soi-même, vivre et grandir avec son corps », « rencontrer les autres et construire avec eux des relations, s’y épanouir » et « trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ». Avec comme seule ambition de déployer de manière progressive, au fil des classes, un enseignement par nature délicat. Imaginé de manière transversale, le projet liste les différentes activités possibles autour de l’éducation affective et sexuelle. Et ces recommandations ne s’adressent plus seulement aux professeurs de Sciences et vie de la terre (SVT), mais impliquent aussi en co-animation les enseignants de français, d’histoire, de sport… Le rapport fait aussi mention de la possible intervention des Conseillers principaux d’éducation (CPE) et des psychologues scolaires.

Dès la maternelle, comprendre son corps

Le premier cycle destiné aux maternelles et le second destiné aux jeunes élèves de l’élémentaire s'intéressent d'abord à « l'éducation à la vie affective et relationnelle ». L'enjeu principal demeurant d'aider les enfants à connaître leur propre corps : « Ils comprennent qu’il leur appartient, qu’ils doivent en prendre soin pour se maintenir en forme et favoriser leur bien-être. Ils apprennent à identifier, désigner et nommer les différentes parties du corps ». Pour cela, l’étude recommande la mise en place d'ateliers liés au respect de son corps et de celui des autres : « Qui peut ou ne doit pas toucher quelle partie du corps ? Dans quelles circonstances et dans quels lieux peut-on ou ne doit-on pas se mettre nu ? Qui peut ou ne doit pas me voir nu ? ».

À chaque âge son apprentissage

S'ensuit une décantation des thématiques en fonction de l’âge des élèves. Ainsi, au CP, les jeunes vont être amenés à repérer des situations de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles, ainsi qu'à comprendre la notion de consentement. Les questions de relations amoureuses, d’intimité et de pudeur concernent la fin de l’élémentaire. Les séances destinées aux collégiens insistent davantage sur les changements du corps, avec notamment l’arrivée des règles. En classe de 4ᵉ vont être abordé les dangers d’une exposition précoce à la pornographie. Puis, les lycéens auront droit à des ateliers abordant les questions liées à la manière de vivre sa sexualité en tant que jeune adulte responsable, avec spécifiquement des réflexions sur les excès et les risques encourus.

Cette première version de programme n'apporte cependant pas de réponses aux nombreuses questions pratiques que soulève la mise en place de tout ce corpus. Quid du volume d'heures accordées à ces enseignements ? Idem pour les éventuelles formations des professionnels amenés à intervenir. En attendant les modalités pratiques, le texte va passer dans les mains de la nouvelle ministre Nicole Belloubet pour tenir son objectif final d'entrer en vigueur dès la rentrée prochaine (2024-2025). Et ce dans toutes les écoles publiques et privées sous contrat de France. 

Perrine Basset Fériot © CIDJ
Actu mise à jour le 19-03-2024 / créée le 19-03-2024

Crédit photo : Canva