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Alimentation : devenez incollable sur les étiquettes

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Devenez incollable sur les étiquettes

Au 1er janvier 2024, les règles de calcul du Nutri-Score se sont affinées. Si ce logo a envahi nos rayons et promet d’évaluer la qualité nutritionnelle d’un produit, son usage par les industriels reste facultatif. Alors pour savoir ce qu’on mange, il faut savoir lire… les étiquettes.

Privilégiez les courtes listes d'ingrédients

Sur l’emballage, des couleurs vives et contrastées. On y voit des pâtes al dente, recouvertes d’une onctueuse sauce bolognaise de couleur rouge vif, agrémentées de petits morceaux de viande appétissants. La mention « pâtes fraîches » finit de vous convaincre. Minute papillon ! Avez-vous pensé à retourner l’emballage avant de le fourrer dans le panier de courses ? L’étiquette apposée risque de doucher vos ardeurs.

Premièrement, vous y découvrirez le poids net du produit, de quoi vous assurer que le contenant (emballage) contient une quantité raisonnable de contenu (nourriture). Et non du vide comme c’est parfois le cas avec les produits suremballés. Autre élément intéressant : la liste des ingrédients. Exception faite pour les fruits et légumes frais, le beurre ou le lait, cette liste demeure obligatoire pour les produits préemballés. Et la grille de lecture se veut simple : on se méfie toujours des listes à rallonge truffées de termes inconnus, synonymes de produits très transformés.

Scrutez les premiers ingrédients cités

Mais il n'y a pas que la taille de la liste qui compte, l’ordre d’apparition des ingrédients joue aussi un rôle important. « Les ingrédients sont classés du plus au moins abondant », rappelle Lisa Faulet, responsable scientifique et alimentation de l'association de consommateurs CLCV. « Cela permet de se faire assez rapidement une idée sur la composition du produit », poursuit-elle. Autant dire que si le sel ou le sucre s’affiche en tête de liste, vous savez déjà à quel type de produit vous avez affaire !

Et lorsqu’un ingrédient bénéficie d’une mise en avant sur l’étiquetage, ou dans la dénomination du produit (biscuit aux fraises, pâtes au saumon, pizza au chorizo), sa quantité doit être indiquée précisément sur l’étiquette. Et cette information révèle des surprises. Lisa Faulet se souvient d'un emballage de smoothie mettant fièrement en avant des myrtilles alors qu’en contrôlant la composition, leur présence se révélait anecdotique. Pris en flagrant délit de bidouillage, l’industriel se serait justifié en expliquant avoir ajouté volontairement une majorité de pommes et de bananes pour casser l’acidité des myrtilles… En attendant, la boisson en rayon contient des fruits bien moins « nobles » que le packaging ne laisse imaginer et dupe clairement le consommateur.

Méfiez-vous des termes marketing vendeurs

Au rayon des éléments suspects, le consommateur avisé se méfiera des innombrables mentions  ajoutées au packaging comme autant de promesses de bienfait pour la santé ou l’environnement. Ainsi, les mentions « naturel », « bon pour la planète », « allégé en matière grasse », « antioxydant »  doivent appeler à la vigilance. Certaines de ces mentions ou expressions sont réglementées, comme « fermier » ou « biologique ». Les autres, qui valorisent le produit en faisant référence au bien-être, à la nutrition ou à l’environnement doivent obéir à une règle simple : ne jamais être trompeuses.
« Mais quand on regarde la composition, on s'aperçoit que ce ne sont pas nécessairement de bons produits sains pour autant, prévient Lisa Faulet. Ainsi, rien n’empêche un yaourt « riche en calcium » d’être plein de sucre et d’additifs. »

Nouveau : le mode de calcul du Nutri-score devient plus sévère. Le Nutri-Score est un logo basé sur une échelle de 5 couleurs (du vert à l’orange foncé) associées à une note de A à E permettant d’identifier simplement la qualité nutritionnelle d’un produit alimentaire. Depuis le 1er janvier 2024, le mode de calcul du Nutri-Score a changé pour le rendre plus précis et plus efficace. Les nutriments à limiter (calories, acides gras saturés, sucres, sel) sont davantage pénalisés tandis que les fruits, légumes et noix sont mieux notés tout comme les produits à base de céréales complètes. C’est la raison pour laquelle la note des yaourts à boire, des plats cuisinés ou des chocapic a sérieusement chuté !

Repérez les additifs des aliments ultra-transformés

S’il y a bien un ingrédient dont les industriels raffolent, ce sont les additifs. Ils sont utilisés tantôt comme colorant, comme conservateur, comme agent texturant, comme exhausteur de goût ou encore comme régulateur d’acidité. Sans eux, le pain de mie se conserverait bien moins longtemps, les chips saveur poulet seraient nettement plus fades et le jambon, plus grisâtre. Reste que les additifs ne sont pas sans risques pour la santé.

Alors pour les chasser de l’assiette, traquez-les sur les étiquettes. « Leur présence est obligatoirement mentionnée dans la liste des ingrédients, rappelle Lisa Faulet. Ils peuvent être écrits de deux manières, soit avec le code E suivi de 3 chiffres, soit par leur nom. » Inutile de tous les connaître, il y en a plus de 300 autorisés en France. Les plus utilisés sont l’acide citrique (E330), les amidons modifiés et les lécithines (E322), selon l’agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale. Si ces noms ne vous parlent pas, c’est normal. « Ce sont des ingrédients que l’on n'a pas dans nos placards », poursuit Lisa Faulet. Absent des placards, mais pas des assiettes. On en consommerait environ 4 kg par an (soit l’équivalent de 2 carrés de sucre par jour) d’après l'association de consommateurs UFC-Que Choisir. Et pour les adeptes d'aliments ultra-transformés comme les biscuits, les sodas, les nuggets ou les plats cuisinés, le chiffre grimpe à 10 kg par an !

Chasse à la shrinkflation ! La skrinflation qui vient de « to skrink » (réduire en anglais) et « inflation » (appelé aussi réduflation) est une pratique commerciale qui vise à réduire la quantité d’un produit, sans modifier ni son emballage ni son prix. Une pratique légale pour masquer l’inflation mais trompeuse. Le gouvernement souhaite plus de transparence. Un projet d’arrêté pourrait entrer en vigueur d’ici à la fin du mois de mars 2024, obligeant les distributeurs à informer les consommateurs sur cette réduction de poids.

Décodez le tableau nutritionnel et comparez les étiquettes

Les aliments ultra-transformés coûtent généralement moins cher, ce qui leur donne un avantage certain sur leurs concurrents avant de passer en caisse. Moins chers, mais pas forcément aussi nourrissant. Alors pour s’assurer de leur vertu, il faut déchiffrer le tableau nutritionnel en comparant les produits entre eux. Grâce aux pourcentages indiqués, vous pourrez ainsi privilégier ceux qui sont le plus intéressants d’un point de vue nutritionnel.

C’est ainsi qu’en comparant sept marques de poissons panés, l’association de consommateur CLCV a pu constater que d’un produit à un autre, la quantité de poisson variait de 35%… à 80 % ! Le reste étant de la panure préparée avec plus ou moins de sel et d’acide gras saturés. Autant dire, peu d'intérêt nutritionnel pour notre estomac.

Manger sain, c’est bien, mais attention à ce que ça ne tourne pas à l’obsession ! Être angoissé à l’idée de manger autre chose que de la nourriture saine et bonne pour la santé porte un nom : l’orthorexie. Ce comportement obsessionnel peut s’apparenter à un trouble du comportement alimentaire. Si vous pensez en être atteint, parlez-en à un professionnel de santé.

 

Laura El Feky © CIDJ
Article mis à jour le 01-02-2024 / créé le 01-02-2024