• actualité

DMA : qu’est-ce que ça change concrètement ?

  • Internet et mobile
  • Digital
Le DMA nouvelle règlementation européenne va bousculer nos habitudes numériques

Face aux géants américains et chinois de la tech, c’est en matière de règlementation que l’Union européenne s'illustre avec l'instauration ce mois-ci du règlement sur les marchés numériques (ou DMA). Au rayon des messageries instantanées, du paiement sans contact, des moteurs de recherche, des applications préinstallées, il va y avoir du changement. Ces nouvelles mesures visent à limiter la domination des mastodontes du numérique et à offrir plus de choix aux utilisateurs.

Contre le monopole des géants de la tech

Enthousiaste, vous vous étiez enfin décidé à réviser vos partiels dans cette bibliothèque universitaire tant vantée par un camarade de promo. Mais la déception vous saisit lorsqu’en tapant son nom dans Chrome, vous constatez que le bouton Maps n’est plus accessible : impossible de localiser l’endroit et encore moins de consulter l’itinéraire pour s'y rendre. La carte non cliquable qui apparaît désormais a de quoi donner des sueurs froides à tous les dépourvus de sens de l’orientation. La faute à une mise à jour qui aurait mal tourné ? Pas du tout. La raison tient en trois lettres : DMA pour Digital Markets Act.

Depuis le 6 mars 2024, les géants de la tech se voient contraints de changer certaines de leurs pratiques pour se conformer à la nouvelle réglementation européenne. C’est la raison pour laquelle Google n’a plus le droit, dans les résultats de son moteur de recherche, de mettre en avant son outil de cartographie (Google Maps), sans laisser le choix à l’internaute d'en consulter un autre. Et l'entreprise américaine n’est pas la seule à devoir s’y plier. L’Europe a identifié cinq autres « gatekeepers », comprendre les gardiens numériques qui règnent en maîtres dans leur domaine, à savoir Amazon, Apple, ByteDanse (maison mère de TikTok), Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram) et Microsoft. Le temps des monopoles semble révolu.

Plus de liberté et de choix pour les utilisateurs

La loi prévoit que les applications de messagerie doivent être compatibles entre elles. Cela signifie que vous pourrez communiquer via WhatsApp avec vos amis ou votre famille qui n’ont pas l’application, mais qui utilisent Messenger ou Telegram par exemple. Il sera également possible de choisir quel moteur de recherche et quel navigateur utilisés par défaut. Ainsi, les utilisateurs d’iPhone pourront opter pour une alternative à Safari. Par ailleurs, ils pourront payer avec un autre moyen qu’Apple Pay et télécharger des applications en dehors de l’App Store. Fini aussi les applications indésirables. Que ce soit sur smartphone ou sur ordinateur, les usagers deviennent libres de choisir leurs applications : toutes celles préinstallées pourront ainsi être supprimées (Caméra, Photos, Cortana…).

Vers un numérique plus juste

Gare aux entreprises récalcitrantes, car le non-respect du DMA coûtera cher avec des amendes pouvant aller jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial total, voire 20% en cas de récidive, comme le souligne le site Vie publique. La Commission européenne affiche une détermination sans faille à faire respecter ce règlement, qui est, avec le DSA, l’un de ses grands chantiers numériques.

Pour rappel, en Europe, on compte plus de 10 000 plateformes en ligne, dont 90% de petites et moyennes entreprises. Pourtant, ce sont les mastodontes du numérique qui engrangent la majorité des profits. C’est pourquoi l’objectif de ce chantier est double : protéger les consommateurs résidant en Europe d’une part et rééquilibrer le marché d’autre part. En empêchant les géants, en situation de monopole, d’évincer leurs concurrents, l’Europe espère créer un environnement plus propice à la création et à l’innovation des start-up comme des petites et moyennes entreprises. En résumé, le DMA, c'est un coup de frein pour les gros, un coup de pouce pour les petits.

Laura El Feky © CIDJ
Actu mise à jour le 21-03-2024 / créée le 21-03-2024

Crédit photo : Jonas Leupe - Unsplash