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Colocation entre générations : le choix gagnant pour les étudiants

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Colocation entre générations : le choix gagnant pour les étudiants

Avec l’inflation, les loyers augmentent et il devient de plus en plus délicat d’assumer un studio. Chaque année, 58 % des étudiants se retrouvent contraints d’emménager en coloc, faute de place ou de moyens. Zoom sur les modèles de colocation intergénérationnelle. 

Selon l’étude de l’observatoire LocService de la colocation 2023, prendre un appartement seul serait 22 % plus cher que de partager son logement. Cet écart varie en fonction de la ville et des disponibilités. Au-delà de l’avantage financier évident, les locataires favorisent également cette option pour l’aspect social. 

Colocation classique ne rime pas forcément avec colocation idyllique 

En 2023, la colocation n’est plus seulement une question de budget. Si pour 51 % des personnes interrogées, c’est un net avantage, le prix des loyers n’en fait plus un atout majeur. 

Graphique en barre sur l'évolution des loyers par ville en France

La colocation dite “classique” entre jeunes reste une option largement privilégiée sur les campus. Les études impliquent souvent de prendre un nouveau départ et cela reste la solution idéale pour faire de nouvelles rencontres pour 77 % des sondés. Les séries telles que Friends ont idéalisé ce mode de vie, alors que cela peut rapidement virer au cauchemar

“Ne surtout pas faire une coloc avec un ou une pote”, le retour de Barbara, 27 ans, en colocation pendant cinq ans durant ses études est sans appel : pour éviter les ennuis, on n’emménage pas avec ses amis. Pour la simple et bonne raison que si vous aimez leur compagnie, vous n’apprécierez pas nécessairement leurs habitudes

Les chiffres de LocService parlent d’eux-mêmes, en tête des sujets qui fâchent : le ménage. Près de 66 % des personnes interrogées placent la propreté de l’appartement en priorité. Ensuite, vient le respect de l’intimité : 58 % considèrent qu’entrer dans la chambre de son colocataire en son absence n’est pas acceptable. Enfin, 30 % n’aiment pas que cela soit toujours le même qui fasse la vaisselle. Pour éviter ce genre de déconvenues, beaucoup n’hésitent pas à se tourner vers des colocations entre adultes : le coliving ou la colocation intergénérationnelle. 

Pas de bataille en colocation avec des jeunes qui travaillent 

Habiter avec des jeunes actifs, la solution aux problèmes de colocation ? D’après le témoignage de Valérian, le coliving est le meilleur choix de vie qu’il ait fait. Si l’avantage financier n’était pas négligeable, la possibilité de faire de nouvelles rencontres a été déterminante

En pleine recherche d'appartements, ce jeune photographe seul à Rouen décide de se lancer dans cette gigantesque colocation aux côtés de sept autres jeunes actifs. 

“500 euros en centre-ville de Rouen pour une maison de 400 m² : c’est le luxe.” 

Cela fait quatre ans maintenant que Valérian y a emménagé et il n’a aucun regret. À chaque départ, c’est toute la colocation qui choisit le nouvel arrivant. Cela garantit une bonne cohabitation et assure que le locataire se plaira. “Si c’est quelqu’un qui préfère rester dans sa chambre, cela ne va pas coller, explique-t-il. Pour les étudiants ou les internes en médecine, on peut comprendre qu'ils travaillent le soir, on s'arrange pour ne pas faire trop de bruit. Mais on préfère passer nos soirées ensemble et organiser des fêtes à la maison, confie-t-il, emballé.  

Pour lui, le bilan est clair : "On dit souvent que tout le monde devrait aller voir un psy. Moi, je pense qu’on devrait tous essayer la coloc à un moment donné."

Si dans ce remake de l'auberge espagnole tout se passe bien, la jeune Barbara conseille néanmoins de bien répartir les tâches de chacun, et de favoriser les courses individuelles, car "ça fait souvent des histoires pour pas grand-chose, c'est mieux que chaque coloc achète ce qu'il aime". Mais certains, toujours dans l'optique de se loger au meilleur prix et d'éviter bisbilles, se tournent vers la colocation avec des adultes d'âge mûr. Mais est-ce vraiment une garantie de tranquillité ?

Les habitats participatifs, qu’est-ce que c’est ?
Le statut existe depuis 2014 bien que l'idée date des années 80. Ce concept allie développement durable et solidarité. Ces habitations sont conçues et gérées par les habitants eux-mêmes autour de la transition écologique. Si les logements restent individuels, l'ensemble du lieu est géré par une coopérative d'habitants et caractérisé par une multitude d'espaces communs tels qu'un potager, une salle commune ou une buanderie. Ces projets d'habitation assurent la mixité sociale et sont particulièrement sollicités par les personnes âgées. Il n'est pas rare que des colocations intergénérationnelles s'y développent. 

Une chambre chez mamie, c’est la fin des soucis ?

Pas facile de payer son loyer avec une simple bourse ou une petite retraite. Largement promue par le gouvernement, la colocation intergénérationnelle semble être le compromis idéal. Légalement, le contrat de cohabitation intergénérationnelle implique une personne de 60 ans et plus, emménageant avec un ou une colocataire de moins de 30 ans. Une tierce personne telle que le propriétaire ou une association peut prendre part à ce contrat. La loi ne précise pas s’il est possible d’impliquer plusieurs séniors. Il n’y a pas non plus de délai minimum ou maximum fixé pour cette cohabitation. La contrepartie financière est fixée librement, mais doit rester “modeste” et ne peut en aucun cas devenir un revenu. Ces réglementations nébuleuses engendrent parfois certaines défaillances.  

Émilie en a fait les frais lorsqu’elle avait 18 ans. Ne supportant plus l’internat du lycée, elle décide d’emménager dans une colocation intergénérationnelle comportant six locataires. Rapidement, le quotidien avec Corine*, la séniore du logement, devient insupportable. 

C’était vraiment la mère chiante. Elle nous espionnait tout le temps : c’était malaisant. Tu te sens pas vraiment chez toi.” 

Émilie payait 450 euros pour cette chambre de 7 m², sans salon, avec “interdiction de recevoir de la visite”. Ces conditions abusives l'ont poussé à fuir. Encore aujourd'hui, elle reste dégoûtée de cette expérience de vie :“Je n’ai plus voulu habiter avec des colocataires après ça.” 

Ce marché fleurissant des colocations intergénérationnelles a permis à de nouvelles agences d'ouvrir leur porte. C'est le cas de Colette, un site d'annonces spécialisé dans l'intergénérationnel. Cela fonctionne "un peu comme une agence matrimoniale" plaisantent Constance et Bernard, colocataires de 22 et 67 ans. De la même façon qu'un site de rencontre, les locataires sont rassemblés selon leurs affinités. Une démarche qui permet d'éviter les déconvenues, "Il faut avoir le caractère pour et ne pas faire ça pour l'argent. Quand il y a beaucoup de 'il ne faut pas', c’est très lourd" indique Constance.

Ensembles depuis plus d'un an dans 93 m², cette étudiante curieuse et ce retraité hyperactif sont très heureux de leur quotidien. La compagne et les enfants de Bernard ont intégré la jeune étudiante à la famille. À tel point qu'ils n'imaginent pas une colocation plus parfaite. 

*Le prénom de la locataire a été changé

Le colocataire parfait c’est … 
"Quelqu'un qui partage mes valeurs et mon éducation, Pas forcément besoin d'avoir les mêmes passions, mais être sur la même longueur d'onde". Barbara, 27 ans

"C'est quelqu'un de respectueux qui ne fait pas ça pour l'argent, le business" Bernard 67 ans 

“Pour moi, c’est quelqu’un qui respecte l’autre, sans non plus lui interdire de vivre. C’est aussi quelqu’un qui essaye de te connaître et propose de passer du temps ensemble”. Émilie, 23 ans.

Le colocataire idéal, c’est avant tout quelqu’un qui respecte les autres.” Valérian, 27 ans

Alicia Trotin © CIDJ
Article mis à jour le 09-10-2023 / créé le 28-09-2023