Travailler dans le cinéma et l’audiovisuel : ne pas s'enfermer dans un seul métier

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Travailler dans le cinéma et l’audiovisuel : ne pas s'enfermer dans un seul métier

Benoît Labourdette est réalisateur mais pas seulement ! Organisateur de festivals de cinéma, fondateur d’une société de production, technicien audiovisuel, enseignant… Il possède plusieurs cordes à son arc. Une polyvalence indispensable pour évoluer dans ce milieu difficile. Cidj.com l'a rencontré.

Adolescent, Benoît Labourdette tournait déjà des courts métrages avec ses copains et organisait des projections… À peu de choses près, Benoît fait toujours la même chose, sauf qu’aujourd’hui il en vit !

Une insertion professionnelle difficile mais pas impossible

Lorsque nous retrouvons le cinéaste dans son espace de travail et de vie, il nous parle de son parcours et de ses études à l’université où il a aimé suivre des cours de cinéma, d’ethnologie et de linguistique.

Il nous raconte les sept années passées dans la fonction publique où il était à la tête d’un petit service de production vidéo pour les étudiants de l’université Paris 3, ses années en tant qu’intermittent puis auto-entrepreneur.

Pour nos lecteurs attirés par le milieu mais inquiets, il se veut rassurant : l’insertion professionnelle n’est certes pas facile, mais pas impossible. À condition toutefois de déborder d’énergie, de réussir à se créer un réseau et ne pas avoir peur de développer ses propres projets… 

À l’ère du numérique, hors de question de s’enfermer dans une case

Réalisateur, scénariste, producteur, organisateur d'événements cinéma, formateur et même conducteur de drones... Benoit Labourdette a plusieurs casquettes.

Il écrit et réalise des documentaires et films de fiction. Il a fondé et dirigé des festivals de cinéma tels que le festival Pocket Films avec le Forum des images et le festival Caméras Mobiles au Lux Scène nationale de Valence.

Il a créé une société qui réalise des prestations techniques (DVD, encodage…) et il gère la maîtrise d’œuvre et la fabrication de projets web (sites, plateformes, webdocs…).

Quand il n’enseigne pas aux étudiants de la Fémis, de l’ESAV Toulouse, d’INA Sup ou de l’université Paris 3, le cinéaste donne des conférences sur des thèmes aussi variés que les enjeux du numérique, l’éducation à l’image ou l’utilisation des drones dans l’audiovisuel.

Autant d’activités qui peuvent sembler éloignées les unes des autres mais qu’il considère en fait très proches. "En France on a longtemps rangé les gens dans des cases : la case réalisateur, la case technicien...", déplore Benoît Labourdette. "À l’ère du numérique et de la transversalité, il faut être pluridisciplinaire. Et on le devient de fait, car avec un simple ordinateur on peut maintenant manipuler facilement aussi bien des vidéos, des images que du son" se réjouit ce touche à tout.

Toutefois, le cinéaste prévient : "la pluridisciplinarité nécessite d'être en processus d'apprentissage et de formation tout le temps, tout au long de la vie".

Être polyvalent pour comprendre le travail de l’autre

Sans compter qu’au sein d’une équipe il est primordial de connaître et comprendre le travail de l’autre. "Parfois, il m’arrive de faire des formations techniques pour l’ensemble du personnel d'une chaîne TV, du régisseur au directeur. Ça permet de fluidifier les échanges et d'éviter les dialogues de sourds", remarque-t-il. 

Le cinéaste en a déjà fait les frais. "Sur certains projets, on voit des gens très bon artistiquement mais pas techniquement. Ils ne s’y sont pas intéressés car cela leur semblait à côté de leur travail. C'est dommage !", regrette-t-il.

Se spécialiser est un atout, se fermer au reste non

Pour le quadragénaire, être pluridisciplinaire c’est aussi un moyen d’assurer ses arrières dans un milieu où tout évolue très vite.  "Admettons que je décide d’être assistant opérateur et que je ne m’ouvre pas au reste, que vais-je devenir si mon métier disparaît dans 3 ans ?", questionne-t-il.  

Dans le cinéma, il peut y avoir des métiers hyperspécialisés, ceux liés à la captation de mouvement 3D par exemple. Ce sont des métiers très jeunes mais qui peuvent évoluer très vite car il y a des choses manuelles qui pourront être automatisées. "C’est bien d’être pointu sur quelque chose, mais il faut savoir être ouvert au reste", prévient Benoît Labourdette.

Tout est une question de mesure, nuance le cinéaste : "se spécialiser oui, en revanche s’hyperspécialiser est risqué".

Aujourd’hui je tourne des films avec des drones

La passion, moteur de projets dans ce milieu ? Benoît Labourdette ne dira pas le contraire. Il y a trois ans, ce quadragénaire se passionne pour les drones qui filment. "J’ai fait plein d’expérimentations, réalisé des films, partagé sur le sujet avec des gens... Cette passion m’a pris du temps, et j'ai passé environ 6 mois sans être payé", raconte-t-il.

Mais en 2014, ses efforts payent et des projets se mettent en place avec le Centre national d'art et de culture Georges Pompidou à Paris.

Depuis, le cinéaste anime régulièrement des masters class et des conférences sur le sujet et on lui commande des films tournés avec des drones. "Je suis devenu entre guillemets une des personnes spécialistes des images et des drones", sourit-il.  

Voilà peut-être quelques clés du succès pour travailler dans le milieu du cinéma : être curieux, prendre des initiatives et aimer ce que l'on fait !

CIDJ © CIDJ
Article mis à jour le 19-07-2016 / créé le 19-07-2016