• Interview

Les « Happy men » s'engagent pour l'égalité hommes-femmes

  • Ingénieur-e-s
  • Egalité homme-femme

Ingénieur chez SNCF Réseau, Vincent Jost est devenu membre et animateur du réseau Happy Men en 2015. Objectif : sensibiliser ses collègues aux questions d'égalité hommes-femmes dans l'entreprise et faire évoluer les mentalités en particulier sur le rôle des papas.

Vincent Jost est un homme heureux. Cet ingénieur qui dirige une unité signalisation et caténaires chez SNCF Réseau à Paris a décidé de s’engager pour promouvoir l’égalité hommes-femmes dans son entreprise. Il a rejoint le réseau Happy Men et est devenu animateur d’un "cercle" regroupant une quinzaine de salariés masculins sur les questions de mixité et de parentalité. Objectif : faire changer les mentalités en reconnaissant aux papas la même légitimité à s’occuper de leurs enfants que leurs collègues féminines. 

Pourquoi s'être engagé dans le réseau Happy Men ?
 

On parle souvent des mesures qui peuvent être mises en place pour permettre aux femmes qui travaillent de s’occuper de leurs enfants car on estime que cette tâche leur incombe. Mais on oublie les papas. Personnellement, j’ai deux filles en bas âge et ma femme est ingénieure. Elle a le droit de vouloir faire carrière tout autant que moi ; il est donc normal que l’on partage la garde des enfants. C’est pour cette raison que je me suis engagé dans le réseau Happy Men.

Quel problème se pose vis-à-vis des pères dans l'entreprise ?
 

Si une femme quitte une réunion à 17h30 pour aller chercher ses enfants à l’école, son attitude est mieux comprise. Si un homme fait la même chose, il est vu comme un extraterrestre !  Certains vont par exemple penser : "Sa femme ne peut-elle pas s’occuper des enfants comme tout le monde ?".
De même, une salariée aura plus de facilité de voir sa demande de temps partiel accordée que son homologue masculin.

Comment faire progresser la question ?
 

Il s’agit déjà de faire évoluer les mentalités en discutant du sujet autour de soi, au niveau des salariés et de la direction, aussi bien avec les hommes qu’avec les femmes. Le fait de donner l’exemple est aussi une bonne façon de faire bouger les choses : personnellement, il m’arrive régulièrement de partir à 17h30 pour aller chercher mes filles et je pose un mercredi par mois pour m’occuper d’elles. 

Comment fonctionne le réseau Happy Men ? 
 

Quand on intègre le réseau, on peut choisir de devenir animateur référent. Il s’agit de créer un cercle Happy Men dans son entreprise. Cela consiste à trouver une quinzaine de collègues hommes prêts à réfléchir pour faire avancer le sujet de la mixité dans l’entreprise et à organiser des temps d’échanges sur la thématique. En fonction des préoccupations de chacun, le cercle peut travailler sur la parentalité, les préjugés sexistes, l’égalité hommes-femmes dans l’accès aux postes de direction… En communiquant, les membres du cercle jouent ensuite un rôle de relais auprès des salariés ; c’est par ce biais que peu à peu les mentalités évoluent.

A-t-il été difficile de constituer le cercle ?
 

Absolument pas. J’ai envoyé une quinzaine de demandes et je n’ai eu qu’un seul refus. J’ai ciblé des jeunes papas trentenaires comme moi. Ils avaient les mêmes problématiques et se sont sentis d’emblée concernés. Le cercle a été créé récemment, en octobre 2015, et déjà d’autres collègues sont intéressés. Compte tenu du "nombre de places limité " (pas plus de 15 hommes par cercle), il va falloir créer un nouveau cercle prochainement.  

Pourquoi impliquer les hommes
sur la question de la mixité dans l’entreprise ?
 

Parce qu’on gagnera la bataille de l’égalité femmes-hommes avec les femmes ET avec les hommes. Les hommes ont à y gagner, notamment en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Par ailleurs, dans les secteurs techniques, industriels et scientifiques, les hommes sont plus nombreux que les femmes. Les hommes sont également plus représentés dans les conseils d’administration des entreprises. Notre voix a donc plus de chances d’être entendue. 

Actions des Happy Men
Le réseau Happy Men a été créé en 2013 par l’association Mercredi-c-papa fondée par Antoine de Gabrielli. L’objectif de l’association est de "proposer une approche nouvelle, plus globale, des questions liées à la mixité (avec la) conviction que l’accès des femmes aux responsabilités passe par la remise en cause de préjugés culturels liés d’une part à la vision de la performance masculine dans l’entreprise, d’autre part à la conception du rôle de l’homme dans la famille, en tant que père, mari et gagne-pain principal". Le réseau Happy Men compte plusieurs entreprises partenaires : SNCF, Orange, ENGIE, BNP Paribas ou EDF...

Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 31/03/2020 / créé le 06-01-2016