Formation développeur à 42 : bienvenue dans la 4e dimension !

  • Digital

Une école sans prof, accessible sans diplôme, dans laquelle les élèves se corrigent entre eux ? Oui, cette école existe. Elle s’appelle 42 et veut former les futurs développeurs dont notre pays manque cruellement. Nous avons rencontré Nicolas Sadirac, le directeur de cette école pas comme les autres.

En quoi 42 est-elle différente des autres écoles ?

Le savoir est de courte durée dans notre métier. Tout change tout le temps. C’est un domaine en pleine construction et qui est en train de s’inventer. Les bases apprises aujourd’hui n’auront peut-être plus d’utilité demain. Les jeunes auront à acquérir leur savoir tout au long de leur vie professionnelle. Ils vont inventer les métiers de demain. C’est pourquoi, à 42, il n’y a pas d’enseignants : les étudiants sont acteurs de leur formation et de celles des autres.

Concrètement, comment cela se passe ?

On les met face à des projets qu’ils doivent résoudre en équipe. Ils vont travailler ensemble, fabriquer des hypothèses, se contredire les uns et les autres. Aucun professeur ne vient leur expliquer ni les aider à parvenir à une solution. On leur demande de fabriquer et de trouver les solutions eux-mêmes sans leur avoir donné de base. Simplement en faisant des recherches et en s'entraidant.

Qui peut rentrer dans votre école ?

Tout le monde ! Nous acceptons tous ceux qui ont entre 18 et 30 ans, avec ou sans diplôme. Cador de l’informatique ou débutant. 40 % de la promotion actuelle n’a pas le bac. Il faut juste passer le cap de la piscine (voir encadré).

Quelles qualités faut-il pour bien vivre cette formation très particulière ?

Nous cherchons d’abord des jeunes passionnés en informatique, car ça ne fonctionne que si l’on prend du plaisir. En effet, avec ce système d’auto-formation, l’étudiant va devoir travailler de 60 à 90 heures par semaine et à fond pendant 3 ans. La formation demande autant d’implication qu’une prépa classique. Ensuite, tout se fait en groupe. Il faut donc aimer le travail en équipe et être sociable. Il faut aussi être autonome et capable de prendre des décisions seuls, sans que l’on vous dise quoi faire. Cela peut faire paniquer certaines personnes qui ne sont pas à l’aise dans un système où rien n’est encadré. Par exemple, il n’y a pas d’emploi du temps. Chacun construit son emploi du temps en fonction de ses objectifs. Il faut donc être débrouillard et être capable de s’investir et de supporter un environnement incertain. C’est ainsi qu’ils devront travailler plus tard.

Comment sont-ils évalués ?

C'est le principe du peer-to-peer. Quand l’étudiant a terminé un projet, le système informatique de l’école va lui donner une liste d’étudiants qui vont lui corriger son exercice. Les étudiants correcteurs ont des critères de corrections. Celui qui note doit se positionner non pas comme informaticien, mais comme utilisateur. C’est très important car nous voulons former des jeunes qui comprennent pourquoi et à quelle fin ils font les choses.

Combien de temps dure la scolarité ?

L’école est destinée à durer 3 ans mais, en réalité, nous nous adaptons à chaque élève. Chacun peut le faire à sa vitesse, en 2 ans, en 3 ans ou en 4 ans. Les modules ne sont pas dépendants les uns des autres. Quand on en rate un, on peut le refaire. Avec un système informatique qui suit chaque étudiant, il est possible de permettre aux étudiants d’avancer à leur rythme.

Avec quel diplôme sort-on ?

Les étudiants sortiront avec un titre prouvant qu’ils ont fait l’école. Mais surtout, ils sortiront avec un book, comme les artistes. Nous leur donnerons un QR code afin que les entreprises puissent voir toutes leurs réalisations. L’idée est de décrire un ensemble de compétences, plus qu’un diplôme, car dans un secteur en tension comme le nôtre, les entreprises regardent plus ce que vous savez faire que le nom de votre école.

Ecoutez les étudiants de l'école 42



 

Valérie François © CIDJ
Article mis à jour le 21/05/2018 / créé le 10-02-2014