2 heures en patrouille avec la police nationale

  • Armée, police, sécurité

On croise régulièrement des véhicules de police. Si l'on sait que le rôle des policiers est de protéger la population, on ne connait pas toujours précisément leur mode d’opération ni les missions qui leurs sont affectées. Sous le soleil de Versailles, une équipe de policiers a permis à un rédacteur du CIDJ de les accompagner durant leur patrouille.

15h : le départ

J’embarque dans une voiture de police pour accompagner  Philippe, brigadier-chef, Emna, gardien de la paix, et Sarah*, adjointe de sécurité. Avec nous, une cinquième personne du bureau de la communication, en charge de faire le lien entre les policiers et moi-même. Nous prenons la route, un peu serrés à l’arrière. Philippe, sur le siège passager, me donne le programme  : « Là, on est à la recherche de comportements suspects, de véhicules avec des phares cassés, des plaques détériorées. On regarde partout, on est à l’affût. » C’est une journée assez calme.

 

15h15 : le jardin des étangs Gobert

Nous partons en direction d’un parc : le jardin des étangs Gobert.  L’équipe a carte blanche sur son itinéraire, tant qu'elle ne reçoit pas de signalement de la station directrice c'est-à-dire le 17. Le lieu n’est pas choisi au hasard : « Il y a souvent des fumeurs de cannabis et des personnes qui boivent. Notre présence est aussi dissuasive. Quand les gens savent qu’on est dans le coin, ils s’abstiennent de commettre des délits. »

Quelques minutes plus tard, nous tombons sur deux jeunes hommes en train de boire de la bière. Ils s’empressent de jeter leur joint à la vue des policiers. Très calmement, Emna, Philippe et Sarah leur posent une multitude de questions : « Vous avez quel âge ? », « Qu’est-ce que vous faites ? », « C’est à vous ça ? ( le joint) ? », « Vous avez déjà eu affaire à la justice ? »

Le ton ne monte pas et les deux hommes répondent aux questions. Mais l'une de leurs réponses va faire réagir Philippe Fassin, alors qu’Emna est en train de regarder dans leur sac à dos : « Il y a des couteaux de cuisine dans le sac. Nous fêtons la fin de notre bac pro. » Immédiatement, Philippe donne l’ordre à Emna de s’éloigner du sac. Finalement, après avoir contrôlé leurs identités, le groupe laisse les deux hommes. Le brigadier chef explique : « On ne sait jamais à qui on a affaire. Imaginez qu'un des individus sorte le couteau et plante ma collègue ? Prudence et sécurité avant tout ! »

15h30 : vol à l’arraché

Nous reprenons la voiture. Sur les ondes, la station directrice vient d’annoncer un vol à l’arraché. Une autre équipe est plus proche et doit intervenir, Emna et ses collègues décident de se rendre dans le secteur de l’agression. « On y va pour voir ce qu’il se passe. Peut-être que les collègues ont besoin d’un coup de main. Quand on n’a pas de mission affectée, on procède par initiatives », commente Philippe. Finalement, notre équipe reprend vite son chemin initial.

15h45 : véhicule suspect

Alors que nous nous rendons sur le lieu d’une mission, nous tombons sur un véhicule à l’arrêt, en double file. À l’intérieur : quatre jeunes hommes. Les portières sont ouvertes et ils sont très bruyants. « On les contrôle ! », s’exclame Emna. Comme au parc, les policiers posent beaucoup de questions aux hommes interpellés. Emna détend l’atmosphère : « Vous ne voulez pas rentrer dans la police ? »

Après la vérification des papiers du véhicule et une conversation sur les ondes pour vérifier que le permis du conducteur est toujours valable, nous reprenons notre route. Dans la voiture, Sarah m’explique la manière dont ils ont procédé : « Il y a un positionnement bien précis dans ce genre de situation. Une personne doit être systématiquement postée à l’avant du véhicule, et surveiller les mains du conducteur. On ne sait pas s’il est armé. Pendant ce temps, un autre coéquipier transmet les informations sur les ondes. »

16h : mission « Keolis »

La mission « Keolis », confiée au groupe en début de journée, peut commencer. Keolis est une société de transports en commun. Il s’agit pour le groupe de se poster à un arrêt fréquenté de Versailles pour accompagner les contrôleurs. Ces derniers n’ont pas le droit de contrôler l’identité des fraudeurs et sont parfois confrontés à des comportements houleux.

En une heure, deux personnes auront particulièrement retenu l’attention des policiers. Tout d'abord, un jeune homme de 17 ans, annoncé comme fugueur par la centrale. Après quelques minutes d’attente, on leur confirme que le jeune homme n’est plus recherché. « De temps en temps, l’informatique met du temps à se mettre à jour. Il a quitté son foyer hier soir, son éducateur était contraint de signaler une fugue, tout en sachant qu’il reviendrait dans la nuit ou le lendemain », explique Philippe. « On le connaît bien, on a souvent affaire à lui pour des histoires de stupéfiants. »

Un peu plus tard, un homme torse nu, visiblement ivre, se fait remarquer. Emna et Philippe l’interpellent pendant que Sarah m’explique : « C’est un cas d’IPM (ivresse publique manifeste). On le fait d’abord se rhabiller puis on appelle pour savoir s’il n’est pas recherché. » À la vue de mon appareil photo, l’homme s’en prend à moi : « C’est pas bien ! Tu n’as pas le droit ! » Immédiatement, Sarah s’interpose et se place devant moi. Étonné, je dis à Sarah que je ne le visais pas. « On ne le laisse pas s’approcher », me répond-elle.

Finalement, l’homme pourra repartir tranquillement et les ronchonnements d’une dame âgée, qui n’avait pas validé son titre de transport, concluront 2 heures plutôt calmes. Le brigadier-chef annonce la fin de la mission à la station directrice et prévient qu’ils rentrent au commissariat faire une courte pause. « Nous ne sommes pas des machines », me dit-il.

Après leur pause, Philippe, Emna et Sarah repartiront en patrouille jusqu’à 18h.
 

 

*Son prénom a été modifié.

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Article mis à jour le 23/08/2019 / créé le 30-06-2016