Je voyage beaucoup pour soigner des animaux sauvages

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Je voyage beaucoup pour soigner des animaux sauvages

Florence Ollivet-Courtois est une globe-trotteuse : chaque année, elle parcourt environ 80 000 km en voiture et la même distance en train et en avion. Lors de ses nombreux voyages, elle soigne toutes sortes d'animaux sauvages dans les zoos, les cirques et chez les particuliers. Un métier passionnant, mais qui demande des sacrifices. Témoignage.

“Demain, je vais à Montpellier. Parfois, les destinations sont plus exotiques : la Corée du Nord, l'Arabie Saoudite, les Canaries… Je pars régulièrement faire des captures ou des interventions spécifiques à l'étranger quand les vétérinaires locaux n'ont pas le matériel nécessaire.”

Formée à l'École vétérinaire de Maisons-Alfort, puis sur le terrain

“Je voulais être vétérinaire depuis toute petite et, dès mon arrivée à l'École vétérinaire de Maisons-Alfort, j'ai eu envie de me spécialiser dans les interventions sur les animaux sauvages. Pour y parvenir, j'ai notamment fait des stages à l'université de Floride et du Tennessee. À 25 ans, j'ai été embauchée au zoo de Vincennes, mais, comme je voulais tout de même poursuivre en parallèle ma formation aux États-Unis, j'ai passé trois étés au zoo de Washington, qui est très bien équipé !

En 2004, je me suis installée à mon compte en tant que consultante de parcs zoologiques. Je soigne également quelques animaux de cirque, de dresseurs animaliers…”

Mes chouchous ? Les éléphants !

“Il y a des animaux avec lesquels on crée des liens plus forts que d'autres. D'autant que, dans plus de 90% des cas, ils ne sont pas ravis de me voir, même si j'interviens pour leur bien ! Par exemple, c'est parfois compliqué avec les grands primates, parce qu'ils peuvent réagir de manière très agressive. Je reste toujours sur mes gardes car ils restent des animaux sauvages, mais je n'ai pas peur d'eux.

J'ai participé à la réintroduction de cinq ours de Slovénie dans les Pyrénées pour leur anesthésie, leur transfert et leur relâcher. C'est un bon souvenir… Mais mon meilleur souvenir reste la naissance d'un éléphanteau, Thisiam, avec qui j'ai dû passer la nuit parce qu'il ne tenait pas debout. J'ai un petit faible pour les éléphants. C'est d'ailleurs lors d'un sauvetage d'éléphant que j'ai rencontré mon mari !”

Euthanasier un animal, c'est toujours difficile

“Ce que je trouve le plus difficile dans mon métier, ce sont les euthanasies, quand il faut tuer un animal parce qu'on ne peut plus le soigner. Ça me touche chaque fois. J'ai dû en pratiquer une sur Siam, un éléphant de 52 ans à la forte personnalité, quand je travaillais au zoo de Vincennes. Il était déjà vieux, l'euthanasie était justifiée d'un point de vue médical, mais je le suivais depuis déjà un an, alors ça a été une épreuve.

Cela dit, je suis largement récompensée quand je vois les animaux que je soigne en bonne santé. Pour mes 40 ans, j'ai eu un cadeau génial : un spectacle avec certains de mes patients !”

Je ne sais pas si je tiendrai jusqu'à la retraite…

“Je fais un métier extraordinaire et je ne regrette pas une seconde d'avoir fait ce choix, mais il demande beaucoup de sacrifices. Je suis toujours absente. Heureusement que j'ai trouvé un mari qui l'accepte ! Mais on se voit peu et, à cause de nos choix professionnels, on a décidé de ne pas avoir d'enfants

En plus, mon travail est très dur physiquement : je fais beaucoup de route, je crapahute sans arrêt dans la nature, je prends des positions improbables pour soigner les animaux… Normalement, je dois prendre ma retraite à 66 ans, mais je ne suis pas sûre de tenir à ce rythme jusque-là !”

Mis à jour en 2017/ Propos recueillis en 2012.

Laura El Feky © CIDJ
Article mis à jour le 22/05/2018 / créé le 19-07-2012